Chammal : Dans l’immédiat, la France n’a pas l’intention de retirer ses 160 soldats déployés en Irak

Alors que les élus chiites du Parlement irakien ont voté, à main levée, une résolution exigeant du gouvernement [démissionnaire] de demander le retrait des « forces étrangères » du pays, l’Allemagne a fait savoir qu’elle réduirait « temporairement » sa participation à la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, notamment en redéployant en Jordanie et au Koweït une trentaine de soldats de la Bundeswehr jusqu’alors affectés au camp de Taji [nord de Bagdad] pour une mission de formation menée au profit des troupes irakiennes.

De leur côté, et après un cafouillage ayant fait désordre, les États-Unis excluent tout retrait d’Irak pour le moment. S’agissant de la résolution du Parlement irakien, votée après l’élimination, par une frappe américaine, du général Qassem Soleimani, le chef de la force iranienne al-Qods, et d’Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de milices chiites pro-Téhéran, le chef du Pentagone, Mark Esper, a fait valoir qu' »aucun des Kurdes » n’avaient pris part au vote, de même que la « quasi-totalité » des sunnites.

Et d’en conclure : « Les Irakiens ne veulent pas que nous partions » car « ils savent que les États-Unis sont là pour les aider à devenir un pays souverain, indépendant et prospère. Ce ne sont pas les intentions de l’Iran. L’Iran veut les contrôler et en faire un État supplétif. »

Quant à la France, qui compte 160 militaires en Irak, au sein des TF [Task Force] Monsabert et Narvik, dans le cadre de l’opération Chammal [nom de la participation française à la coalition, ndlr], il n’est pas question d’un retrait « dans l’immédiat », alors que les missions de formations assurées jusq’alors par la coalition sont actuellement suspendues. C’est en effet ce qu’a affirmé une source gouvernementale française à l’AFP, ce 7 janvier.

« La lutte contre le terrorisme est la priorité numéro 1 de nos armées. Contre Daech, contre Al-Qaïda, au Levant, au Sahel ou ailleurs, cette défense de l’avant est essentielle à la protection de la Nation », a fait valoir Florence Parly, la ministre des Armées, via Twitter, après avoir évoqué les attentats de janvier 2015.

« Nous poursuivrons cette mission primordiale avec une vigueur et une détermination intactes en 2020 », a ensuite assuré la ministre. S’agissant de la présence française en Irak, elle a affirmé que la « priorité aujourd’hui est la même qu’hier et doit être celle de demain : lutter contre Daesh, sa résurgence sur le terrain au Levant, sa propagande sur internet. »

Aussi, a poursuivi Mme Parly, « l’apaisement des tensions en Irak et dans la région est indispensable » car la « coalition internationale anti-Daesh doit pouvoir continuer sa mission. »

« Dans le contexte actuel, la France appelle l’Iran à ne pas contribuer à l’escalade, et à revenir au plein respect de l’accord nucléaire », a ensuite souligné la ministre.

Enfin, Mme Parly a indiqué que, après la frappe américaine contre le général Soleimani et les réactions qu’elle a suscitées, le « niveau de protection » des 160 militaires français déployés en Irak avait été « renforcé » dès le 3 janvier. « Tout est mis en oeuvre pour assurer leur sécurité », a-t-elle affirmé. Et de conclure : « La France continuera d’être une force d’équilibre, et les Armées y contribueront avec leur posture de fermeté et de modération. »

Pour rappel, depuis mars 2015, la TF Narvik a formé plus de 9100 soldats et plus de 390 instructeurs irakiens. En outre, elle a mené des stages de perfectionnement au profit de près de 3800 soldats, « ce qui représente 25% des actions de formation menées par la coalition pour l’ICTS [Iraki Counter Terrorism Service] », rappelle le ministère des Armées.

Déployée auprès de la 6e Division, la TF Monsabert a assuré la formation de 3.800 soldats et celle de 1.900 instructeurs irakiens. Ayant noué un partenariat avec l’école d’artillerie, elle a formé plus de 700 officiers et sous-officiers irakiens.

Photo : ministère des Armées

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