Le président Macron veut une « plus grande implication des alliés » de la France au Sahel

Comme à chaque drame que vit l’armée française au Sahel, certains, qui ne savent peut-être pas situer la région du Liptako-Gourma sur une carte, disent, avec un air entendu, que la France est présente au Sahel pour proteger les mines d’uranium d’Arlit, au Niger… Comme si les 4.500 militaires de Barkhane n’étaient pas déjà assez occupés, dans une région grande comme l’Europe.

« Une opération militaire sert plusieurs objectifs à court, moyen et long termes. L’objectif initial de l’opération Barkhane, c’est l’élimination des groupes jihadistes. Au-delà de ces visées purement sécuritaires, l’objectif à moyen terme, c’est de recréer de l’État dans la zone. Et les États étant préservés, les liens économiques fonctionnent mieux. Des États en situation de paix sont aptes à être prospères, à commercer, le champ économique y est ouvert », a en effet expliqué ainsi Joseph Henrotin, le rédacteur en chef de DSI, à franceinfos.

Quant aux groupes jihadistes qui sévissent dans la région, les Nations unies ne cessent d’alerter sur le risque de voir leur emprise s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest. Ce qui est de nature à déstabiliser des États à l’autorité déjà fragile. Sans oublier les conséquences sécuritaires [terrorisme, trafics de drogue, criminalité, etc], non seulement pour les Africains mais aussi pour les Européens. Par conséquent, l’uranium d’Arlit n’est pas vraiment un sujet, d’autant plus qu’Orano [ex-Areva] a d’autres sources d’approvisionnement, notamment au Canada et au Kazakhstan.

Avec la force Barkhane, « la France est impliquée et agit pour le compte de tous », a rappelé le président Macron, ce 28 novembre, après avoir reçu Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « La mission qui est la nôtre là-bas est importante. Néanmoins le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd’hui à regarder toutes les options stratégiques », a-t-il ajouté, trois jours après la mort de 13 militaires français dans la collision de deux hélicoptères, au cours d’une opération de combat.

« Dans les prochaines semaines un travail en profondeur sera demandé au gouvernement et à nos armées pour regarder les modalités de nos interventions », a poursuivi le président français. Et, a-t-il souligné, « dans ce contexte, une plus grande implication des alliés serait tout à fait bénéfique. »

« Proclamer son attachement à la sécurité collective ne suffit pas. Une véritable alliance, ce sont des actes, pas des mots », a encore fait valoir M. Macron.

Seulement, à l’origine, l’Union europénne n’a pas été pensée pour être une alliance militaire, contrairement à l’Otan. D’où les difficultés actuelles. Cela étant, plusieurs pays européens ont apporté leur concours à la France au Sahel. Tel est le cas de l’Estonie, du Royaume-Uni [qui ne sera bientôt plus membre de l’UE] et du Danemark [qui, au sein de l’UE, bénéficie d’une clause d’exemption en matière de défense, ndlr].

Par ailleurs, et comme l’a indiqué la ministre des Armées, Florence Parly, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, « plus du tiers du transport aérien est réalisé, pour le compte de Barkhane, par l’Espagne au sein du théâtre sahélien. » Et l’on pourrait également citer la mission européenne EUTM Mali, qui vise à former les soldats maliens, la présence, au Niger, de militaires belges, qui en font de même au bénéfice des forces locales, ou encore les participations européennes à la Mission des Nations unies au Mali.

En outre, l’opération Barkhane peut aussi compter sur le soutien des forces américaines, notamment dans les domaines du renseignement et du ravitaillement en vol. Ces dernières sont d’ailleurs très présente au Niger, en particulier à Agadez, où elles exploitent une base aérienne abritant des drones MQ-9 Reaper.

Et puis il y aura bientôt [du moins, c’est à espérer] l’opération Takuba, qui doit mobiliser des forces spéciales européennes afin d’accompagner au combat, sous le commadement de Barkhane, les forces armées sahéliennes.

Cela étant, le 12 novembre dernier, après avoir reçu ses homologues Idriss Déby Itno [Tchad], Mahamadou Issoufou [Niger] et Ibrahim Boubacar Keita [Mali], le président Macron avait déjà indiqué qu’il aurait prochainement à « repréciser le rôle de Barkhane  » et à « confirmer et conforter l’engagement » de la France dans la région. A priori, il était alors question de recenter la Force conjointe du G5 Sahel sur son fuseau central, c’est à dire dans la région dite des trois frontières, situées aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

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