Le président Trump va demander à l’Otan de s’impliquer davantage au Moyen-Orient

L’allocution du président Trump était très attendue après que l’Iran a frappé deux bases irakiennes hébergeant des militaires de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, en réponse à la mort du général Qassem Soleimani, le chef de l’unité al-Qods des Gardiens de la révolution.

Ayant d’abord affirmé que l’Iran n’obtiendra « jamais » l’arme nucléaire tant qu’il serait à la Maison Blanche, M. Trump a précisé que les missiles iraniens tombés sur les bases d’Aïn al-Assad e d’Erbil n’avait causé que des dégâts mineurs.

« Le peuple américain doit être reconnaissant et heureux, aucun Américain n’a été blessé dans les frappes menées hier par le régime iranien. Il n’y a eu que des dégâts matériels minimes », a en effet affirmé Donald Trump, en louant l’efficacité du « système d’alerte précoce ».

En réalité, et d’après Bagdad, les autorités iraniennes avaient prévenu leurs homologues irakiennes de l’imminence des frappes. Ce qui a permis de mettre en alerte les bases devant être visées.

Sur ce point, Brendan Thomas-Noone, chercheur à l’United States Studies Center, a expliqué au quotidien The Guardian que les frappes iraniennes semblaient avoir été « soigneuseuement calibrées pour obtenir un soutien interne tout en permettant une désescalade ».

Quoi qu’il en soit, le président Trump s’en est à nouveau vigoureusement pris au régime iranien. « Depuis 1979, les États-Unis ont toléré le comportement destructeur de l’Iran. Cette période est révolue, » a-t-il dit, expliquant que Téhéran est « le principal parrain du terrorisme dans la région. » Et de justificier ensuite l’élimination du général Soleimani.

« Sous ma direction, les forces armées ont éliminé le pire terroriste du monde, Qassem Soleimani. En le neutralisant, nous avons envoyé un message fort », a assuré M. Trump.

Le général Soleimani « a entrainé des organisations terroristes, y compris le Hezbollah, […] encouragé des guerres civils sanglantes dans toute la région et vicieusement blessé et tué des milliers de soldats américains », a continué le chef de la Maison Blanche. Et d’ajouter encore que le chef de la force al-Qods avait orchestré « les récentes attaques contre le personnel américain en Irak », lesquels ont « gravement blessé quatre militaires et tué un Amércain. » En outre, il l’a aussi accusé d’avoir été derrière « l’attaque violente » contre l’ambassade des États-Unis à Bagdad.

« Ces derniers jours, il prévoyait de nouvelles attaques contre des cibles américaines, mais nous l’avons arrêté », a affirmé M. Trump.

Par ailleurs le président américain a dit continuer « d’évaluer les réponses face à l’agression iranienne », avant d’annoncer des « sanctions économiques supplémentaires immédiates » qui resteront en vigueur tant que Téhéran n’aura pas changé de comportement.

« L’Iran a attaqué des navires, des installations et a détruit des drones américains », a rappelé M. Trump, avant de souligner que ce « comportement s’était intensifié » depuis la signature de l’accord sur le nucléaire iranien », à Vienne, en juillet 2015.

Pour rappel, estimant qu’il permettait aux responsables iraniens de financer des milices armées au Moyen-Orient sans pour autant les empêcher de doter leur pays de l’arme nucléaire, cet accord, appelé JCPOA, a été dénoncé par les États-Unis en 2018.

De leur côté, les autres signataires, c’est à dire la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et la Russie, tentent de sauver ce JCPOA alors que l’Iran s’affranchit de plus en plus des engagements qu’il avait pris.

« Le JCPOA, très défectueux, arrive à expiration sous peu et donne à l’Iran une voie claire et rapide vers une percée nucléaire. Il est temps que la France, la Russie, la Grande-Bretagne et la Chine reconnaissent cet état de fait », a affirmé M. Trump. « Nous devons tous travailler ensemble pour conclure un accord avec l’Iran qui fera du monde un endroit plus sûr et plus pacifique », a-t-il continué.

Puis, estimant que « le monde civilisé » devait « envoyer un message fort et unifié » à l’Iran « en disant : ‘votre campagne d’atrocités et de meurtres ne sera plus tolérée dorénavant’, M. Trump a fait part de son souhait de voir l’Otan s’impliquer « beaucoup plus » au Moyen-Orient. Ce qui peut sembler surprenant, même si l’organisation a déjà établi des partenariats avec des pays Golfe arabo-persique [Bahreïn, Koweït, Qatar et Émirats arabes unis], dans le cadre de l’Initiative de coopération d’Istanbul [ICI], lancée en 2004.

Cela étant, l’annonce de M. Trump est moins surprenante quand on la met en relation avec les propos qu’il a tenus sur…  l’indépendance énergétique des États-Unis.  « Nous sommes désormais le premier producteur de pétrole et de gaz naturel dans le monde. Nous sommes indépendants et nous n’avons pas besoin de pétrole du Moyen-Orient », a-t-il lancé… Prépare-t-il le terrain à un désengagement américain de la région?

En tout cas, a fait valoir le président américain, les « États-Unis sont prêts à la paix avec tous ceux qui la veulent. »

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