Le drone européen MALE RPAS coûterait 30% plus cher que le prix attendu par le ministère des Armées
Lors de son audition au Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2020, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] s’était dit inquiet au sujet de l’avenir du projet de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen, encore appelé Eurodrone ou MALE RPAS.
Pour rappel, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoit l’acquisition de « 6 systèmes Eurodrone » composés chacun de trois vecteurs aériens ainsi que deux stations sol à l’horizon 2025.
Lancé en 2013, soit après plusieurs tentatives de coopération ayant toutes échouées, afin de trouver une alternative européenne aux drones américains et israéliens, ce projet est conduit par Airbus [50%], Dassault Aviation [35%] et Leonardo [15%]. Devant bénéficier d’un financement de l’Union européenne au titre du Programme européen de développement de l’industrie de Défense [PEDID], il a franchi une étape majeure en novembre 2018 en passant avec succès sa revue de conception préliminaire.
Seulement, ce programme est actuellement à l’arrêt. Et il ne manque pas de susciter beaucoup de doutes, notamment au niveau de ses [sur]spécifications, exigées par les pays clients [Allemagne, France, Italie, Espagne].
Ainsi, Berlin a tenu à ce que l’Eurodrone ait une double motorisation [une exigence oubliée pour son projet visant à acquérir des appareils américains MQ-4C Triton, ndlr]. Et, selon Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, sa masse avoisinerait les 10 tonnes, contre « seulement » 4 tonnes pour un Reaper américain, charge utile et armement compris.
Dans son rapport sur la LPM 2019-25, le député Jean-Jacques Bridey, avait prévenu que la demande allemande concernant la double motorisation allait poser un problème de coûts.
Certes, « la décision d’opter pour un design bimoteur constitue […] une concession faite aux autorités allemandes, qui, d’une part, ne devra pas amener la France à renoncer à ses priorités et, d’autre part, devra se traduire à l’avenir par une plus grande souplesse de leur part dans la définition des caractéristiques d’autres projets », avait d’abord estimé l’ancien président de la commission de la Défense.
Mais, avait-il fait remarquer, « compte tenu du poids du moteur dans le coût total d’un appareil, une architecture bimoteur conduira nécessairement à augmenter son coût ». Mais pas seulement celui de l’acquisition des appareils… Car l’intégration de deux moteurs signifie aussi une hausse mécanique des coûts de maintien en condition opérationnelle. « Au-delà, le renchérissement de l’appareil pourrait constituer un frein à l’exportation, et ainsi grever son développement », fit valoir M. Bridey.
Et, effectivement, le prix de l’Eurodrone ne correspond pas à celui qui était attendu par la Direction générale de l’armement [DGA]. La ministre des Armées, Florence Parly, l’avait d’ailleurs souligné en juin dernier, lors du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. « Beaucoup a déjà été fait. Mais – et les industriels le savent – je veux leur dire que ce programme ne pourra aller au bout que si le drone qu’ils proposent est compétitif. C’est une question non seulement pour les acheteurs déjà en lice, je veux parler de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie, mais également pour les futurs clients export », avait-elle déclaré.
Seulement, les discussions, qui portent sur le développement, la réalisation des différents systèmes ainsi que le soutien à l’exploitation, peinent toujours à avancer. Elles ont même été récemment qualifiées de « viriles » par Joël Barre, le Délégué général pour l’armement. Et de prévenir, encore une fois, que « nous ne ferons pas le MALE [RPAS] à n’importe quel prix. »
Une négociation trouve généralement une issue rapide quand les exigences des deux parties sont assez proches. Or, ce n’est a priori pas le cas pour l’Eurodrone. Selon le sénateur Cédric Perrin, rapporteur pour avis sur les crédits alloués au programme 146 [Équipement des forces], « l’écart entre le prix attendu par la DGA et le prix proposé par les industriels serait de près de 30 %. »
« Autant dire qu’il y a péril, car le risque est grand, qu’à ce prix-là, les États qui participent au programme n’achètent pas [sans même parler des perspectives d’exportation, qui seraient compromises par un prix trop élevé] », a ainsi estimé M. Perrin, lors d’une réunion de la commission présidée par M. Cambon.
