Si elle en fait la demande, la France pourrait recevoir un soutien de l’Otan au Sahel

Actuellement, au Sahel, la France peut compter sur l’appui de plusieurs pays, par ailleurs membres de l’Otan. Pour autant, cela ne veut pas dire que l’Otan, en tant qu’organisation, lui fournit une aide, comme celle qu’elle avait apportée lors de l’intervention en Libye, avec l’opération « Unified Protector ».

« Proclamer son attachement à la sécurité collective ne suffit pas. Une véritable alliance, ce sont des actes, pas des mots », a cependant affirmé le président Macron, le 28 novembre, après avoir reçu Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Cela veut-il dire que Paris s’apprête à solliciter l’organisation atlantique?

En tout cas, pour le moment du moins, la priorité de la France est de convaincre ses partenaires européens de s’engager militairement au Sahel, notamment via l’opération Takuba.

« Notre objectif, c’est aussi d’avoir plus d’Européens en première ligne. C’est par exemple l’objet de la mission de la force Takuba, que nous préparons afin de disposer de forces spéciales européennes pour accompagner les unités locales au combat. Les Tchèques, les Belges et les Estoniens ont répondu les premiers. D’autres suivront une fois que leur Parlement aura validé leur déploiement », a ainsi rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, dans les colonnes du Journal du Dimanche [édition du 1er décembre].

Cela étant, interrogé par France24, M. Stoltenberg a évoqué un éventuel soutien de l’Otan au Sahel.

« Les alliés de l’Otan soutiennent la France au Sahel. Surtout les États-Unis, qui fournissent un soutien significatif », a rappelé l’ex-Premier ministre norvégien. Il aurait pu également citer les contributions de l’Estonie, de l’Espagne ou encore du Royaume-Uni [et bientôt du Danemark]…

Mais l’Otan, en tant que telle, pourrait soutenir la France au Sahel à condition que Paris lui en fasse formellement la demande, a indiqué M. Stoltenberg.

« Je ne vais pas spéculer. Mais si la France demande le soutien de l’Otan, je m’attends à ce que les alliés considèrent la question très sérieusement pour faire face au[x] défi[s] du Sahel », a-t-il dit.

« L’Otan a des structures de commandement et des capacités en matière de renseignement et d’entraînement. Nous avons souvent mené des opérations de combat. Nous l’avons fait dans les Balkans […], en Afghanistan, en Irak et ailleurs », a affirmé M. Stoltenberg.

« Donc, l’Otan a les capacités de faire face à une grand nombre de défis pour soutenir la France au Sahel, mais elle ne le fera pas sans demande de la France », a insisté le secrétaire général, avant d’estimer qu’une telle requête ne pourrait qu’être examiné très sérieusement pas les alliés « compte tenu de l’importance du combat contre le terrorisme dans la région ».

Á ce titre, il serait intéressant de voir la position de la Turquie, après les insultes proférées par le président Recep Tayyip Erdogan à l’adresse de M. Macron…

Quoi qu’il en soit, M. Stoltenberg a aussi rappelé que la cohérence de l’Otan étaut de « pouvoir relever les défis sécuritaires d’où qu’ils viennent », c’est à dire du Sud à l’Est en passant par le cyberespace.

Reste que les propos du président sur la « mort cérébrale » de l’Otan ont fait couler beaucoup d’encre… Et le sommet de l’Alliance, qui aura lieu les 3 et 4 décembre à Londres, s’annonce tendu.

« L’attitude unilatérale de la Turquie en Syrie a mis à rude épreuve l’unité de l’Alliance. La mise en évidence d’un risque de mort cérébrale de l’Otan a été qualifiée par la presse anglo-saxonne de sonnerie de réveil. Le président de la République a mis des mots sur des questions qui se posent depuis longtemps au sein de l’organisation », a expliqué Mme Parly au Journal du Dimanche. « Certains en veulent au messager, mais notre message est de vouloir ouvrir un débat utile et salutaire pour redynamiser les fondamentaux de cette Alliance nécessaire. C’est cela qui doit être au cœur du débat que nous aurons mercredi à Londres au sommet des chefs d’État de l’Otan », a-t-elle ajouté.

Enfin, toujours au sujet de l’Otan, et réaffirmant que l’article 5 [clause de défense collective, ndlr] ne devait pas devenir l’article F-35, Mme Parly a estimé que « l’Europe n’a pas encore les outils militaires pour être à la hauteur de ce qu’elle est en tant que puissance économique et politique » et que « l’Otan ne sera jamais l’outil de notre souveraineté ». Et d’insister : « C’est aux Européens de construire leur propre souveraineté. »

« Mais il faut arrêter de faire croire que nous devons choisir entre l’Europe et l’Otan. Nous voulons l’Europe souveraine et l’Alliance transatlantique. Les deux doivent pouvoir se renforcer mutuellement », a conclu la ministre.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]