Paris rappelle « son attachement à la souveraineté de l’Irak » après la mort du général iranien Soleimani à Bagdad

Entre appels à la vengeance et à la retenue, la mort du général Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine alors qu’il venait d’arriver à Bagdad, ce 3 janvier, n’a pas manquer de susciter de nombreuses réactions.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a justifié la décision du président Trump d’éliminer le général Soleimani en affirmant qu’il « s’affairait activement à mener des actions dans la région – une action d’envergure, comme il disait – qui auraient mis en danger des dizaines, voire des centaines, de vies américaines. » Et d’ajouter : « Nous savons que c’était imminent. Nous avons pris notre décision sur la base des évaluations de nos services de renseignement. »

Ces derniers mois, les intérêts américains ont été pris pour cibles à plusieurs reprises, a priori par le Kata’ib Hezbollah, une faction du Hach al-Chaabi, une organisation fédérant plusieurs milices chiites irakiennes proches de Téhéran [et donc du général Soleimani].

Les évènements se sont précipités le 27 décembre 2019, après des tirs de roquettes ayant tué un ressortissant américain sur la base K1, près de Kirkouk. Les États-Unis ont répliqué en visant, par des frappes aériennes, plusieurs positions du Kata’ib Hezbollah, ce qui a entraîné, en retour, l’attaque de l’ambassade des États-Unis à Bagdad. En outre, le général Soleimani était à la manoeuvre afin de renforcer la mainmise iranienne sur Irak, avec l’appui d’d’Abou Mehdi al-Mouhandis, le chef opérationnel du Hachd al-Chaabi, qui été tué en même temps que lui.

Reste que l’élimination des ces deux hommes risque de mettre à mal les opérations de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve, ndlr].

« L’assassinat d’un commandant militaire irakien occupant un poste officiel est une agression contre l’Irak, son État, son gouvernement et son peuple », a en effet affirmé le Premier ministre démissionnaire irakien, Abdel Mahdi, en évoquant le sort d’Abou Mehdi al-Mouhandis.

« Régler ses comptes contre des personnalités dirigeantes irakiennes ou d’un pays ami sur le sol irakien […] constitue une violation flagrante des conditions autorisant la présence des troupes américaines », a-t-il ajouté.

Le vice-président du Parlement irakien, Hassan al-Kaabi, a été encore plus catégorique. « Il est temps de mettre fin à l’insouciance et à l’arrogance des États-Unis », a-t-il dit, avant d’ajouter que les députés se réuniront le 4 janvier pour examiner des « décisions qui mettront fin à la présnece américaine en Irak. »

Aussi, la mission de formation qu’a lancée l’Otan au profit des forces irakiennes [et à la demande de Bagdad] dans le cadre du combat contre l’État islamique [EI ou Daesh] pourrait être menacée à terme. « Nous restons en contact rapproché et régulier avec les autorités américaines », a confié un porte-parole de l’Alliance, ce 3 janvier. « La sécurité de notre personnel en Irak est primordiale. Nous continuons de prendre toutes les précautions nécessaires », a-t-il ajouté.

S’agissant de la France, qui dispose d’une centaine de militaires en Irak au titre de l’opération Chammal, via les Task Force Narvik et Monsabert, le président Macron a fait le point sur la situation au Moyen-Orient avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Les deux hommes « sont convenus de rester en contact étroit au cours des prochains jours pour éviter une nouvelle escalade dangereuse des tensions et appeler toutes les parties à la retenue », a indiqué l’Élysée, via un communiqué.

Et M. Macron « a rappelé l’attachement de la France à la souveraineté et à la sécurité de l’Irak et à la stabilité de la région » tout en soulignant la « nécessité que les garants de l’accord de 2015 [sur le nucléaire iranien, ndlr] restent étroitement coordonnés pour appeler l’Iran à revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires et à s’abstenir de toute provocation. »

« Le Président de la République a insisté sur la priorité qui demeure la lutte contre le terrorisme islamiste et réaffirmé son plein engagement dans la Coalition internationale contre Daesh », a encore fait savoir l’Élysée. C’est dire si la marge de manoeuvre est très étroite…

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