La France redoute la constitution d’un « arc terroriste » allant de l’Afrique au Levant

Début décembre, l’armée soudanaise a indiqué avoir interpellé, à la frontière avec le Tchad, six individus soupçonnés d’appartenir à l’une des deux factions du groupe jihadiste nigérien Boko Haram. Ce qui serait une première… dans le mesure où cette organisation concentre surtout ses actions dans la région du Lac Tchad.

« Les services de renseignement militaire ont arrêté à l’intérieur des territoires soudanais six membres de Boko Haram détenteurs de passeports tchadiens », a en effet affirmé Amer Mohamed Al-Hassan, le porte-parole de l’armée soudanaise. « Les personnes arrêtées ont ensuite été remises aux autorités de sécurité à N’djamena conformément au protocole de coopération sur la sécurité et la surveillance des frontières communes, signé par le Soudan, la Libye, le Niger et le Tchad », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il est régulièrement fait état de la présence de « petites cellules » de l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP], une faction de Boko Haram, en Libye. Du moins, leur existence avait été évoquée dans un rapport des Nations unies publié en février 2018.

Quoi qu’il en soit, selon Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, les groupes jihadistes proches de l’État islamique seraient en train de constituer un « arc » vers le Tchad et le Nigeria, voire le Proche-Orient.

Interrogé sur la présence militaire française au Sahel alors qu’il était l’invité de l’émission « Questions politiques« , de France Inter, M. Le Drian a répondu que « ce qui se joue là-bas, c’est d’une part la stabilité des cinq États du Sahel, mais aussi notre propre sécurité ». Et d’ajouter : « Plus on avance, plus cet espace géographique devient la frontière Sud de la sécurité de l’Europe. »

« Daesh n’est pas mort. Daesh a subi des défaites, mais cette menace est permanente. Un arc terroriste est en train de se constituer », a poursuivi M. Le Drian. « Il y a les risques d’extension de ces groupes terroristes vers le Tchad, vers le Nigeria. […] Il y a aussi les groupes terroristes qui fonctionnent en Libye. Tout cela fait un arc des groupes terroristes qui peuvent remonter jusqu’au Levant », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, et alors que certains remettent en cause l’engagement militaire de la France au Sahel [d’où la « clarification » souhaitée par le président Macron auprès de ses homologues du G5 Sahel], le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a réaffirmé la nécessité de l’opération Barkhane, lors d’un récent déplacement au Niger et au Mali.

« Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent car si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera », a ainsi fait valoir le CEMA auprès de franceinfos.

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