Avalanche de Valfréjus : Quatre cadres du 2e REG condamnés à des peines de prison avec sursis
En janvier 2016, un détachement du 2e Régiment Étranger de Génie [REG] était emporté par une coulée de neige de 400 mètres de large, lors d’une sortie à ski dans la combe du petit Argentir, près de Valfréjus, dans le cadre d’une formation adaptation montagne initiale [FAMI]. Malheureusement, six légionnaires y laissèrent la vie.
Un temps menée sous l’autorité du parquet d’Albertville, l’enquête fut finalement confiée à par la juridiction interrégionale de Lyon, compétente en matière militaire. Et cette dernière ouvrit une information judiciaire pour « homicides et blessures involontaires » en octobre 2017.
Deux ans plus tard, un commandant de compagnie, un capitaine et deux sous-officiers, tous appartenant au 2e REG, furent renvoyés en correctionnelle. Lors du procès, en octobre dernier, ces quatre prévenus s’étaient mutuellement rejetés la responsabilité du drame. Cependant, il fut établi que la préparation de cette sortie avait été insuffisante.
« Le Bulletin d’estimation des risques spécifiait qu’un seul skieur pouvait déclencher une avalanche, alors imaginez la pression de 52 personnes sur ce roulement à billes », fit valoir le procureur de la République, qui, en outre, avait aussi souligné le flou de la mission, le manque d’espacement entre les légionnaires [dont certains n’avaient appris à skier que quelques jours seulement avant le drame], les erreurs de topographie et le « flottement » dans le commandement. Aussi avait-il requis des peines de deux à trois ans de prison avec sursis à l’encontre de ces quatre cadres du 2e REG.
Ce n’est que le 20 décembre que le tribunal correctionnel de Lyon a rendu son verdict allant dans le sens du procureur de la République.
En effet, estimant que « la définition de l’itinéraire n’était pas suffisamment complète » et que « la conduite de ces 52 hommes n’étaient pas assez claire », alors que le détachement du 2e REG s’était engagé dans une « combe dangereuse », il a condamné les commandement de compagnie et son adjoint à trois ans de prison avec sursis et à payer une amende de 3.000 euros. Les deux sous-officiers, également reconnus responsables, se sont vus infliger une peine de 2 ans de prison avec sursis et une amende de 2.000 euros.
Les quatre militaires ont obtenu une dispense d’inscription de leur condamnation au casier judiciaire. Ils ont cependant dix jour pour faire appel de verdict.
Civils ou militaires, cela montre bien qu’il ne faut rien négliger en montagne, et d’ailleurs pourquoi la légion ne fait elle pas appel aux chasseurs alpins (formés pour) pour préparer et encadrer de genre d’entrainement… les légionnaires ne sont pas des troupes de montagne, parfois les chefs de corps et les hiérarchies poussent trop le bouchon… jusqu’à ce genre de drame….
J’ai pu en tant qu’officier marinier avec un groupe du corps de débarquement d’un P.A. bénéficier d’une sortie en montagne encadrée par des chasseurs alpins à Barcelonette, c’est sûr c’était pas du même niveau, mais justement…
@breer
La montagne ou la mer restent deux milieux dangereux pour l’ Homme , c’ est sûr et certain , mais il en va de même pour les métiers des armes donc les deux conjugués , à priori le risque augmente …………
justement, ils sont des troupes de montagne !!
Oui mais compte-tenu du recrutement légion le niveau de départ à ski doit être très faible par rapport au niveau en BCA ; il serait donc logique qu’ils soient prudents dans leurs sorties d’initiations, voire renforcés par des cadres issus de BCA… Un seul cadre observateur connaissant bien le lieu aurait pu leur éviter de partir sur une mauvaise piste.
Je pense que cela sera beaucoup plus pénalisant pour les deux officiers !
Trois ans avec sursis c’est relativement « lourd » quand même dans le contexte des peines actuelles…
Je ne réponds pas sur les responsabiltés et le procès.
Mais les officiers à la Légion sont de l’infanterie métropolitaine, du génie ou de la la cavalerie en fonction des régiments.