« La tentation pourra alors exister, même pour les pays qui ont participé à ce programme, soit d’acheter un matériel non-européen, soit du moins d’acheter un vecteur sur étagère, pour y greffer une charge nationale. La faisabilité d’une telle solution de repli resterait évidemment encore à expertiser. Mais la question du prix se pose aujourd’hui de façon aigüe. Il reste quelques semaines aux industriels et à la DGA pour se mettre d’accord », a ajouté le sénateur.
Les raisons de cette situation sont connues : ce sont les mêmes que celles qui ont causé les retards et les surcoûts du programme d’avion de transport européen A400M « Atlas ».
Ainsi, M. Perrin a cité le « risque de sur-spécification » qui fait que « si chacun fait sa demande spécifique, qui diffère légèrement ou largement de celle des autres partenaires, on finit par chercher à produire un mouton à cinq pattes », « l’absence de logique industrielle qui conduit d’abord, pour un pays, à réclamer la partie sur laquelle il est le moins compétent, pour chercher à monter en gamme et acquérir une compétence » et « la logique de retour géographique qui consiste à réclamer pour son industrie une part au moins égale à son financement du programme. »
Cela étant, l’écart de prix relatif à l’Eurodrone n’est pas nécessairement lié aux surspécifications étant donné que, a expliqué le rapporteur, « les éléments demandés par les États ont été intégrés depuis 2017, comme par exemple le choix de la double motorisation. » En outre, a-t-il ajouté, il faut « bien penser que le contrat ne porte pas que sur les drones eux-mêmes, mais aussi sur les matériels nécessaires à la formation, en l’espèce des simulateurs, le système de contrôle et même le début du maintien en condition opérationnelle. »
Ensuite, il faut aussi prendre en considération « l’appréciation du risque industriel lié au programme, et la question de savoir qui supporte ce risque, entre les industriels et les Etats clients. »
« La position de l’industrie consiste, semble-t-il, à dire que si c’est elle qui supporte seule le risque du programme, cela s’intègre dans le prix global. La question du prix n’est donc pas qu’une question de coût de production d’un matériel, elle dépend aussi d’appréciation plus subjectives, et bien sûr les analyses peuvent diverger sur ce point », a expliqué M. Perrin.
Quoi qu’il en soit, arriver à un accord sur le prix de l’Eurodrone est essentiel pour les forces françaises – et en particulier pour l’armée de l’Air – étant donné que la LPM repose sur l’idée que, rappelle M. Perrin, « en mutualisant les coûts de développement, d’une part, et en augmentant le nombre d’exemplaires produits du fait des besoins cumulés des différents pays européens participant au programme, on espère obtenir un matériel de meilleur niveau, à un coût moindre ». Qui plus est, le drone MALE européen est appelé à s’intégrer au Système de combat aérien futur [SCAF].
Une fois de plus c’est l’Allemagne qui pose problème.
@Scipion
Je vous rappelle que l’Allemagne toute seule ne peut rien faire. Elle a 31% (https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/drone-male-l-allemagne-sera-le-leader-du-programme-europeen-513982.html) tandis que France-Espagne-Italie ont 25%. Donc il faut qu’ils soient au moins 2 pour imposer certains choix comme la double motorisation. C’est un contre-pouvoir.
–
Par ailleurs est il si absurde d’avoir une double motorisation ? Ça fait un drone plus gros avec plus de capacités, notamment dans le renseignement électromagnétique ce dont n’est pas doté le Reaper. On pourrait envisager d’y installer également à terme ses capacités de brouillage pour assurer des capacités SEAD permanentes. Bref avec l’évolution du SCAF on pourrait avoir besoin d’un drone différent que simplement une pâle copie du Reaper avec 15 ans de retard.
@NRJ : Je suis d’accord avec vos arguments quant à la double motorisation.
.
Je suis moins d’accord avec votre remarque sur la « pale copie du Reaper avec 15 ans de retard ». D’une part, il n’y aucune honte a entrer sur un marché avec du retard (sinon les Airbus n’auraient jamais volés !). D’autre part, il me semble que le RPAS se positionne sur un marché intermédiaire, et ce, alors que le plupart des nations Européennes sont dotés de Reaper. Il me semblait donc plus pertinent de remplacer ces derniers. De fait, le RPAS semble inventer une nouvelle classe de drone… qui ne semble correspondre à aucune demande du marché.
