La Turquie parle de « réévaluer » la situation des bases d’Incirlik et de Kurecik, utilisées par l’Otan

Le National Defense Authorization Act [NDAA] que s’apprête à adopter le Congrès américain ne fait pas que fixer le niveau des dépenses militaires. En effet, il prévoit des dispositions réglementaires et législatives. Comme, par exemple, des sanctions contre la Turquie pour avoir acquis le système russe de défense aérienne S-400, incompatible avec ceux utilisés par l’Otan.

La décision d’Ankara lui a déjà valu l’exclusion du programme d’avion de combat F-35A, commandé à 100 exemplaires pour les besoins des forces aériennes turques. Et le rapprochement entre la Turquie et la Russie pourrait bien aller plus loin encore, avec l’acquisition possibles de chasseurs Su-35 « Flanker E ».

Or, l’intention des parlementaires américains de sanctionner la Turquie n’a évidemment pas manqué de susciter de vives réactions à Ankara. Et, si ces sanctions sont effectivement prises, l’Otan pourrait en pâtir.

« La situation des bases d’Incirlik et de Kurecik pourraient être réévaluée en cas de sanctions américaines », a en effet averti Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision A Haber.

« Les États-Unis disent ‘Non’ à toutes nos propositions. Il faut qu’ils comprennent qu’il n’est possible d’aboutir à un résultat en imposant certaines choses », a continué M. Cavusoglu. « Si les États-Unis adoptent une position positive nous le ferons également. Les S-400 ne sont pas un système d’attaque, mais de défense. Si nous n’achetons pas les F-35 nous devrons évaluer les alternatives », a-t-il ajouté.

La base de Kurecik abrite un radar d’alerte avancée utilisé par l’Otan dans le cadre de la défense antimissile. Quant à celle d’Incirlik, elle est utilisée par l’US Air Force [ainsi que par la coalition anti-jihadiste] et accueille un dépôt de bombes nucléaires tactiques B-61 mises à la disposition de l’Otan par les États-Unis.

Par ailleurs, M. Cavusoglu est revenu sur les relations entre les États-Unis et les milices kurdes syriennes [YPG], considérées comme terroristes par Ankara, en raison de leur proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc [PKK].

« Toute aide des États-Unis aux YPG/PKK, est un délit, cela reviens à financer le terrorisme international », a fait valoir le chef de la diplomatie turque.

Pour rappel, les YPG constitue l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes [FDS], qui ont tenu un rôle capital dans le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh]. Aussi, il est hors de question pour les autres membres de l’Otan, en particulieur ceux qui sont engagés dans la coalition anti-jihadiste, de les considérer comme terroristes. D’où le désaccord profond avec Ankara.

En effet, la Turquie exige que les alliés de l’Otan adoptent son point de vue à l’égard des YPG. Et pour arriver à ses fins, elle bloque l’adoption de nouveaux plans défensifs, élaborés pour les pays baltes et la Pologne.

« La sécurité de la Turquie et la sécurité baltique sont pareilles. Notre plan mais également celui concernant la région baltique attendent d’être publiés. Tant que le nôtre ne sera pas publié l’autre ne le sera pas aussi. Ici, il n’y a aucune concession, mais un petit geste. La publication des deux plans se fera simultanément. L’Otan a la mission de défendre la Turquie », a affirmé M. Cavusoglu.

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