La frégate « Courbet » sera engagée dans la mission navale européenne visant à sécuriser le détroit d’Ormuz

En mai et en juin, six pétroliers ont été « sabotés » dans les environs du très stratégique détroit d’Ormuz. Puis, en juillet, plusieurs navires ont été arraisonnés par les Gardiens de la révolution iraniens, dont le Stena Impero, un tanker battant pavillon britannique.

Depuis, et alors que les États-Unis ont lancé l’opération navale « Sentinel » avec le concours de la Grande-Bretagne, de Bahreïn, de l’Arabie Saoudite, de l’Australie, de l’Albanie et des Émirats arabes unis, la France s’active pour mettre sur pied une mission européenne de surveillance maritime dans cette région.

Et des discussions ont eu lieu entre Paris, Berlin et Londres. Finalement, les Britanniques ont décidé, après l’arrivée de Boris Johnson au 10 Downing Street, de rejoindre l’initiative américaine. Quant à l’Allemagne, l’opportunité d’une telle démarche a suscité des réticences, en particulier parmi les ministres sociaux-démocrates de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel.

En août, à l’occasion d’une réunion avec ses homologues de l’Union européenne à Helsinki, la ministre des Armées, Florence Parly, avait admis que les pays volontaires pour participer à cette mission de surveillance maritime se comptaient sur les « doigts d’une main ».

Effectivement, à ce jour, peu de pays européens ont répondu à l’appel. Les Pays-Bas ont cependant indiqué, en novembre, qu’ils contribueraient à cette mission européenne en déployant, à partir de février, la frégate de commandement et de défense aérienne HNMLS De Ruyter.

« Les Pays-Bas sont une plaque tournante de la logistique et un pays commerçant maritime. Les incidents de sécurité dans une région aussi importante affectent donc directement notre sécurité et nos intérêts économiques », a justifié Ank Bijleveld-Schouten, la ministre néerlandaise de la Défense.

Puis, le 12 décembre, le Danemark a annoncé qu’il en ferait de même avec l’envoi d’une frégate à l’automne prochain.

« En tant que cinquième plus grande nation maritime du monde, le Danemark a un intérêt particulier – et une responsabilité – à assurer la sécurité maritime et la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz. Le gouvernement danois poursuivra donc ses efforts actifs pour réduire les tensions dans la région », a fait valoir Copenhague.

Quant à la France, elle enverra la frégate légère furtive Courbet dans le gofe arabo-persique, dans le cadre de cette mission européenne. L’annonce a été faite le 19 décembre par le ministère des Armées.

« La frégate Courbet va participer à l’initiative européenne de sécurité dans le Golfe à partir du début de l’année », a en effet affirmé Mme le général Anne-Cécile Ortemann, la directrice adjointe de la DICoD [Délégation à l’information et à la communication de la défense]. Et de préciser que Mme Parly passera le réveillon du 31 décembre à bord de ce navire.

Pour rappel, le Courbet vient de s’illustrer en interceptant une cargaison de 3,5 tonnes de produits stupéfiants au large d’Oman, dans le cadre d’un engagement au sein de la Force opérationnelle combinée 150 [CTF-150], dont l’action est coordonnée par la 5e Flotte de l’US Navy. Par ailleurs, la frégate Jean Bart a récemment été déployée dans les environs du détroit d’Ormuz, sous le contrôle opérationnel de l’amiral commandant de la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN].

« Dans le détroit d’Ormuz, il faudrait idéalement deux frégates au lieu d’une, ce qui assurerait une permanence. Nous avons déjà une capacité de commandement à Abu Dhabi. La liaison avec le monde du shipping civil se fait avec le MICA Center [Maritime Information Cooperation and Awareness] basé à Brest. Par cet intermédiaire, les navires civils peuvent interagir avec les bâtiments militaires européens qui transitent dans la zone », avait en outre expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une récente audition au Sénat.

Cette mission européenne, appelée EMASOH [pour European-Led mission Awareness Strait of Hormuz], aura son poste de commandement installé aux Émirats arabes unis, avec « une dizaine, voire une quinzaine d’effectifs », avait annoncé Mme Parly, le 24 novembre.

Pour Paris, l’enjeu de cette initiative est de se démarquer de la politique américaine de « sanctions maximales » à l’égard de l’Iran. Pour autant, Téhéran a déjà critiqué le déploiement de cette mission européenne, en y voyant un « acte provocateur. »

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