@FredericA
Certes il n’y a aucune honte. Mais si un drone bimoteur plus lourd a une possibilité de trouver un marché export, un drone Reaper européanisé n’a aucune chance. Le marché est saturé entre les américains, les israéliens et les chinois. Et 15 ans de retard leur donne 15 ans d’avance niveau développement et capacités de l’appareil.
Je suppose que l’idée est aussi d’utiliser au mieux les capacités du bimoteur, puisqu’on doit en faire un.
Cette année Leonardo a lancé le Falco Xplorer: 350 kg de charge utile, liaison satellitaire, 24h d’endurance. ITAR free.
Bref le reaper n’est pas aussi incontournable qu’il l’a été il y a encore pas si longtemps.
En matière de défense, il nous faut travailler seuls. Nous sommes capable d’excellence et nous pouvons nous en donner les moyens.
Cette affaire de coopération se fait à notre détriment. Nous avons bien d’autres choses à faire. La question à se poser est: avons nous besoin de cet équipement pour des raisons stratégiques ? Si la réponse est oui, il faut le faire seuls.
@jean
On peut malheureusement pas faire les programmes de Défense tout seuls. La difficulté n’est pas tant technique et technologique que financière. On ne peut simplement pas développer et produire en quantité suffisante des hélicoptères d’attaque, des hélicoptères de transport, des avions de chasse et transport, des drones, etc…
–
Le dernier programme de grande ampleur qu’on a fait en solo est le Rafale. Quand on l’analyse on se rend compte que les promesses tant du côté des industriels (niveau surcoût set retards) que du côté de l’État (réduction de commandes) ont été très limités. Résultat : le programme a failli être arrêté en 2015, puisque l’Etat ne pouvait plus s’acheter les avions. Sans les commandes miraculeuses d’Égypte et du Qatar (et ce serait presque un miracle puisque l’avion n’avait jamais réussi à se vendre jusque là), le programme était arrêté, ce qui en aurait fait l’un des plus gros fiasco militaro industriel français et aurait durablement affaibli notre industrie aéronautique de Défense.
Par ailleurs je vous rappelle qu’on est à 3% de déficit, et une dette à 100% du pib. Sans action rapide, et s’il y a un retournement demain, on sera en faillite budgétaire comme la Grèce en 2010. C’est à prendre en compte quand même…
Quand il est possible d’attaquer l’Allemagne, tout le monde s’y met…
Sauf qu’en face, les autres ont dû accepter.
Et les 2 réacteurs ont un intérêt opérationnel certain. Quand certains ici pensent qu’une guerre civile est possible en France d’ici peu, ce genre de drones gagnera en intérêt. Quand un G7/8, une conférence internationale, ou la visite d’un président, il sera possible de surveiller les mouvements au sol depuis une certaine altitude. Avec un seul moteur, bien plus difficile de le faire en sécurité…
…
Ensuite, la France, même seule de son côté n’est absolument pas exemplaire non plus. Elle fait mieux certes. Mais prenons le Rafale… Certains parlent d’un programme dont les coûts n’ont pas tant monté que ça… C’est vrai si on se concentre sur le programme. Mais si on regarde le coût unitaire, les coûts du programme ont bel et bien explosé !
– 2004: €40.7 Milliards, 286 Rafale
– 2014: €43.56 milliards, 286 Rafale
– 2017: €46.75 milliards, 286 Rafale
-la réduction des commandes de 286 à 225 est estimée à 5 milliards d’euros (6 milliards d’achat, mais 1 milliards de rentrées TVA en moins, donc un solde de 5 milliards.
Donc €41.75, 225
Donc: 40 milliards / 286 : 140.9 millions unitaires
Et 41 milliards /225: 182 millions unitaires
Ça nous fait déjà 30% d’augmentation. Et si on s’amuse à calculer cette valeur en prenant en compte l’augmentation du coût du programme, alors ce coût devrait encore augmenter. On est donc dans le même ordre de grandeur pour un programme franco-français.
