Les élus de Metz s’inquiètent pour l’avenir de l’hôpital d’instruction des armées Legouest

Dans le cadre de son plan stratégique SSA 2020, le Service de Santé des Armées [SSA] avait prévu de « différencier » les hôpitaux d’instruction des armées [HIA] en fonction des impératifs opérationnels et selon deux catégories.

Ainsi, les hôpitaux militaires de Clamart [Percy], de Saint-Mandé [Bégin], de Toulon [Saint-Anne] et de Marseille [Laveran] furent renforcés et recentrés sur les spécialités nécessaires au contrat opérationnel des armées ainsi qu’à la prise en charge des blessés.

Dans le même temps, ceux de Bordeaux [Robert Picqué], Lyon [Desgenettes], Metz [Legouest] et Brest [Clermont-Tonnerre] étaient quant à eux appelés à nouer des partenariat civilo-militaires afin d’intégrer l’offre de soins proposés dans leurs « territoires de santé ». Le but de la manoeuvre était de pouvoir dégager des ressources humaines et financières pour la mise en oeuvre du modèle SSA 2020.

Seulement, l’avenir de l’hôpital militaire de Metz inquiète les élus locaux.

En effet, dans un courrier signé par la ministre des Armées, Florence Parly, et évoqué par le Républicain Lorrain juste avant les fêtes de fin d’année, il est indiqué que, à l’horizon 2025, les HIA Legouest et Desgenettes « ne maintiendront sur site qu’un pôle de réhabilitation physique et psychique mutualisé avec le partenaire [en l’occurrence Centre hospitalier régional de Metz-Thionville pour celui de Metz, ndlr], une plateforme de consultations spécialisées et un centre d’entraînement et de simulation à la médecine de combat. »

Cette manoeuvre doit permettre, explique Mme Parly, au SSA de disposer de « 65 équipes chirurgicales en 2025 contre 41 actuellement » et renforcer ses « ensembles hospitaliers d’Île-de-France et de PACA [Provence-Alpes-Côtes d’Azur] ainsi que le HIA de Brest, lequel devra « avoir retrouvé une capacité lui permettant d’assurer avec un minimum d’autonomie le soutien de la FOST [Force océanique stratégique, ndlr] ».

En clair, cela veut dire que l’hopital Legouest perdra quatre des sept services qu’il compte actuellement. Ce qui n’est pas acceptable pour le Conseil municipal de Metz, qui a adopté une motion pour contester cette orientation.

« Nous avons découvert, comme le personnel de l’HIA Legouest, la volonté du Ministère des Armées de réorganiser le Service de Santé des Armées sur l’ensemble du territoire français. C’est avec une grande inquiétude que nous apprenons le maintien de seulement trois services sur le site messin à l’horizon 2025 », avance cette motion, qui évoque une « décision funeste » passant outre les « orientations de la loi de programmation militaire 2014-2019 et celles de la loi de modernisation de notre système de santé, qui reconnaissait les hôpitaux des armées comme acteurs à part entière du service public hospitalier. »

Le texte souligne également qu’un « projet médical commun avait été établi en 2016, assurant une excellente complémentarité entre
l’HIA Legouest et le CHR Metz-Thionville, tout en respectant leurs missions et leurs identités respectives » et que l’hôpital militaire avait bénéficié de « travaux de réaménagement urbain » afin d’améliorer sa « visibilité aux yeux de la population ».

« Eu égard à ces efforts, à cette inscription de l’HIA Legouest dans le Groupement Hospitalier de Territoire, et à l’usage avéré par la population de son service d’urgences localisé en centre-ville, nous
ne saurions accepter de remise en cause de la pérennité de l’offre de soins actuellement proposée », poursuivent les élus messins.

En outre, préviennent-ils, « l’éloignement progressif de l’offre de soin par rapport à l’hyper-centre [déménagement de Claude Bernard, fermeture de Sainte-Blandine, etc.] va devenir une problématique sanitaire majeure et contribuer à aggraver encore un peu plus la situation de l’Hôpital Public. »

Sénateur de Moselle, François Grosdidier a interpellé Mme Parly via une question écrite publiée le 26 décembre. Rappelant les efforts consentis pour la « réussite » du partenariat entre le HIA Legouest et le CHR Metz-Thionville, le parlementaire estime que la position du gouvernement est « incompréhensible » et qu’elle « réduirait à néant » tout ce qui a été entrepris jusqu’alors. Aussi, il lui demande « de bien vouloir reconsidérer sa position. dans l’intérêt de nos militaires comme de celui de la population civile de Metz et de la Lorraine-Nord. »

Député LREM, Richard Lioger soutient la motion du conseil municipal de Metz. « Les restructurations militaires ont fragilisé Legouest. Le gouvernement que je soutiens essaie de réparer les erreurs passées. Il s’agit de fuites. Aujourd’hui, rien n’est fait », a-t-il cependant estimé, selon le site régional d’information « La Semaine« .

En attendant, la mobilisation en faveur de l’hôpital militaire messin a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Un groupe Facebook, appelé « Sauvons l’hôpital Legouest« , créé le 19 décembre dernier, rassemble déjà près de 7.400 abonnés.

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