La France refuserait de contribuer davantage au budget de l’Otan

Quand le président américain, Donald Trump, tance les pays européens parce que leurs dépenses militaires ne sont pas au niveau des 2% de leur PIB, conformément aux engagements pris auprès de l’Otan, il mélange, d’une certaine manière, les torchons et les serviettes.

Il y a deux niveaux de contribution à l’Otan. Le premier se fait « en nature », c’est à dire qu’il correspond aux équipements et aux troupes qu’un État membre met à la disposition de l’Alliance pour une intervention militaire. Et il lui revient d’en assumer les coûts associés.

Certes, le niveau des dépenses militaires d’un pays n’est pas sans importance. Plus elles seront proches de la norme des 2%, plus il aura de moyens pour développer et/ou acquérir des équipements, entraîner ses troupes et, in fine, participer à la défense collective dans le cadre de l’Otan.

S’agissant des États-Unis, le budget du Pentagone [plus de 700 milliards de dollars] représente 70% des dépenses totales de l’ensemble des Alliés. Pour autant, les moyens que met Washington à la disposition de l’Otan ne correspondent évidemment pas à ce niveau de dépense, les forces américaines étant aussi présentes en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient ou encore en Afrique, au profit de la défense des intérêts et de la sécurité de leur pays. Qui plus, on peut également s’interroger sur l’efficience de ces dépenses [projets abandonnés, bureaucratie, etc] mais c’est un autre débat.

En outre, la contribution financière américaine pour la défense de l’Europe [European Deterrence Initiative, EDI] devrait baisser l’an prochain, pour tomber à 5,9 milliards de dollars [-600 millions].

Le second niveau de contribution concerne les sommes allouées au budget de l’Otan, lequel s’élève à 2,37 milliards d’euros en 2019. Chacun des Alliés y contribue en fonction de son poids économique. Et la part des États-Unis représente 22,1% de cette somme, ce qui est logique étant donné que leur PIB est le plus élevé. Vient ensuite celle de l’Allemagne [14,7%]. Quant à la France, sa contribution est de 10,5%.

Mais ces proportions vont changer à compter de l’an prochain, les 29 alliés ayant trouvé un accord qui permettra aux États-Unis de réduire assez significativement leur contribution au budget de l’Otan, cette dernière devant être portée à 16,35%.

Et l’Allemagne portera la sienne au même niveau, tandis que les autres pays membres ont accepté de payer davantage… à l’exception de la France, dont la participation restera donc à 10,5%.

« Le refus de la France de s’associer à cet accord a contraint les autres alliés à revoir la clef de répartition de l’effort », ont expliqué plusieurs responsables de l’Otan à l’AFP. Selon un diplomate de haut rang, Paris a estimé que cet accord risquerait de créer un « précédent » qui permettrait « aux États-Unis de réduire leurs contributions aux budgets d’autres organisations internationales.

Cet accord « n’a rien à voir » avec le débat sur les dépenses militaires mais « il enlève un sujet de contentieux » pour le prochain sommet de l’Otan, qui aura lieu les 3 et 4 décembre prochains à Londres, a souligné un autre source de l’AFP. « Il était urgent de trouver cet accord car personne n’avait osé dire à Donald Trump que le problème n’était pas réglé », a-t-il ajouté.

Au Bundestag, la chancelière allemande, Angela Merkel, qui doit s’attendre à de nouvelles critiques de la part de M. Trump, a promis que l’Allemagne atteindrait son objectif de dédier 2% de son PIB à sa défense « au début de la décennie 2030 ». Soit six ans après l’échéance fixée par l’Otan en 2014.

« Il est dans notre intérêt de préserver l’Otan, plus que pendant la Guerre Froide », a également fait valoir Mme Merkel, alors que le président Macron avait estimé que l’Alliance était en état de « mort cérébrale ».

« L’Otan a été « un rempart contre la guerre », qui a garanti « la liberté et la paix » depuis 70 ans, en partie grâce à « nos amis américains », a poursuivi la chancelière. « L’Europe ne peut pas se défendre seule pour le moment, nous dépendons de l’Alliance transatlantique, il est important que nous travaillions pour cette Alliance et que nous assumions davantage de responsabilité », a-t-elle encore assuré.

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