Pour l’Otan, l’espace sera un nouveau « domaine opérationnel »

En 2016, et considérant que les cyberattaques pouvaient atteindre un « seuil susceptible de menacer la prospérité, la sécurité et la stabilité des États et de la zone euro-atlantique » et que leur « impact sur les sociétés modernes pourrait être tout aussi néfaste que celui d’une attaque conventionnelle », l’Otan avait décidé de faire du cyberespace un domaine opérationnel à part entière, au même titre que les milieux terrestres, navals et aériens.

Et l’organisation vient de décider d’en faire de même avec l’espace, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de ses États membres, organisée le 20 novembre, à Bruxelles.

En effet, l’espace est devenu indispensable pour les activités scientifiques, commerciales et… militaires. Or, avec le développement d’armes anti-satellites [qui vont des objets manoeuvrants aux missiles en passant par les armes laser et, justement, les cyberattaques], on assiste depuis quelques années à une « arsenalisation » de l’espace, qui est ainsi en train de devenir un domaine opérationnel comme un autre.

C’est ce qui explique la volonté de la France de se doter d’une « stratégie militaire de l’espace », qui reposera sur un commandement dédié au sein de l’armée de l’Air ainsi que sur des capacités de légitime défense. Et, aux États-Unis, il est désormais question de créer une nouvelle branche des forces armées américaines qui sera dédié aux activités spatiales.

« L’espace fait partie de notre vie quotidienne ici sur Terre. Il peut être utilisé à des fins pacifiques. Mais il peut aussi être utilisé de manière agressive. Les satellites peuvent être bloqués, piratés ou armés. Les armes antisatellites pourraient paralyser les communications et d’autres services sur lesquels reposent nos sociétés, tels que le transport aérien, les prévisions météorologiques ou les opérations bancaires », a fait valoir Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

« L’espace est également essentiel à la dissuasion et à la défense de l’alliance, notamment pour les capacités à naviguer, à recueillir des renseignements et à détecter les lancements de missiles », a-t-il aussi fait observer.

D’où la décision de l’Alliance d’en faire un nouveau domaine opérationnel. « Notre approche restera défensive et pleinement conforme au droit international. L’Otan n’a pas l’intention de placer des armes dans l’espace. Mais nous devons nous assurer que nos missions et opérations bénéficient du soutien approprié », a expliqué M. Stoltenberg.

« Il peut s’agir de « permettre aux planificateurs de l’Otan de demander aux alliés de fournir des capacités et des services, tels que des heures de communications par satellite », a souligné l’ex-Premier ministre norvégien. En clair, l’Otan ne disposera pas de ses propres capacités spatiales… ces dernières devront être fournies par les Alliés.

Cela étant, cette décision de l’Otan concernant l’espace n’a pas manqué d’être critiquée par la Russie, par ailleurs accusée par Paris de s’intéresser d’un peu trop près aux satellites utilisés par les forces françaises, via son engin « butineur » Luch Olymp.

« La planification militaire de l’Alliance vise à atteindre l’excellence dans tous les environnements, avec toutes les conséquences qui en découlent sous la forme de militarisation et d’escalade des tensions », a en effet réagi Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

« À présent, l’Alliance a atteint l’espace. Nous allons bien sûr surveiller de près comment les assurances du secrétaire général de l’Otan, M. Stoltenberg, qui affirme que l’organisation n’a pas l’intention de déployer des armes dans l’espace, seront mises en œuvre », a continué Mme Zakharova.

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