@Scipion : euh… vous avez lu l’article en entier ? C’est l’ensemble des pays demandeurs qui posent problème et pas uniquement l’Allemagne.
démonstration par l’absurde: se référer aux succès anciens ( transall, alphajet,..) est totalement à côté de la plaque.Depuis que les krauts sont redevenus arrogants, égoistes et dominateurs, les collaborations avec eux sont ce qu’elles étaient il y a 3/4 de siècle, ein Herrenvolk und Sklaven.
mais non ,le prix vous le fixez parce que des types qui les créer sont payé trop cher ….
attendez que la dictature arrive en France ,vous allez voir vous travaillerez pour la gloire de la Nation à petit prix …
c’est moi qui vous l’dit bandes de p’tits salopards des salons VIP …
général aunomdedieu
L’émotion nationale de la perte hier-soir de 13 hommes au combat, suite à collision en vol de 2 de nos hélicos engagés dans la manœuvre, devrait clairement indiquer que l’industrie et l’usage du drone est d’une importance rare.
.
Aussi, alors que nous savons très bien que notre BITD a des lacunes monstre en la matière, et que nos armées n’en sont malheureusement qu’au stade des balbutiements, mais permettant déjà de valider l’intérêt premier de tels drones aériens,
.
à ce moment là, il n’est plus temps de bloquer sur +30%. Il faut aller de l’avant, et s’équiper en nombre d’un tel outils, et prévoyant dès le départ une polyvalence maximale : tant dans la veille aérienne, qu’au combat avec emport et tir de différentes armes.
.
Alors évidemment, chacun va vouloir son missile anti-char ou sa propre roquette guidée laser … et c’est sans doute là un des facteurs qui va faire exploser le prix de revient (par multiplication des frais d’intégration).
Mais à la fin, y-en a marre de tourner autour du pot et de perdre des dizaines d’années.
.
Prenons nos responsabilités. Commandons ces engins et les équipements/armements associés en nombre,
et faisons au plus tôt planer la mort en permanence au dessus des têtes de nos pires ennemis … en minimisant et sécurisant ainsi l’engagement rapproché de nos soldats.
Voilà voilà. Et certains ici continueront de nous dire que le ngf avec les allemands nous coûtera moins cher …
@Wagdox
On visait un coût de l’Euromale de 1 milliard d’euros (soit grosso modo 4 milliards en tout car on est 4 partenaires du programme). Finalement on serait plutôt à 2 milliards. Donc ça reste un peu moins de 2 fois moins cher que si on le faisait seul (puisque si on développait un programme seul, on achèterait moins de systèmes). Ça reste rentable financièrement pour l’instant, la question étant alors celle de la rentabilité opérationnelle : est ce qu’il n’est pas préférable de payer plus cher mais avoir un drone répondant plus à nos besoins ?
–
Après le fait de faire un programme en coopération n’implique pas miraculeusement une baisse des coûts. Mais ça le permet. Fort heureusement le SCAF semble bénéficier des leçons de l’Eurofighter: un maître d’oeuvre pour le NGF, un pays leader sur le cahier des charges, une volonté des entreprises de collaborer. On ne peut pas prédire le futur, mais le SCAF semble réunir les conditions favorables (traditionnellement difficile à avoir justement) pour une réussite de la coopération.
Wagdoox .. Oubli ton chauvinisme 30 seconde et sois rationnel. On ne parle pas d’un Rafale qui par ailleurs, était presque « trop gros » pour la France seul. On parle d’un appareil de 6e gen, un système de système qui doit être alimenté par un moteur à 3e flux d’air adaptatif et Safran est de loin en retard la dessus par rapport à P&W, GE et RR. Bref, un parle d’un programme qui coûtera minimum le double des 47 milliards d’Euros du programme Rafale.
.
Si la France ne veux pas se retrouvez avec maximum 120 NGF à 180 millions EUR pièces invendables parce que produit à 8 exemplaires par ans et avec une MCO catastrophique comme actuellement avec le Rafale parce que la France n’à ni les moyens pour les crédits, ni le nombre d’appareils pour un bon stock de pièces, bah vas-y, fais le tout seul ton NGF. Mais dans les faits, il faut un partenaire.
