Chammal : Aucun militaire français n’a été touché par les tirs de missiles iraniens contre deux bases irakiennes

Pour se venger de la frappe américaine ayant causé la mort du général Qassem Soleimani, le chef de la force al-Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, a indiqué que l’Iran examinait une douzaine de scénarios différents.

« Les Américains doivent savoir que pour l’heure treize scénarios de vengeance ont été débattus au sein du conseil et même si le consensus se forme autour du scénario le plus faible, sa mise en oeuvre pourra être un cauchemar historique pour tous les Américains », a-t-il en effet affirmé, selon l’agence Fars.

La semaine passée, quelques heures après la mort du général Soleimani, ce même Conseil suprême de sécurité national avait promis que l’Iran se vengerait « au bon endroit et au bon moment. »

La nuit du 7 au 8 janvier était-elle ce « bon moment » évoqué par Téhéran? Toujours est-il que 12 à 22 missiles se sont abattus sur deux bases irakiennes abritant des militaires américains et des forces de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, en l’occurrence celles situées à Al-Asad et à Erbil.

« L’Iran a lancé plus d’une douzaine de missiles balistiques contre les forces américaines et celles de la coalition en Irak. Il est clair que ces missiles ont été lancés depuis l’Iran sur au moins deux bases militaires irakiennes hébergeant des militaires américains et du personnel de la coalition à Erbil et à Al-Asad », a en effet déclaré Jonathan Hoffman, un porte-parole du Pentagone.

« Ces derniers jours, et en réponse aux menaces et aux actions iraniennes, le département de la Défense a pris toutes les mesures appropriées pour protéger notre personnel et celui de nos partenaires. Ces bases sont en état d’alerte élevée en raison d’indices selon lesquels le régime iranien prévoyant d’attaquer nos forces et nos intérêts dans la région », a expliqué M. Hoffman.

Les tirs de missiles ont ensuite été revendiqués par les Gardiens de la Révolution iranien. « Ces frappes, survenues en trois vagues, ont été menées avec des dizaines de missiles », ont-ils précisé. « Toute agression américaine contre Téhéran donnera lieu à une réponse dévastatrice et les alliés des États-Unis dans la région seront eux aussi attaqués s’ils contribuent à des attaques contre l’Iran », ont-ils également prévenu, avant de menacer de s’en prendre aussi à Israël.

On ignore le type des missiles tirés par les Gardiens de la révolution. L’Iran dispose d’une large game de missiles balistiques, dont certains ont une portée suffisante pour frapper Israël et le sud de l’Europe. A priori, il pourrait s’agit de missiles de type Shahab  et Qiam, lesquels peuvent respectivement parcourir 300 et 800 km.

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a justifié ces frappes via Twitter. « L’Iran a pris des mesures proportionnées de légitime défense en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies en visant une base à partir de laquelle une attaque armée lâche contre nos citoyens et hauts fonctionnaires a été lancée. Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre mais nous nous défendrons contre toute agression », a-t-il dit.

Pour rappel, le 5 janvier, le président américain, Donald Trump avait mis en garde Téhéran. « S’ils [les Iraniens] attaquent encore, ce que je leur conseille fortement de ne pas faire, nous les frapperons plus fort qu’ils n’ont jamais été frappés auparavant! », avait-il lancé, en précisant que 52 sites iraniens étaient sur une liste des cibles pouvant être visées par les forces américaines.

Que décidera le chef de la Maison Blanche, alors que le guide suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khamenei, s’est félicité d’avoir « giflé » les États-Unis?

« Évaluation des pertes et dommages en cours. Jusqu’ici tout va bien! Nous avons de loin les militaires les plus puissants et les mieux équipés du monde! Je ferai une déclaration demain matin », a réagi M. Trump.

Quant aux dégâts infligés par les frappes iraniennes, on ignore encore leur étendue, même si l’Iran assure qu’au moins 80 militaires américains ont été tués. L’état-major irakien, qui a évoqué le tir de 22 missiles, a indiqué ne compter aucune victime parmi ses forces.

« Entre 01h45 et 02h15 [22h45 GMT et 23h15 GMT], l’Irak a été bombardé par 22 missiles – 17 sur la base aérienne d’Aïn al-Assad […] et cinq sur la ville d’Erbil – qui ont tous touché des installations de la coalition » internationale, a résumé le commandement militaire irakien. « Il n’y a eu aucune victime dans les rangs des forces irakiennes », a-t-il précisé.

Même chose pour les 160 militaires français des TF Monsabert et Narvik, présents en Irak au titre de coalition [opération Chammal] pour former les soldats irakiens.

« Aucun militaire français déployé en Irak n’a été touché par les frappes iraniennes déclenchées dans la nuit de mardi à mercredi », a fait savoir l’État-major des armées [EMA], à Paris, où l’on exclut, pour le moment, de mettre un terme au volet irakien de l’opération Chammal.

À Londres, les frappes iraniennes ont été condamnées par Dominic Raab, le ministre britannique des Affaires étrangères. « Nous condamnons cette attaque contre les bases militaires irakiennes abritant des forces de la coalition, y compris britanniques » et « nous demandons instamment à l’Iran de ne pas répéter ces attaques imprudentes et dangereuses, et de poursuivre plutôt une désescalade urgente », a-t-il déclaré.

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