Ils ont pour certains reçu une formation dans les troupes de montagne.
Mon premier commandant d’unité venait justement des chasseurs alpins.
Pour les sous-officiers certains ont ausi une expérience de la montagne avant leur engagement. Ne croyez pas que la Légion n’utilise pas les compétence acquises dans le civil ou dans les armées étrangères.
Bonjour
ben si régiment de Légionnaires rattaché à la 27ème brigade d’infanterie de montagne, et « génie montagne » avec un commando de montagne…
Cela va faire 30 ans que le 11 a été dissous et ses cendres ont disparues il y a déjà 10ans…
https://www.defense.gouv.fr/terre/l-armee-de-terre/le-niveau-divisionnaire/1re-division/27e-brigade-d-infanterie-de-montagne
… entrainement difficile, guerre facile… parfois le mieux est l’ennemi du bien, ou la routine tue… c’est au choix…
Responsabilité… bien évidemment… c’est certain on ne prend pas de risque en restant au chaud à la maison, de toutes les façons à partir du moment où un accident se produit, on pourra toujours dire que la préparation était insuffisante… nous vivons dans une société qui ne supporte pas l’absence de maîtrise… totale… forcément les sous officiers sont traités d’incompétents par certains… bien sur les mecs sont c… au point de partir dans des conditions extrêmes pour allez crever avec leurs camarades en haute montagne… soyons un peu respectueux… nous sommes pas tous des extraits de Jupiter.
Qui est capable de dire qu’il fait tout à la perfection, qui prévoit tout… il n’y a que les magistrats pour dire cela… et encore ils ne s’applique pas cette règle à eux même… il y a quand même quelques épisodes judiciaires qui méritent plus qu’une condamnation au sursis, et encore moins qu’une simple mutation… remarquez pour le juge Burgaud c’est une récompense en 2017 …
Une combe enneigée est dangereuse… m… première nouvelle…
Bref un accident, oui il faut en tirer des conclusions dans la sphère militaire, oui forcément la mort de personnes ne doit pas être gratuite… à comparer à la lecture du rapport du crash des Gazelles de l’ALAT en 2018, là je mettrais des baffes car clairement les procédures étaient foireuses… la lecture du rapport d’enquête est affligeant pour l’organisation des vols…
MDR
Vous oubliez « un peu » qu’il ne s’agissait pas d’un exercice majeur simulant un conflit dans des conditions réelles après de long mois de préparation mais d’une sortie avec des légionnaires qui pour certains savaient à peine skier.
Il n’y avait aucune justification pour prendre des risques disproportionnés à ce niveau de préparation.
Pour arriver à 6 morts sur un exercice d’INITIATION, c’est qu’il a fallu une sacré négligence de la part de l’encadrement.
On est ici clairement dans de la faute professionnelle !!!
Fin de l’histoire
Trop léger si leur responsabilité est réellement engagée dans la mort des légionnaires ou trop lourd si la dilution de la responsabilité entre les différents échelons, ceux qui commandent, ceux qui préparent et ceux qui exécutent, ne permet pas de cibler précisément qui a pris l’initiative de la mauvaise décision responsable à terme de ces morts.
Ce n’est qu’un point de vue extérieur qui peut être contesté.
@Robert
Par rapport à un fil précédent ……….
Loin de moi une telle idée !
Oui , mais attention aussi et surtout à ne pas entrer dans ce jeu qui va très vite se transformer en « roue infernale » et finir par détruire toute liberté d’ expression ; une liberté d’ expression par ailleurs garantie par le Premier Amendement Américain aux USA pour les Américains , tandis que chez-nous pourtant pays inspirateur de tant de « transgressions » et autres défiances ayant tant contribué à notre rayonnement avant-gardiste et novateur sur le plan international , elle tend à la dictature , qui dit dictature dit « résistance »……….