.
Le Meilleurs partenaire aurait été de LOIN les Britanniques mais cet imbécile de Macron avec sa Parly ont tout fait foiré sous prétexte du « F-35 » alors que les British n’ont aucuns problèmes à jumeler les deux à savoir F-35 + appareil européen. ITAR, tout les européens n’en n’ont rien à battre hormis la France car elle en est la seul victime au niveau militaire en quoi ? 50 ans ? probablement du fait d’un président qui sera dans les 5 pires présidents de l’histoires des USA […] et qui ne durera pas éternellement.
.
M’enfin bref, vous êtes pris avec les Allemands maintenant et cela comporte 1 avantage et 1 désavantage. Le premier est qu’ils ont beaucoup d’argent. Le deuxième est qu’ils ont une très faible culture militaire en comparaison avec la France et le UK. Exploitez l’avantage, enterrez le désavantage et pour cela, il faut jouer de politique. Ça c’est le bouleau de Macron. Good luck. Mais SI cela réussi avec les allemands : minimum 550 appareils *d’un-seul-coup-de-départ* en comptant l’Espagne donc prix d’achat bas au commencement + poids diplomatique d’export dès le départ + beaucoup d’emplois en France dès le départ et j’en passe. Et tout cela, les Britanniques viennent déjà de le réalisé avec le Tempest qui sera certainement un excellent appareil de 6e gen à venir.
@Nico St Jean
« Le Meilleurs partenaire aurait été de LOIN les Britanniques « . Clairement non. D’une part pour des raisons industrielles : si Airbus et Dassault se sont arrangés pour que Airbus ait le « système de systèmes » et Dassault le NGF, une coopération franco-britannique aurait vu Thales faire le système et Dassault et BAE s’affronter pour le NGF. D’autre part les anglais veulent un avion de supériorité comme le F-22 ou le F-15 là où nous voulons un l’équivalent du F-18SH ou du F-35.
–
Je vous ferai également remarquer que les anglais sont raides. Ils en sont à choisir entre mettre sous cocon ou sous leasing le Queen Elizabeth ou supprimer 20 000 postes dans la British Army.
–
Vous semblez par ailleurs penser que les américains vont accueillir à bras ouvert un cloud concurrent qu’ils ne contrôlent pas en Europe. Ce n’est pas le cas. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les discussions n’ont pas abouti jusqu’à aujourd’hui (https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/avion-de-combat-du-futur-l-allemagne-et-la-france-defient-l-hyperpuissance-des-etats-unis-819963.html). A partir de là, si les anglais acceptent de laisser le contrôle de leur connectivité aux USA, ce n’est pas le cas en France ou pour une partie des allemands qui souhaitent conserver une certaine souveraineté.
–
La conséquence est simple. On a besoin des américains pour combattre (on est un petit pays avec des moyens limités). Si on fait le SCAF en solo ou avec les anglais, on sera le petit poucet de la négociation face aux américains quand il faudra élaborer des protocoles de communication entre leur cloud et le notre. Si on a un cloud avec les allemands, la négociation sera beaucoup plus équilibrée, puisque nous sommes les 2 premières puissances aériennes européennes et que même les américains auront du mal à se passer de nous dans une alliance (surtout si on fait face aux russes).
–
Le Tempest est par ailleurs un avion de 5ème génération. La 6ème génération est caractérisée par la présence de drones autonomes et non-autonomes qui éclairent et appuient les avions de chasse. A partir de là comme le NGF, le Tempest sera avant tout un F-35 amélioré. Par contre le SCAF dans son intégralité sera de 6ème génération (avec toutes les limites du terme Xème génération).
–
Par ailleurs vous sous-estimez le mouvement qui a permis à Trump d’être au pouvoir, car il est bien parti pour être réélu. Par ailleurs la réglementations ITAR ne date pas de Trump. Elle a déjà été utilisée par Obama ce qui nous a empêché de livrer 2 satellites aux EAU.
–
Je suis d’accord avec vous sur le reste.
