Ayant la bataille de Dien Bien Phu pour toile de fond, le roman « Le huitième soir » reçoit le prix Erwan Bergot

Grand reporter et directeur du service Étranger du Figaro, », Arnaud de La Grange avait publié, en 2017, « Les vents noirs« , un premier roman aux accents « kesseliens », qui emportait le lecteur entre la Sibérie et le désert du Taklamakan, sur les traces du lieutenant Verken et de l’archéologue Émile Thelliot, tout en faisant sortir de l’oubli le Bataillon colonial sibérien [BCS], formé par l’armée française en 1918.

Deux ans plus, Arnaud de La Grange s’est de nouveau inspiré de l’histoire militaire française en prenant la bataille de Dien Bien Phu comme toile de fond pour « Le huitième soir « , un roman visiblement tout aussi réussi que le premier à en juger les critiques publiées sur les communautés littéraires en ligne, comme Babelio.

« Récit humainement terrible, terriblement humain. Un roman fort, puissant, d’exigence, à l’écriture affûtée, ciselée et recherchée », s’est ainsi enthousiasmé l’un des contributeurs. « Roman dur, âpre, viril sans aucun doute. Mais surtout un roman à hauteur d’homme. Un homme qui aura plus appris en huit jours qu’en 26 ans », abonde un autre.

Ce roman raconte l’histoire d’un jeune officier parachutiste qui s’est trouvé à Dien Bien Phu parce qu’il avait lu Pierre Loti et que la France l’ennuyait. « Je me rêvais pèlerin d’Angkor et me voilà planté dans une grande mare de boue. Embarqué dans une sale histoire en un coin où l’on se tue avec une inépuisable énergie », dit-il.

« Chaque mort nous renvoie à la nôtre qui peut venir demain, maintenant. Une fraction de seconde, avant même de pleurer l’ami perdu, nous voyons notre fin à travers la sienne. ‘Et si c’était moi…’ Ici, on meurt plusieurs fois par jour et c’est épuisant », fait dire Arnaud de La Grange à son personnage.

Déjà lauréat du prix Roger Nimier pour son second roman, Arnaud de La Grange vient de recevoir le prix littéraire décerné par l’armée de Terre depuis 1995, en mémoire d’Erwan Bergot, qui reste l’un des meilleurs écrivains – et historiens – militaires contemporains.

« Courage, sens du devoir et de l’honneur, fraternité d’armes, voilà les valeurs de notre armée de Terre que porte si bien Arnaud de la Grange. Et s’il nous plonge au cœur de la durete des combats, il nous montre surtout la beauté du cœur des hommes. […] Il nous parle avec justesse, du sens du devoir et de la volonté de servir quelque chose qui transcende les hommes! », a commenté le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors de la remise du prix, le 17 décembre.

« Ce n’est pas un livre pour raconter la bataille de Diên Biên Phu, ce qui a déjà été excellemment fait. Il s’agit d’un roman de l’homme face à l’épreuve, en l’occurrence l’épreuve paroxystique de la guerre, celle qui met les âmes à nu et fait sortir la vérité d’un être. Diên Biên Phu est une toile de fond rougeoyante sur laquelle se détachent des sentiments universels, les passions et les contradictions humaines. Pour parler de la forme du roman, celle d’un journal de bord s’est imposée d’elle-même. Elle me permet de naviguer sans cesse entre la bataille et l’intime, entre la guerre et le roman initiatique d’un jeune homme de 26 ans », résume Arnaud de La Grange.

D’autres livres d’une très grande qualité étaient également en lice. Citons, dans la même veine que « Le Huitième soir », le roman « Cote 418 » de François Bert [éditions Edelweiss], ou encore « Le soldat et la mort », de Philippe Bodet [éditions de l’école de guerre]. Étaient également en compétition des ouvrages historiques, comme « Des tranchées à la guerre de l’ombre : le général Sauzey, un espion français, un espion français » de Philippe Sauzey [éditions Ginko] ou « Les écoutes de la victoire : L’histoire secrète des services d’écoute français (1914-1918) » du général Degoulange [éditions P. de Taillac]. Et sans oublier « Paroles de nos soldats : L’épreuve du feu. XXe-XXIe siècles » de Jean-Pierre Guéno [éditions du Nouveau Monde].

Lire : Le huitième soir par Arnaud de La Grange – Gallimard – 15 euros

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