Les États-Unis ont procédé à l’essai d’un nouveau missile balistique jusqu’alors interdit par le traité FNI

En août dernier, après accusé, avec l’appui de l’Otan, la Russie d’avoir violé le Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] en développant et en déployant le missile Novator 9M729 [SSC-8], les États-Unis ont décidé de se retirer de cet accord qui, signé en 1987, avait permis de mettre un terme à la crise dite des Euromissiles, au cours de laquelle les forces américaines avait envoyé des missiles Pershing en Europe afin de répliquer au déploiement d’engins SS-20 par l’Union soviétique.

Pour rappel, élément crucial de l’architecture de sécurité européenne, le traité FNI interdisait aux États-Unis et à la Russie de posséder des missiles sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 5.500 km.

Lors d’une visite à Washington le 10 décembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a expliqué que Moscou avait « attiré l’attention » de ses « partenaires » sur les « conséquences négatives du retrait des États-Unis du traité FNI. » Et d’assurer que la Russie appliquerait un « moratoire unilatéral sur le déploiement des missiles » [de portée intermédiaire, ndlr] tant que des systèmes américains similaires ne feront pas leur apparition.

« Des suggestions ont été faites à nos partenaires occidentaux, y compris les États-Unis, pour qu’un tel moratoire devienne mutuel. Cette offre reste sur la table », a ajouté M. Lavrov.

Seulement, deux jours plus tard, l’US Air Force a annoncé qu’elle venait de réaliser avec succès l’essai d’un missile balistique jusqu’alors prohibé par le traité FNI, depuis la base aérienne de Vandenberg [Californie]. L’engin – configuré pour emporter une charge « conventionnelle » – a effectivement terminé sa course dans l’océan Pacifique, après avoir parcouru une distance de plus de 500 km.

« Les données recueillies et les leçons tirées de ce test permettront au département de la Défense de prendre des décisions sur le développement de futures capacités de moyenne portée », a commenté le lieutenant-colonel Robert Carver, un porte-parole du Pentagone.

Il s’agit du second essai d’un missile à portée intermédiaire effectué par les forces américaines depuis la fin du traité FNI. Le premier fut en effet mené le 18 août dernier. L’engin lancé était une variante du missile de croisière Tomahawk, conçu pour « transporter une charge utile conventionnelle et non nucléaire. »

Peu de détails ont été donnés au sujet du missile que l’US Air Force vient de tester, si ce n’est que son développement aurait commencé en février dernier, ce qui fait un peu court pour concevoir un nouvel engin. D’après la vidéo du test diffusée par le Pentagone, il semblerait qu’il s’agisse d’une évolution de la fusée Castor 4, mise au point par Northrop Grumman Innovation Systems [ex-Orbital ATK].

Quoi qu’il en soit, et alors que l’agence TASS a fait état, le 12 décembre, d’un tir, à titre d’essai, d’un missile à trajectoire semi-balitique [et donc très diffile à intercepter] 9K720 Iskander [code Otan : SS-26 Stone], dont la portée inférieure à 500 km, la Russie a fait part de sa « préoccupation » au lendemain du test américain.

Cela étant, pour le moment, rien n’a été décidé, à Washington, au sujet de la finalité des engins jusqu’alors prohibés par le traité FNI. « Une fois que nous aurons développé des missiles à portée intermédiaire et si mes commandants en ont besoin, nous travaillerons en étroite collaboration avec nos alliés, que ce soit en Europe, en Asie et ailleurs, en ce concerne d’éventuels déploiements », a déclaré Mark Esper, le chef du Pentagone, devant des journalistes.

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