Ce sera donc la nous version du Reaper qui s’imposera « naturellement ».
https://lemamouth.blogspot.com/2019/07/un-male-des-maux.html
Avec tout ce que cela implique en terme de souveraineté :
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/rapport-pointe-tres-grande-dependance-francaise-en-matiere-drones-127930
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/10/26/17-8-millions-de-dollars-pour-armer-les-reaper-francais-20582.html
La France pointe le sujet à une Allemagne qui fait semblant de ne rien entendre :
https://www.usinenouvelle.com/article/qu-est-ce-que-l-eurodrone-ce-drone-europeen-obese-pas-encore-developpe-et-deja-deteste.N861925
Et après on s’étonne de la différence entre alliances et ressenti :
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/dans-l-armee-francaise-l-enthousiasme-cooperation-l-allemagne-est-199338
Ce sera encore la foire d’empoigne (oublions le MGCS pour l’instant) :
https://blog.mondediplo.net/le-scaf-canard-sans-tete
Dassault ne saurait il pas faire seul un engin longue portée ? L Europe ressemble à un piège sans fin et qui fait alourdir les factures ou aboutir à des délais extensibles…il est temps de capitaliser sur notre capacité nationale et nos besoins pour notre flanc sud et Zee• sinon achetons les reaper…ils fonctionnent déjà .le retard peut il se rattraper? Si on veut réagir il faut une urgence comme de Gaulle fit pour la bombe.stop aux rapports sur les drones et construisons les escadrilles reco frappe …
Une double motorisation peut encore se comprendre. Je pense que c’est une erreur mais au moins ce choix comporte des avantages également.
Si on veut parler de spécification douteuses, quid du SCAF et l’exigence française d’en faire un avion pouvant être opéré à partir d’un PA? Pour la France c’est logique mais pour aucun autre pays c’est une demande qui peut être comprise.
.
Ce que je veux dire par là c’est qu’il faut faire des compromis et pas tirer la couverture toujours vers soi au risque d’y perdre au final. Dans ce cas la hausse probable du prix ne vient pas de la double motorisation comme indique l’article:
« Cela étant, l’écart de prix relatif à l’Eurodrone n’est pas nécaissairement lié aux surspécifications étant donné que, a expliqué le rapporteur, « les éléments demandés par les États ont été intégrés depuis 2017, comme par exemple le choix de la double motorisation. » «
@Tristan
« Si on veut parler de spécification douteuses, quid du SCAF et l’exigence française d’en faire un avion pouvant être opéré à partir d’un PA? »
Ben justement, il semblerait que la France ne soit plus seule à vouloir une version navale du SCAF !…
https://www.avionslegendaires.net/2019/11/actu/pas-de-successeur-en-vue-pour-les-av-8b-harrier-ii-espagnols/
😉
Le point de Tristan, c’est de dire que dans des collaboration, tout le monde a des besoins différents, et qu’il est nécessaire de faire des concessions dans un sens pour en obtenir dans l’autre.
Les matériels issus de collaboration coûtent plus cher en développement en général, car ils intègrent des spécifications plus complexes. MAIS en terme de coût pour chaque pays, ceux-ci sont plus bas.
…
Ensuite, pour le cas du NGF naval, il n’y a que très peu de chance pour qu’il soit le remplaçant du Harrier…
La Marine espagnole a ses nouveaux porte-aéronefs « Juan Carlos » depuis 2010. A priori, un STOVL semble plus approprié au vu de la longueur et du « Ski jump ».
