Le général Lecointre insiste sur les circonstances particulières de l’accident des deux hélicoptères de Barkhane

Lors d’une conférence de presse donnée ce 26 novembre, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] a précisé les circonstances dans lesquelles 13 militaires français de l’opération Barkhane ont perdu la vie lors de la collision de deux appareils du 5e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], au Mali.

Ainsi, a expliqué le CEMA, ce drame s’est produit dans le cadre d’une action qui avait été lancée le 22 novembre par un groupement de commandos parachustistes [GCP] de Barkhane pour « aller chercher et traquer les groupes terroristes là où ils se trouvent », en particulier dans une vallée située au sud de la localité d’In Delimane, qui a été récemment le théâtre d’une attaque meutrière commise par l’État islamique au Grand Sahara [EIGS] contre les Forces armées maliennes [FAMa].

Le 25 novembre, en fin d’après-midi, les commandos-parachutistes ont observé un groupe de jihadistes, doté d’un pick-up et de plusieurs motos. Très rapidement, ils ont engagé le combat. Mais avec la nuit, et devant la difficulté de franchir un oued, et donc de poursuivre l’ennemi, Ils ont alors fait appel à des moyens aériens.

Une patrouille de Mirage 2000D a d’abord été engagée. Puis un hélicoptère Cougar est rapidement arrivé sur les lieux, avec à son bord une équipe d’extraction immédiate des commandos du 4e Régiment de chasseurs [RCh]. Puis il a été rejoint par deux hélicoptères d’attaque Tigre.

« Ces hélicoptères [Tigre] sont en mission de reconnaissance, de nuit, dans des conditions de combat et des conditions opérationnelles très exigeantes, pour repérer ce pick-up qui s’enfuie vers le nord », a souligné le général Lecointre.

« Au moment où cette mission de reconnaissance de nuit est en train de se faire », poursuit-il, les « commandos parachutistes qui sont au sol entendent une [deux?] explosion[s] vers 18h38 [heure locale] et pensent […] que ces deux explosions sont dues à une collision en vol entre deux appareils. L’information est confirmée rapidement après par le Tigre resté en vol, qui confirme qu’il y a eu collision entre le Cougar et l’un des deux Tigre ».

Le reste des opérations a consisté en une sécurisation de la zone, afin de récupérer les dépouilles des 13 militaires tués ainsi que les boîtes noires des appareils, a ensuite précisé le général Lecointre.

Lors de son intervention, ce dernier a insisté sur les circonstances particulières de ce drame. Circonstances qui font que ce n’est pas « un accident ordinaire », a-t-il dit.

« Les pilotes qui sont envoyés en opération sont expérimentés et ont le nombre d’heures d’entraînement qui garantit leur niveau d’expertise. Par ailleurs, tous les pilotes qui étaient engagés dans cette opération l’avaient déjà été sur ce théâtre. Ensuite, il s’agit d’une opération difficile, par nuit noire, nuit de niveau 5, dans des conditions de combat », a fait valoir le CEMA.

« Et j’insiste sur le terme ‘combat’. Ce n’est pas simplement un accident ou une collision. C’est un accident qui se passe lors d’une opération de combat et de reconnaissance avec des hélicoptères qui manoeuvrent en recherchant l’ennemi au sol. Et sans dispositif anti-collision parce que les hélicoptères de l’armée, comme d’ailleurs les avions de combat, n’en sont pas munis parce qu’ils fonctionnent souvent en formation extrêmement serrée […] et qu’ils ne sont évidemment pas engagés selon des normes qui sont celles de l’aviation civile », a ensuite expliqué le général Lecointre.

Et, selon le CEMA, c’est ce qui peut expliquer un accident de cette nature. « Peut » car il se veut cependant prudent dans l’attente de l’examen des boîtes noires et des résultats de l’enquête, menée par le Bureau enquêtes accidents pour la sécurité de l’aéronautique d’État.

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