La Russie met en service ses premiers systèmes hypersoniques Avanguard

La Russie vient de prendre une nette avance dans la course aux armes hypersoniques. En effet, le 27 décembre, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que le système Avanguard était désormais opérationnel. Cette annonce a été faite quasiment un an après un essai réussi de cette nouvelle arme.

« Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a rapporté au président Poutine la mise en service à 10H00 [heure de Moscou] du premier régiment équipé des nouveaux systèmes stratégiques hypersoniques Avangard », a fait savoir le ministère russe de la Défense, via un communiqué. Ce déploiement, poursuit le texte, a été qualifié par M. Choïgou « d’événènement fantastique pour le pays et les forces armées ».

Le système Avanguard faisait partie des six nouvelles armes « invicibles » présentées par Vladimir Poutine, le président russe, en mars 2018. « C’est un système de missile intercontinental, pas balistique. C’est l’arme absolue », s’était-il félicité quelques mois plus tard. « Je ne pense pas qu’un seul pays dispose d’une telle arme dans les années qui viennent. Nous l’avons déjà », avait-il ajouté.

Développé par NPO Mashinostroyenia Corporation, l’Avanguard est un planeur hypersonique [HGV pour Hypersonic Glide Vehicle], lancé par un missile balistique intercontinental RS-18/SS-19. Les travaux relatifs à son développement seraient issue de ceux menés dans les années 1980 par l’Union soviétique afin de contrer l’Initiative de défense stratégique [IDS] lancée par l’admnistration du président Reagan.

Selon Moscou, cet engin serait en mesure de voler à la vitesse de Mach 27 [33.000 km/h]. Planant sur les hautes couches de l’atmosphère, il est susceptible d’avoir une trajectoire potentiellement moins prévisible que les missiles traditionnels… Ce qui le rend moins vulnérable aux systèmes de défense antimissile.

A priori, le système Avanguard devrait reposer à l’avenir sur le nouveau missile balistique intercontinental RS-28 « Sarmat », conçu pour emporter juqu’à 10 têtes nucléaires de forte puissance ou 24 HGV, pouvant chacun délivrer des charges conventionnelles ou nucléaires d’une puissance de 2 mégatonnes.

Les premiers systèmes Avanguard ont été mis en service au sein de la division de missiles de Dombarovo. Et il est question d’en doter deux régiments d’ici 2027.

Cela étant, et alors qu’elle développe aussi le missile hypersonique Kinjal, la Russie est théoriquement en mesure de conduire des frappes pratiquement sans préavis contre des cibles sensibles et à haute valeur ajouté, comme silos des missiles balistiques américains Minuteman III. D’où le lancement du programme Glide Breaker par la DARPA, l’agence de recherche et de développement du Pentagone. Un essai d’un démonstrateur, qui devra être en mesure d’engager des cibles hypersoniques dans la haute atmosphère, devrait être réalisé en 2020. Tel est, du moins, l’objectif. En outre, Lockheed-Martin Missiles & Fire Control s’est vu confier un programme confidentiel appelé Valkyrie Interceptor Terminal Defence Hypersonic.

L’ironie de l’histoire est que ce sont les États-Unis qui ont lancé la course aux armes hypersoniques, via le programme Prompt Conventional Prompt Global Strike [CPGS, frappe conventionnelle globale rapide], lancé en 2001. Plusieurs engins ont ainsi été testés durant ces dernières années, avec des fortunes diverses. Actuellement, le Pentagone conduit trois projets, dont l’Hypersonic Conventional Strike Weapon [HCSW], l’Hypersonic Air-breathing Weapon Concept [HAWC] et l’Air Launched Rapid Response Weapon [ARRW, ou ARROW].

La Chine est également dans la course, avec le planeur hypersonique DF-17 et le missile hypersonique CH-AS-X-13. La France en fait de même, avec la mise au point du démonstrateur de planeur hypersonique V-MAX [avec un contrat notifié à ArianeGroup] et le missile ASN4G. Enfin, la feuille de route de l’ONERA évoque le developpement d’un « aéronef de combat hypersonique. »

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