La Russie va bientôt déployer ses deux premières armes hypersoniques « Avangard »

En mars 2018, le président russe, Vladimir Poutine, avait levé le voile sur de nouvelles armes « invincibles », de nature à donner une supériorité stratégique par rapport, notamment, aux États-Unis et à leur bouclier antimissile.

Dans le lot, il y avait deux armes hypersoniques [l’Avangard et le missile Kinjal] ainsi que le missile balistique intercontinental RS-*28 « Sarmat », pouvant emporter jusqu’à 10 têtes nucléaires de forte puissance. Deux systèmes à propulsion nucléaire avaient également été présentés, dont une sorte de torpille ou de drone appelé Status-6 Poseidon et le missile de croisière Burevestnik.

Toutes ces nouvelles armes ne sont pas encore opérationnelles. Ainsi, le missile Sarmat, dont la masse serait de 208 tonnes pour une portée de 18.000 km, devraient subir sa dernière phase de tests en 2020, selon les autorités russes. Quant à la mise en service du « système océanique polyvalent » Status-6 Poseidon, pouvant,a priori emporter une ogive thermonucléaire de 100 mégatonnes et devant être mis en oeuvre depuis le sous-marin K-329 Belgorod, elle n’est pas attendue avant 2021.

En outre, le développement du missile Burevestnik, à propulsion nucléaire [donc à portée théoriquement limitée] a très probablement été affecté par l’explosion d’une arme « classifiée » ayant eu lieu l’été dernier à la base de Nyonoksa [oblast d’Arkhangelsk], laquelle avait entraîné un pic de radioactivité. « Probablement » parce que l’on ne peut avancer aucune certitude, Moscou gardant le secret absolu.

Cependant, le 22 novembre, lors d’une cérémonie organisée en hommage aux victimes de cet accident, le président Poutine a assuré que les travaux relatif à cette arme seraient achevés. « Le fait même de posséder une technologie aussi remarquable constitue aujourd’hui l’espoir le plus important et le plus fiable pour garantir la paix dans le monde », a en effet justifié le chef du Kremlin. « Quoi qu’il arrive, nous perfectionnerons cette arme », a-t-il insisté.

Mais c’est dans le domaine des armes hypersoniques que la Russie a visiblement le plus progressé au cours de ces derniers mois. Ainsi, l’agence TASS a indiqué, le 30 novembre, que des essais avec le missile Kinjal avaient été menés, plus tôt, dans le grand Nord.

« L’intercepteur MiG-31K a décollé de l’aérodrome d’Olenegorsk, situé dans la région de Mourmansk, et a tiré le missile contre une cible au sol dans un camp d’entraînement de la région arctique de Komi », a en effet précisé l’agence de presse russe.

A priori, ce missile, capable d’emporter des têtes nucléaires ou conventionnelles et de parcourir plus de 2.000 km, aurait déjà été déployé dans le sud de la Russie.

Mais Moscou a récemment fait deux annonces importantes au sujet du système Avanguard, qui est en réalité un planeur hypersonique.

Pour rappel, d’abord propulsé par un missile intercontinental RS-18/SS-19 [et sans doute par un RS-28 Sarmat à l’avenir], l’Avangard « plane » sur les hautes couches de l’atmosphère, ce qui lui permet d’avoir une trajectoire potentiellement moins prévisible par rapport à celle d’un missile « traditionnel », et donc d’être moins vulnérable aux systèmes de défense antimissiles. La Chine, les États-Unis et la France [avec le démonstrateur V-Max] s’intéressent à cette technologie, qui suppose de relever plusieurs défis, dont, par exemple, ceux relatifs à la résistance des matériaux.

Cela étant, et alors même que ces armes hypersoniques rendent plus compliquée une éventuelle prolongation du traité de désarmement New Start, qui ne concerne que Moscou et Washington, le ministère russe a présenté le système Avangard à une délégation américaine, la semaine passée.

Développé par NPO Mashinostroyenia Corporation, l’Avangard semble être le fruit de travaux menés dans les années 1980 afin de répondre l’Initiative de défense stratégique [IDS, la fameuse « guerre des étoiles »] lancée par l’administration Reagan.

« En vertu du Traité sur les mesures visant à réduire davantage et à limiter les armements stratégiques offensifs, un groupe d’inspecteurs américains a été présenté au système Avangard sur le territoire de la Fédération de Russie, les 24 et 26 novembre », a en effet indiqué Moscou.

La seconde annonce concernant cette arme hypersonique avait été faite quelques jours plus tôt par la même agence TASS [qui citait des sources industrielles]. Et elle a été confirmée par le ministère russe de la Défense.

Ainsi, selon ce dernier, le deux premiers systèmes Avangard seront mis en service, à titre expérimental, en décembre 2019. Soit un an après la diffusion d’une vidéo montrant un essai d’une telle arme, présenté par Moscou comme réussi [le planeur en question n’était pas visible sur les images, ndlr].

Si l’on se fie aux déclarations antérieures, c’est la division de missiles de Dombarovo qui devrait recevoir ces deux premiers systèmes Avangard. Au total, deux régiments devraient en être chacun doté de six armes de ce type à l’horizon 2027.

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