Après le sommet de Londres, la Turquie reste décidée à bloquer les plans défensifs pour le flanc oriental de l’Otan

Avant de s’envoler pour Londres afin d’assister au sommet de l’Otan, le président turc, Recep Tayyip Erdogan avait menacé toutes les décisions qui allaient être prises à cette occasion, et notamment les plans visant à renforcer la défense des pays baltes et de la Pologne face à la Russie, si les alliés ne reconnaissaient pas comme terroristes les milices kurdes syriennes [YPG]

En effet, Ankara fait valoir la proximité de ces dernières avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc [PKK] pour les qualifier de « terroristes ». Or, les YPG constituent l’épine dorsale des Forces démocratiques syriennes [FDS], lesquelles sont les partenaires de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Si les États-Unis et l’Union européenne considèrent que le PKK est effectivement une organisation terroriste, ce n’est pas le cas pour les YPG ainsi que pour le PYD, c’est à dire la formation politique dont elles sont l’émanation.

Et, dans le même temps, pour mener ses opérations dans le nord-est de la Syrie contre ces milices kurdes syriennnes, la Turquie s’appuie sur des groupes armés qui, réunit au sein de « l’Armée nationale syrienne », ont, du moins pour certains, eu des relations avec l’État islamique [EI ou Daesh]. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé le président Macron, lors d’une conférence de presse donnée au côté de son homologue américain, Donald Trump, à Londres le 3 décembre.

Cela étant, le président turc a signé la déclaration finale publié le lendemain, à l’issue du sommet de l’Otan. Ce qui laissait à penser qu’il ne s’était finalement pas opposé aux plans qu’il était question d’adopter pour renforcer la défense du flanc oriental de l’Alliance, le texte en question affirmant que le « terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous. » On pouvait d’autant plus le penser que le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg assura que les objections turques avaient été levées.

Seulement, deux jours après le sommet de Londres, Ankara est revenue sur sa parole. « Le plan de défense des pays baltes et de la Pologne ne sera pas entériné si celui de la Turquie, qui comprend la reconnaissance des YPG en tant qu’organisation terroriste, ne l’est pas lui aussi », a en effet déclaré Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, lors d’une visite à Rome.

« Les deux plans sont au même niveau […] et, s’ils sont publiés, ce sera ensemble. Mais, s’il y a un problème, ils seront tous les deux bloqués », a affirmé le chef de la diplomatie turque.

D’ailleurs, il fallait sans doute s’y attendre… « Nous combattons le PKK et tous ceux qui mènent des activités terroristes contre la Turquie, de manière très claire mais nous ne faisons pas ce raccourci ou cette agrégation que la Turquie souhaite entre ces différents groupes politiques et ou militaires, donc là il y a un désaccord, il n’est pas levé », avait explique le président Macron, à l’issue du sommet de Londres.

Un autre contentieux entre la Turquie et les autres membres de l’Otan n’est pas près de s’éteindre. L’achat, par Ankara, de systèmes russes de défense aérienne S-400, a également été largement évoqué durant le sommet. Cette acquisition lui a déjà valu d’être exclue du programme d’avion de combat F-35. Et, aux États-Unis, le Congrès donne de la voix pour que l’administration Trump prenne des sanctions économiques à son égard, comme le prévoit la loi dite CAATSA.

Alors qu’il est question d’un achat turc d’avions de combat russes Su-35 « Flanker-E » [voire, par la suite, de Su-57 « Felon »], il a été rapporté, le 6 décembre, qu’Ankara et Moscou travaillent actuellement « sur un nouveau contrat en vue de la livraison de missiles russes S-400 supplémentaires. » Et l’objectif serait d’arriver à un accord d’ici la fin du premier semestre 2020.

« Je veux souligner que la coopération militaro-technique avec la Turquie ne se limite pas à la livraison de S-400. Nous avons de grands projets », avait d’ailleurs affirmé Alexander Mikheïev, le patron de l’agence russe d’exportations militaires Rosoboronexport, en novembre.

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