Les agressions contre les pompiers militaires ont bondi de 48% en 2018

Selon les derniers chiffres publiés [.pdf] par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales [ONDRP], 3.411 sapeurs-pompiers, professionnels ou volontaires, ont déclaré avoir été victimes d’une agression lors d’une intervention en 2018. Ce qui représente une hausse de 21% en un an.

Ce qui fait, que pour 10.000 interventions, 7 sapeurs-pompiers ont été agressés. La réalité pourrait être plus sombre encore dans la mesure où les signalements d’agressions subies par les services de secours ne sont pas obligatoires.

« Compte tenu de son caractère purement déclaratif et de l’absence d’obligation à déclarer les faits, il est essentiel d’appréhender [ces] informations […] avec prudence, car les chiffres présentés ne sont pas exhaustifs [la remontée des informations peut varier en fonction des SDIS] », prévient en effet l’ONDRP.

Cette hausse des agressions contre les pompiers est continue depuis plus de 10 ans. Ainsi, en 2008, 899 d’entre-eux avaient déclaré avoir été agressés lors d’une intervention. Et, 11 ans plus tard, ils sont donc 2.512 de plus à en avoir fait état. Ce qui fait une progression de 213%.

Quoi qu’il en soit, les agressions contre les militaires de la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris [BSPP, armée de Terre] et du Bataillon des marins-pompiers de Marseille [BMPM, Marine nationale] ont encore une fois significativement augmenté en 2018. La note de l’ONDRP avance en effet une hausse de +41% par rapport à 2017, soit +118 agressions déclarées.

Les militaires de la BSPP ont été les plus affectés, avec 95 agressions déclarées supplémentaires [soit +48%]. Ceux du BMPM ont fait 17 déclarations de plus par rapport à 2017, soit +18%.

Cette tendance est corrélée avec le nombre d’agressions en région. Ainsi, le nombre de pompiers ayant indiqué avoir été agressé à bondi de 59% en Île-de-France, où intervient la BSPP. Le taux d’agression pour 10.000 interventions y est passé de 4 à 9 pour 10.000 entre 2017 et 2018.

Cela étant, la hausse du nombre de pompiers militaires agressés est moins prononcée qu’en 2017, année où elle avait été de +74% pour la BSPP et de 68% pour le BMPM.

« Les agressions ne sont pas que des incivilités liées aux cités sensibles : elles sont aussi provoquées par l’alcoolisme et il y a autant d’agressions dans Paris intra muros qu’en Seine-Saint-Denis. Il y a aussi un phénomène nouveau : les agressions provoquées par des victimes qui sont en détresse psychologique », avait expliqué le général Jean-Claude Gallet, le commandant de la BSPP, lors d’une audition parlementaire, l’an passé. Et on pourrait citer les cas où des pompiers furent pris à partie lors des manifestations de gilets jaunes, ce qui avait été dénoncé par la préfecture de Paris. Mais ces faits n’ont sans doute pas donné lieu à des dépôts de plaintes.

En effet, les agressions subies par les pompiers ne se traduisent pas forcément par des procédures judiciaires contre leurs auteurs.  »

« Sur les 3.411 sapeurs-pompiers ayant été agressés en 2018, 2.241 ont déposé plainte, soit 66% d’entre eux. Le taux de plainte a augmenté par rapport à 2017, année durant laquelle 62% des sapeurs-pompiers agressés avaient déposé plainte », souligne l’ONDRP. Et d’ajouter : « Deux zones présentent des taux de plainte élevés, au-delà de 90%: il s’agit de la Bretagne [96%] et de l’Île-de-France [97%].

Quant aux véhicules, 446 ont été endommagés, ce qui fait une hausse de 18% par rapport à 2017 et un préjudice évalué à 380.436 euros. L’augmentation la plus sensible vient d’Île-de-France, qui a représenté 43% du total en 2018.

« L’ensemble des services départementaux y compris la BSPP et le BMPM ont déposé 399 plaintes pour dégradations de biens en 2018, contre 326 en 2017. Le nombre de plaintes déposées est
aussi à la hausse entre ces deux années [+ 22%] », conclut l’ONDRP.

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