Donc , tout à fait amicalement également , restez vigilant mais ne tombez pas dans les pièges de la bigoterie , encore moins dans ceux de la soumission orientée : l’ humour , même noir ou macabre , ça existe depuis très longtemps et il vaut beaucoup mieux qu’ il puisse continuer à exister au risque de n’ être pas toujours du meilleur goût plutôt que le contraire ; nous ne sommes pas en porcelaine , or , commencer à le réduire par autant de tabous ne fera que nous radicaliser ( notre vision du Monde sera de moins en moins nuancée , de plus en plus en noir&blanc ) , nous fragiliser ( un terme , un geste = réflexe mais plus de réflexion ) , à terme faire de nous des moutons ce qui est déjà la nette tendance actuelle .
Perso , je ne cautionne pas toutes les formes d’ humour et certaines de ses manifestations me choquent profondément mais observez ce qui se passe ……..
Il y a peu , nous avons eu à plusieurs un échange du fait que j’ ai parlé « autocensure » ; ce qui était une autre façon de parler du « savoir prendre sur soi » , cette capacité de résilience , de ne pas s’ emballer pour un oui ou un non ……..
À cette occasion , je me suis aperçu que le sens de ce mot était perdu et galvaudé et provoquait tel ou tel réflexe conditionné , ce qui m’ a beaucoup interpellé .
Scope,
Je dis ça par précaution pour celui qui nous accueille et vous, je ne dis pas que je partage cette censure légale.
A titre personnel, je suis pour une totale liberté d’expression en dehors de l’insulte et la diffamation, les lois liberticides sont politiques et servent à imposer une conception du monde manichéenne comme une vérité révélée.
Nous devons tous nous autocensurer, par décence, par honnêteté quand nous affirmons sans être sûr, par respect réciproque. Personne ne détient la vérité, mais nous pouvons tous essayer de nous en approcher, ce qui nécessite liberté et humilité.
Au niveau du vécu, ça vous a interpellé ? 🙂
@Robert
« Au niveau du vécu, ça vous a interpellé ? »
Probablement un poil flapi , neurones pressés partir en réveillon , autres partis en classe de neige , pas sûr d’ avoir bien tout pigé …………. 🙁
Pour tout ce qui précède , je constate que nous sommes sur la même longueur d’ onde ………… 🙂
Non Robert
Il n’y a pas de dilution des responsabilités.
C’est l’Armée, pas une entreprise.
Une compagnie a un chef et il en est responsable.
Tout capitaine commandant de compagnie le sait et l’accepte.
C’est le pendant de l’honneur qui lui est fait.
Après il doit remplir sa mission en temps de paix comme en temps de guerre avec une économie de moyens et en personnel.
Il est donc responsable de la vie de ses hommes.
Dans cette affaire il était de son devoir de vérifier que cette mission de temps de paix ne comportait pas de risques majeurs
Il ne l’a pas fait.
Ni lui, ni son adjoint.
Par contre traîner ses sous officier devant la justice est anormal.
Les quatre cadres impliqués ( y compris le commandant de compagnie qui n’est pas présent ) ont le même degré de qualification montagne. Ils sont tous condamnés, je pense sur le principe que la fonction prime le grade, et qu’ils se sont rejetés la responsabilité les uns sur les autres…
Ce qui est vraiment dommage pour les disparus, comme d’ailleurs pour les cadres jugés fautifs, c’est que ni l’officier-montagne, ni son adjoint n’aient pu être présents, alors qu’autant de débutants étaient à encadrer.
Je suis assez d’accord. En revanche, seul le chef est responsable, donc uniquement le chef de compagnie : c’est lui qui aurait dû morfler.
Je n’ai pas eu la réponse à cette question. Qui de leur formation (pour les quatre) en montagne ? Sont-ils brevetés de l’EHM ? S’il n’y en avait qu’un seul de breveté, c’est lui qui aurait dû prendre la responsabilité du groupe, car c’était le seul qualifié (hors grade). Y compris pour un sous-off (ce qui se fait (faisait ?) couramment à la Légion justement).