A moins que l’Espagne ne veuille collaborer avec la France pour un PA avec catapulte, il n’y a pas trop de chance pour que l’Espagne ait besoin de la version navale du NGF SCAF. Peut-être un drone au mieux…
@John
Merci, j’avais bien compris le point de Tristan, que je ne relève pas par ailleurs dans son ensemble…
J’apporte juste une précision sur son exemple, qui du coup, ne semble plus forcement approprié au vu des discussions actuelles en Espagne que vous semblez éluder …
Pour le reste, précision, L’Espagne ne dispose que d’un seul BPE Juan Carlos1, et il n’est pas impossible qu’à l’avenir elle le destine à un usage uniquement porte-hélicoptères, qu’elle le revende, où qu’elle le fasse durer avec ses Harrier II jusqu’à un changement de format, pour un PA CATOBAR qui verrait peut être la construction d’une série franco-allemano-espagnole… voire plus ! Les allemands commencent à penser à cette idée…
De plus, quel serait l’intérêt d’entretenir une micro-flotte de F-35B coûteuse à l’achat et hors de prix en MCO ? D’autant qu’au passage, l’Ejercito del Aire semble se poser aussi des questions pour le remplacement de ses F/A-18, et ou le F-35 A n’est plus forcement favori malgré le lobbying intense de LM…
Bref, seul l’avenir nous dira ce qui adviendra de la capacité air de l’Armada, mais visiblement, des voix politiques en Espagne commencent à y penser…
C’est sûr qu’aucune certitude n’existe pour le futur espagnol en dehors peut-être du SCAF pour l’Eurofighter.
Et en effet, rien ne dit qu’un PA CATOBAR ne puisse pas remplacer ce que les Espagnols ont maintenant.
Mais mon opinion se base sur plusieurs éléments:
– les problèmes financiers
– le fait que l’Espagne n’est plus très active militairement
Donc un PA CATOBAR, même en collaboration me surprendrait. Mais en effet rien d’impossible.
…
Ensuite, oui, une micro-flotte de F-35B coûterait bonbon.
Mais ce type de solution correspond beaucoup plus à leur activité militaire. Et vu le prix d’un nouveau PA, le F-35 resterait bien moins cher.
Mais tout ça c’est de la spéculation.
Quoi qu’il en soit, bonne nouvelle, ils ont commandé le PC-21
Il est nécessaire que ce programme aille au bout. Mais je pense que l’un des problèmes des coopérations avec les allemands est le très faible emploi de leurs forces ce qui se traduit nécessairement par un manque de réflexion doctrinaire.
Une armée qui combat constate en permanence ses forces et ses faiblesses, notamment en ce qui concerne l’équipement. La doctrine est ajustée en permanence de même que les besoins en matériel. Donc les spécifications des nouveaux matériels vont découler directement des retex du terrain.
Pour une armée qui ne combat pas ou très peu, la doctrine est nécessairement beaucoup plus vaporeuse et les spécifications du matériels deviennent hors-sol.
Continuons de faire des projets avec les allemands…Jusqu’au jour où nous nous apercevrons que ceux-ci ont un projet similaire « top secret « , tout prêt à être lancé.
@jcr : Par définition, un projet « top secret » n’est pas sur le point d’être lancé.
.
Après les études « top secrètes », il faut concevoir et réaliser des démonstrateurs et/ou prototypes (nettement moins secret puisqu’il implique des centaines de personnes) puis préparer l’industrialisation (pas du tout secret… des dizaines de milliers).
La double motorisation peut permettre de proposer sur le marché des capacités différentes de celles apportées par un REAPER.
C’est sans doute le véritable enjeu: ne pas tenter de concurrencer le REAPER qui a pris trop d’avance (1er vol en 2001!), comme le font les drones israéliens, chinois ou turcs. De toutes les façons nous ne pourrons le proposer au même coût en raison de l’effet de série dont il bénéficie. Proposons autre chose qui n’existe pas encore sur le marché. Je crains hélas que nos petits calculs budgétero-comptables nous éloignent de cette logique.
D’autant plus que, de part son format, l’EUROMaleRPAS se situera entre les formats d’un Reaper et d’un Hawk, et sera clairement plus gros que le Reaper.
Il aura sans doute plus d’endurance et de capacité d’emport que ce dernier, et pourra peut-être assurer des missions similaires à celles du Hawk.
.
Sachons garder la tête froide, et ne nous endormons pas trop, car nous avons besoin de ces drones au plus vite !!!
@ULYSSE. J’ai surtout l’impression que comme d’autres vous tentez de chercher une excuse pour validez le concept de double motorisation qu’on choisit les allemands en pensant que ça va permettre d’ouvrir un nouveau marché à l’export et que les allemands ont pensée à ça en premier.
