Malgré des dissensions entre ses membres, l’Otan affiche son unité en adoptant une déclaration finale

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait menacé de bloquer l’adoption de nouveaux plans de défense en faveur des pays baltes et de la Pologne si les membres de l’Otan persistaient à refuser de considérer les milices kurdes syriennes [YPG] comme terroristes en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc [PKK]. En outre, il était aussi attendu au tournant pour sa politique à l’égard d ela Russie, laquelle s’est notamment traduite par l’achat de systèmes russe de défense aérienne S400, incompatible avec ceux utilisés par les alliés.

Bref, et au-delà d’autres sujets fâcheux, le sommet de l’Otan qui vient de se terminer à Londres promettait d’être houleux à bien des égards. Et, finalement, hormis une bouderie du président Trump, qui n’a pas apprécié les moqueries du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, à son endroit, il s’est conclu par une déclaration finale qui, adoptée à l’unanimité, met sous le boisseau les dissensions entre alliés. Pour le moment, du moins.

En effet, M. Erdogan ne s’est pas opposé à l’adoption étant donné que cette déclaration finale précise que le « terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous. »

Cependant, le président français, Emmanuel Macron, a expliqué durant sa conférence de presse qu’il n’y a « pas de consensus possible » avec la Turquie sur la définition du terrorisme. Pour rappel, la France refuse de considérer les milices kurdes syriennes comme terroristes étant donné qu’elles ont combattu l’État islamique [EI ou Daesh] avec l’appui de la coalition dirigée par les États-Unis.

« Il est clair que nous ne sommes pas d’accord pour classer comme groupe terroriste YPG et PYD [Parti de l’union démocratique] et je crois que là-dessus il y a un consensus », a en effet affirmé M. Macron. « Nous combattons le PKK et tous ceux qui mènent des activités terroristes contre la Turquie, de manière très claire mais nous ne faisons pas ce raccourci ou cette agrégation que la Turquie souhaite entre ces différents groupes politiques et ou militaires, donc là il y a un désaccord, il n’est pas levé », a-t-il précisé. En outre, il a également évoqué l’ambiguïté relative à l’achat par la Turquie de S-400 russes, qui seront une « espèce de monade, non connectée avec le reste, ce qui dans un système intégré marche moins bien. »

Mais « les désaccords attireront toujours plus l’attention que lorsque nous sommes d’accord », a toutefois assuré M. Stoltenberg.

La déclaration finale rappelle que « l’Otan garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l’état de droit. La solidarité, l’unité et la cohésion sont des principes fondamentaux de notre Alliance. »

Rappelant que l’Otan « est une alliance défensive » qui « ne représente une menace pour aucun pays », le texte dénonce les « actions agressives de la Russie », qui « constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ». Mais il précise ques Alliés « restent ouverts au dialogue, et à la perspective d’établir une relation constructive avec » Moscou dès lors que ses actions « le permettront. »

La déclation évoque également « l’influence croissante et les politiques internationales de la Chine », qui présentent à la fois des opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance. » D’ailleurs, au regard de la suspicion dont le groupe chinois Huawei fait l’objet, elle affirme que l’Otan et les Alliés, « dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de la nécessité de recourir à des systèmes sécurisés et résilients. »

« Pour la première fois, nous avons évoqué la montée en puissance de la Chine – qu’il s’agisse des défis et des opportunités qu’elle présente ou de ses incidences sur notre sécurité », a souligné M. Stoltenberg. Et d’ajouter : « Nous devons trouver les moyens d’encourager la Chine à participer aux arrangements de maîtrise des armements. »

« Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec une plus grande fermeté pour en venir à bout », est-il également précisé dans le texte.

« Nous agissons et continuerons d’agir d’une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée intermédiaire, qui sont à l’origine de l’extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire [FNI] et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous intensifions notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d’adapte », ont résumé les 29 Alliés.

En outre, et c’était attendu, ces derniers ont déclaré l’espace en tant que « milieu d’opérations de l’Otan » et reconnu ainsi « son importance s’agissant de préserver [la] sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. » Et, dans le domaine de la cyberdéfense, le texte insiste sur les risques relatifs au déploiement de la technologie 5G, lesquels rendent nécessaire le recours à « des systèmes sécurisés et résilients ».

Enfin, en écho aux propos de M. Macron sur la « mort cérébrale de l’Otan », une expression qu’il avait utilisée pour dénoncer le manque de concertation entre alliés au sujet de la Syrie et du combat contre Daesh, la déclaration indique que, « compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique », le secrétaire général de l’Alliance aura à lancer un « processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la dimension politique de l’Otan, y compris la consultation »

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