Paris, Londres et Berlin dénoncent le rôle négatif de la force iranienne « al-Qods » en Irak et appellent à la « désescalade »

Lors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Fox News, le 3 janvier, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a reproché aux Européens de ne « pas avoir été utiles » après la frappe effectuée quelques heures plus tôt contre le général Qassem Soleimani, le chef de la force al-Qods, l’unité chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens.

« Ce que les Américains doivent savoir, c’est qu’en décidant d’abattre Qassem Soleimani, le président Trump a sauvé des vies américaines. Je viens de passer les dernières heures à m’entretenir avec nos partenaires régionaux sur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons, à demander de l’aide… Et ils ont été formidables », a d’abord affirmé M. Pompeo.

« En revanche, les Européens ne nous ont pas aidés autant qu’ils le pouvaient. Les Britanniques, les Français, les Allemands doivent comprendre que ce que nous avons fait a aussi permis de sauver des vies en Europe. Car Qassem Soleimani et ses troupes ont aussi mené des campagnes meurtrières en Europe », a ensuite estimé le responsable américain.

Ces dernières années, des complots terroristes impliquant des groupes liés à l’Iran ont effectivement été déjoués en Europe. En octobre 2018, la France a ainsi sanctionné plusieurs responsables du renseignement iranien pour leur rôle dans un projet d’attentat contre un rassemblement de l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien [OMPI], à Villepinte, quelques mois plus tôt.

À la même période, les autorités danoises avaient indiqué avoir mis en échec une tentative d’assassinat contre trois ressortissants iraniens installés à Ringsted, ville située à une soixantaine de kilomètres de Copenhague. « Le Danemark ne peut en aucune façon tolérer que des individus liés aux services de renseignement iraniens fomentent des attaques contre des personnes sur son territoire, avait alors déclaré Anders Samuelsen, alors ministre des Affaires étrangères. « C’est le gouvernement iranien, c’est l’Etat iranien qui est derrière », avait-il accusé.

Enfin, en juin 2019, le quotidien « The Telegraph » révéla qu’un attentat impliquant le Hezbollah libanais avait été déjoué à Londres, quatre ans plus tôt, par le MI5 [renseignement intérieur, ndlr]. Mais l’affaire fut tenue secrète par le gouvernement britannique.

Quoi qu’il en soit, le 5 janvier, à l’issue d’un entretien téléphonique avec son homologue américain, le président Macron a fait part de « l’entière solidarité » de la France « avec les alliés » et appelé l’Iran à s’abstenir « de toute mesure d’escalade militaire susceptible d’aggraver encore l’instabilité régionale ».

Le président français a également « exprimé sa préoccupation concernant les activités déstabilisatrices de la force Al Qods sous l’autorité du général Qassem Soleimani » et « rappelé la nécessité que l’Iran y mette maintenant un terme ». Et il a répété que la « priorité devait aller à la poursuite de l’action de la Coalition internationale contre Daesh, dans le plein respect de la souveraineté de l’Irak, pour sa sécurité et pour la stabilité régionale. »

Le lendemain, M. Macron a joint sa voix à celles d’Angela Merkel, la chancelière allemande, et de Boris Johnson, le Premier ministre britannique, dénoncer à nouveau les actions de la force al-Qods en Irak.

« Nous avons condamné les récentes attaques contre les emprises de la coalition en Irak et sommes gravement préoccupés par le rôle négatif joué par l’Iran dans la région, en particulier par la force al-Qods sous l’autorité du Général Soleimani », ont en effet affirmé les trois dirigeants européens. « La désescalade est maintenant nécessaire. Nous appelons toutes les parties à agir avec retenue et responsabilité. Le cycle actuel de violences en Irak doit s’arrêter », ont-ils ajouté.

Étant signataires de l’accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne en juillet 2015, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont de nouveau demandé « instamment » à l’Iran de se conformer aux engagements qu’il avait pris dans « le cadre du Plan d’action global commun [JCPoA] » et de s’abstenir de « toute action violente ou de prolifération. »

Seulement, s’agissant du JCPoA, Téhéran a fait connaître, le 5 janvier, son intention de s’affranchir de toute « limite sur le nombre » de ses centrifugeuses permettant d’enrichir l’uranium. Cependant, la coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] se « poursuivra comme avant. »

« Il n’y a plus aucun obstacle entravant le programme nucléaire de la République islamique d’Iran sur le plan opérationnel », qu’il s’agisse de « la capacité à enrichir [l’uranium], du niveau d’enrichissement [de l’uranium], de la quantité de matériau enrichi, ou de la recherche et développement », ont insisté les autorités iraniennes.

Par ailleurs, et alors que le Parlement irakien a adopté [en l’absence des députés sunnites et kurdes] une résolution demandant au gouvernement de mettre un terme à la présence de « forces étrangères » dans le pays, M. Macron, Mme Merkel et M. Johnson ont réaffirmé leur engagement de « poursuivre le combat contre Daesh », qui « reste prioritaire ». À ce titre, ont-ils souligné, la « préservation de la coalition est décisive. » Et d’insister : « Nous appelons les autorités irakiennes à continuer de lui fournir tout l’appui nécessaire. »

« Nous sommes prêts à poursuivre le dialogue avec toutes les parties prenantes afin de contribuer à l’apaisement des tensions et au rétablissement de la stabilité dans la région », ont-ils conclu.

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