Cette histoire n’est pas claire : pour aller (et encadrer) en montagne, il faut des qualifications spécifiques (qui ne s’apprennent pas à Saint Cyr ou Saint Maxent). Je n’ai lu nulle part qui était formé, qui commandait, etc.
J’avais déjà répondu à votre question à la suite d’un article précédent : ils ont tous les quatre la même qualification de chef d’unité HM ( dénomination officier ) et chef de détachement HM ( dénomination ss/ of ). Cette qualification est acquise à l’EMHM, la dernière purement militaire, mais juste en dessous de celle de MGM c’est à dire moniteur guide militaire ( emplois au bureau montagne de l’unité).
Pour moi le commandant de compagnie étant absent, il est normal que son adjoint présent ait une part de responsabilité au moins égale à la sienne, qui était en queue de colonne des skieurs, avec le plus gradé des 2 sous-officiers, le plus jeune progressant avec la tête.
Ces informations étaient données dans la presse régionale.
L’officier- Montagne de l’unité, interrogé juste après l’accident par celle-ci, avait déclaré que celui-ci était imputable à une erreur d’itinéraire par rapport à celui programmé.
Merci. Effectivement, vous m’aviez donné une partie de la réponse. Mea Culpa.
Si le commandant de compagnie était absent, alors le responsable était le présent, donc l’adjoint et donc c’était à lui de morfler. Comme les formations étaient équivalentes, alors la prévalence va bien dans ce sens aussi.
Ce jugement est incompréhensible du point de vue mili.
C’est plus compliqué pour le commandant de compagnie : d’après ce que j’ai lu, il lui est reproché de ne pas avoir tenu compte des prévisions météo et dangers concernant la couverture neigeuse. Il est donc considéré comme responsable de n’avoir pas donné de contre-ordre concernant la sortie… Pour les 2 sous-officiers j’ai cru comprendre qu’au moins l’un des deux a eu pour charge de reconnaître l’itinéraire. Il y a donc bien à mon sens une responsabilité partagée, les peines des officiers sont proportionnelles à leur grade, cela me semble cohérent.
Chaque détail d’un drame semblable a malheureusement son importance et pour l’éviter il aurait fallu un élément allant en sens positif ( effet « match point » ).
Correct les hommes sont aux ordres des officiers qui doivent être à leur service, ils sont les seuls responsables, c’est leur honneur de chef..
Ah parcequ’un sous-officier n’est pas un chef responsable, et il serait exempté de remplir sa mission en temps de paix comme en temps de guerre avec une économie de moyens et en personnel, et il de serait pas responsable de la vie des hommes placés sous son commandement, peut être?
Comme si un sous-officier était un irresponsable, en fait.
Ce n’est pas l’autorité supérieure qui a décidé de la mission et laisse à ses subalternes le soi de l’organiser et de la mettre en oeuvre ?
Ce n’est pas le plus gradé dans la prise de décision qui doit assumer ses responsabilités ?
Si un sous officier, un officier subalterne ou un soldat commet lui-même une faute qui a pu conduire à un drame, l’officier n’est pas responsable dans la mesure ou il n’a pas donné ou couvert cet ordre.
Six légionnaires y ont quand même laissé leur vie et les peines me paraissent dérisoires. Il y a des délits d’opinion en France qui vous coûtent plus cher que ça et en ferme.
Un sous officier se conforme au cadre d’ordre qui lui est donné.
Il est responsable quand il remplit sa mission avec une certaine autonomie, en mode » décentralisé »
Ici la présence de l’adjoint du commandant de compagnie lui enlève cette autonomie.
Ce groupe n’était donc pas sous leur commandement.
Vous comprenez la distinction ?
trop léger ? Pour des professionnels … alors et ça ?
http://www.leparisien.fr/faits-divers/en-1998-neuf-collegiens-tues-dans-la-catastrophe-des-orres-12-03-2009-439208.php
Le moniteur-guide a eu deux ans avec sursis, on a donc un jugement avec une peine équivalente… à celles des deux sous-officiers, alors que le degré de responsabilité du guide est le plus élevé dans de tels accidents ( 9 morts ).
Phil,
Pareil.