Sauf que non,encore une fois,ce choix de double motorisation se base bien sur les besoins allemands,soit la surveillance de leurs territoires et des civils,l’exportation de ce drone,je pense qu’ils s’en foutent un peu et ça peut se ressentir et surtout que ce n’était pas la raison première de leurs choix pour les deux moteurs (l’export) et on ne sait même pas si ils vont les utiliser régulièrement contrairement à nous en Afrique ou avoir deux moteurs,on s’en passera bien,il y a peu de chance qu’on le perde.
–
Donc bon sang arrêter de chercher des excuses à tout va pour valider ce programme comme dire qu’on peut ouvrir un nouveau marché à l’export (dont une bonne partie s’en foutent vus qu’apparemment les 4 acheteurs du drone suffiront) ou dire qu’on peut les utiliser sur notre territoire nationale en prévision d’une soit disant guerre civile alors que de simple Sperwer ou Patroller suffiront pour ce genre de cas,en plus d’être moins coûteux et plus nombreux à déployer sachant que les territoires susceptible d’être proie à ce conflit on les connait potentiellement déjà et ils sont souvent concentré dans certaines villes. (post de John)
Ach ! Sabotage !
Fralipoiipi merci de votre analyse .
Dommage que la nécessité de drones armés en nombre suffisant ne soit meme pas évoquée par nos média à l’heure de ce drame .
Politiciens et journaliste forment une drôle de caste complètement déconnectée des réalités .
@ Alain Pierre
Ça arrive, ça arrive…
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/10/26/17-8-millions-de-dollars-pour-armer-les-reaper-francais-20582.html
Mais vu le nombre, cela ne fera pas tout :
https://www.avionslegendaires.net/2019/03/actu/tous-les-reaper-de-larmee-de-lair-seront-finalement-armes/
question de béotien : l’option de droniser un avion de la gamme Falcon qui a déjà une sacrée autonomie pour certains en améliorant les caractéristiques qui vont bien (taille des réservoirs, …) airait-elle un sens ?
J’ai vu que pour le futur avion de patrouille maritime c’était l’option retenue (je ne parle pas de l’aspect drone pour ce cas de figure)
Il me semble que Safran est parti d’une base / cellule existante pour son Patroler (base de planeur allemand à l’origine).
Pas sûr que l’idée de bricoler une cellule peut-être mal adaptée soit une bonne idée et revienne pas plus cher au final mais la question a elle été étudiée ?
@ PeterR
Les allemands veulent deux moteurs car cela limite le risque de crash. Vu qu’ils veulent s’en servir pour surveiller leur population, donc au-dessus des villes (voir le crash du matériel popov, il n’y a pas longtemps).
https://www.lefigaro.fr/societes/l-eurodrone-futur-drone-de-surveillance-europeen-vise-un-premier-vol-d-essai-en-2024-20190618
Adapter un falcon avantagerai trop les entreprises françaises (Dassault, Thales). Ce sont les affaires qui priment et les industriels allemands veulent mettre la main sur le savoir-faire qu’ils n’ont pas encore.
Oui, et ?
Si on prend par exemple le Falcon 2000s :
https://www.dassault-aviation.com/fr/civil/la-famille-falcon/falcon-2000s/
C’est un bimoteur. Il est certifié civil. Le fait de le droniser impose une recertif en profondeur, sauf si pour ce type d’application on garde la possibilité de laisser le pilote. J’imagine quand même que le fait qu’une version soit déjà certifié minimiserait grandement l’effort à produire.
Après les allemands pourraient se voir confier une plus grosse partie sur l’aspect dronisation (équipements de bord, stations sol) histoire de répartir équitablement le marché. Mon propos n’est pas que la France récupère tout le boulot mais d’avoir une solution efficace, rapidement et au meilleur coût. La cellule est surement plus chère mais comme elle existe déjà les NRC devraient être sacrément réduits.
Le gros pb que je voyais c’est qu’on passe dans la gamme 20T. D’un autre coté ça devrait plaire au allemands qui veulent toujours eine plus gross colassale machine.
Le but de la manœuvre pour les allemands est de mettre entièrement la main sur les secteurs industriels où ils ne sont pas déjà leaders.
L’efficacité militaire n’est que le prétexte.
L’hypothèse d’un Falcon dronisé ne leur donnerait pas ce qu’ils veulent réellement.