Les forces spéciales américaines pourraient hériter du programme d’avions d’attaque légers de l’US Air Force

L’acquisition d’avions d’attaque légers pour les missions de contre-insurrection est devenue un serpent de mer aux États-Unis. Un tel projet avait été avancé dans les années 2000 par l’Irregular Warfare Office de l’US Navy et l’US Air Force, qui alors lancèrent respectivement les programmes « Imminent Fury » [ou « Combat Dragon II »] et LAAR [Light Attack/Armed Reconnaissance].

L’idée était simple : pour écraser une mouche, il n’est nul besoin d’utiliser un marteau. En clair, pour faire de l’appui-feu dans des environnements permissifs [c’est à dire sans défense aérienne digne de ce nom], recourir à des avions d’attaque légers plutôt qu’à des chasseurs-bombardiers aux capacités surdimensionnées pour de telles missions semblait alors pertinent, y compris sur le plan économique.

Seulement, le Congrès américain ne se laissa pas convaincre et préféra réserver les crédits budgétaires au programme F-35. Pour autant, le programme LAAR, rebaptisé LAR [Light Air Support], permit d’équiper la force aérienne afghane en avions A-29 Super Tucano. Et le projet Combat Dragon II fut repris par l’US Centcom, le commandement pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, qui expérimenta deux OV-10 Bronco en Irak durant l’année 2015.

Cela étant, en 2017, le sénateur républicain John McCain remit sur le tapis l’idée de doter l’US Air Force d’avions d’attaque légers, selon un principe de différenciation, consistant à concentrer les moyens les plus performants [et plus onéreux] là où ils font vraiment besoin. Ce qui aurait permis d’économiser leur potentiel et d’adapter la préparation opérationnelle des équipages à des situations plus « complexes. »

« L’US Air Force devrait adopter une flotte mixte d’avions de combat. La très coûteuse technologie dite de cinquième génération [F-22 Raptor et F-35A Lightning II, ndlr] n’est pas nécessaire pour tous les scénarios », avait plaidé John McCain, avant de proposer l’achat de 300 avions d’attaque légers à faible coût pour des « missions de lutte contre le terrorisme et d’appui aérien rapproché dans des environnements permissifs. »

Au départ, le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force, s’était dit ouvert à cette idée. Et le Congrès attribua une enveloppe de 200 millions de dollars pour mener à bien une série d’expérimentations dans le cadre du programme « OA-X ». Puis une autre de 35 millions.

Les premiers tests eurent lieu en 2017. Et ils permirent de retenir l’A-29 Super Tucano et le AT-6 Wolverine, deux types d’appareils  que l’US Air Force connaissait très bien puisqu’ils étaient en compétition pour le programme LAR. Pourtant, elle fit valoir la nécessité de mener d’autres expérimentations… comme si elle cherchait à de désengager de ce programme.

Finalement, le nouveau National Defense Authorization Act [NDAA], c’est à dire la loi de financement du Pentagone que le président Trump vient de promulguer, va offrir une porte de sortie à l’US Air Force dans la mesure où ce texte demande à cette dernière d’améliorer la coordination avec le commandement américain des opérations spéciales [USSOCOM] dans le domaine des avions d’attaque légers.

« La secrétaire de l’Air Force, Barbara Barrett, et le commandant de l’USSOCOM, le général Richard Clarke devraient explorer les options visant à coordonner les activités d’expérimentation des avions d’attaque légers entre les forces générales et les forces d’opérations spéciales afin d’en maximiser l’efficacité et l’efficience et de répondre aux exigences des missions des deux forces », indique le texte, cité par Defense News.

En outre, le NDAA ouvre la voie à un transfert d’une partie des fonds dédiés à l’expérimentation des avions d’attaque légers vers l’USSOCOM. Aussi, ce dernier pourrait donc bien récupérer ce programme… si jamais l’US Air Force continue de freiner des quatre fers. Une telle éventualité avait d’ailleurs déjà été évoquée par des élus du Congrès.

En tout cas, les forces spéciales américaines verraient d’un bon oeil une telle issue. « Un avion d’attaque léger est un besoin pour le SOCOM et que je pense que c’est un besoin pour notre nation », fit en effet valoir le général Clarke, lors d’une audition parlementaire, en avril. Mais sans doute que la commande finale sera beaucoup moins élevée qu’initialement envisagé.

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