Terrorisme : Les activités suspectes près des emprises militaires restent « très fréquentes », affirme un rapport

L’an prochain, la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD, ex-DPSD], dont la mission est de veiller à la protection et à la sécurité du personnel, du matériel, des informations et des installations sensibles du ministère des Armées, disposera d’un budget de 23,4 millions d’euros en autorisations d’engagements [+49%] et de 16,4 millions d’euros en crédits de paiement [+4,46%]. Et elle comptera 1.505 agents, qui ne seront pas de trop pour mener à bien l’ensemble de ses missions.

Cette augmentation des crédits permettra à la DRSD à concevoir et à déployer une « nouvelle base de souveraineté du Service afin de recueillir et d’exploiter le renseignement », d’acquérir des capacités d’aide à la décision pour fluidifier les processus d’habilitation [système d’information SOPHIA, ndlr], de continuer son plan d’équipement en moyens techniques et de faire moderniser ses outils de sécurité informatique.

Au cours de ces dernières années, et au regard du contexte sécuritaire, marqué par la menace terroriste mais aussi par les tentatives de subversion, la DRSD doit faire face à une activité très intense. Ses missions ont même « connu une augmentation considérable dans un contexte sécuritaire de grande vigilance et, en 2019, avec l’élargissement de son périmètre et avec la mise en oeuvre des dispositions relatives à la sécurité des traitements de données à caractère personnel comportant la mention de la qualité de militaire », soulignent les sénateurs Michel Boutant et Pascal Allizard, dans un rapport pour avis publié dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances [PLF] 2020.

Ainsi, l’an prochain, les priorités de la DRSD seront notamment le renforcement de son rôle dan le domaine cyber et du suivi des homologations de sécurité des systèmes d’information des industriels de défense, d’accroître ses capacités de « contre-espionnage face à une activité des services de renseignement étrangers en France qui se maintient à un niveau historiquement haut, en particulier dans le contexte du retour des Etats-puissance », l’accompagnement des forces déployés en opérations extérieures afin de rechercher des informations sur les trafics pouvant alimenter le financement du terrorisme et, bien évidemment, la lutte anti-terroriste.

Comme l’a montré l’attaque au couteau commise à Londres par un individu déjà condamné à une peine illimitée [puis à 16 ans après appel] de prison pour activités terroristes au nom d’une organisation jihadiste [il avait été remis en liberté conditionnelle avec port de bracelet électronique], la menace terroriste reste toujours élevée.

« Le niveau d’activité [de la DRSD] en 2019 est toujours directement lié au niveau élevé de la menace terroriste pesant sur la sphère de défense, en particulier au titre de la préparation et de l’accompagnement d’évènements majeurs programmés [salons, commémorations, cérémonies du 14 juillet…] », affirment en effet les deux sénateurs.

Et « les militaires – leurs familles – restent des cibles désignées des mouvances terroristes », poursuivent-ils. Ce qui doit inciter à la prudence sur les réseaux sociaux… Mais les rapporteurs indiquent également que les « actions de reconnaissance des emprises militaires par des individus aux motivations présentant un risque restent ainsi très fréquentes. » Or, par le passé, plusieurs sites militaires étaient dans le collimateur de la mouvance jihadiste, dont le sémaphore du Cap Béar, la base navale de Toulon ou encore la base aérienne d’Évreux.

« S’agissant du soutien des forces en opérations ou déployés à l’étranger, l’attention est portée au suivi du personnel civil de recrutement local [PCRL] et des entreprises de service de sécurité et de défense [ESSD] présentes sur les théâtres. La déstabilisation des forces par des opérations de subversion demeure un risque permanent », lit-on dans le rapport de MM. Boutant et Allizard.

Enfin, « les activités de contre-ingérence économique mettent en exergue l’augmentation et la diversification constante des ingérences [espionnage économique, cyberattaques, instrumentalisation de l’application extraterritoriale du droit anglo-saxon…], relèvent encore les parlementaires.

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