Israël dit avoir mené des frappes de « grande ampleur » contre des sites militaires iraniens en Syrie

Alors que la situation politique israélienne est toujours bloquée, le Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le Kahol Lavan [Bleu-Blanc, centriste] de Benny Gantz, ex-chef d’état-major de Tsahal, n’ayant pu faire la différence lors des dernières élections législatives, le contexte sécuritaire demeure tendu pour Israël.

Ainsi, la semaine passée a été marquée par une brusque montée de tension entre Israël et le Jihad islamique, établi dans la bande de Gaza et soutenu par l’Iran [bien que sunnite, ce mouvement a par ailleurs des liens avec le Hezbollah libanais, ndlr].

Tout a commencé après que Tsahal a annoncé avoir effectué une « frappe chirurgicale » contre Baha Abou al-Ata, un commandant du Jihad islamique palestinien, accusé d’avoir fomenté plusieurs attaques contre l’État hébreu et soupçonné d’en préparer de nouvelles.

Le Jihad islamique a ensuite répliqué en tirant 450 roquettes en direction d’Israël, pour la plupart interceptées, quand elles présentaient un danger, par le système anti-missile Iron Dome. Et Tsahal a riposté en bombardant plusieurs positions du groupe islamiste dans la bande de Gaza. Un cessez-le-feu a ensuite été trouvé quarante-huit heures plus tard.

Cependant, l’une de ces frappes israéliennes, ayant visé Rasmi Abou Malhous, présenté comme étant un autre commandant du jihad islamique, a fait 7 autres tués à Deir al-Balah, le 14 novembre. « Selon les informations dont l’armée disposait lors de la frappe, il n’était pas prévu que celle-ci fasse des victimes civiles », a expliqué Tsahal, qui a dit avoir ouvert une enquête.

Deux jours plus tôt, un haut responsable politique du bureau du Jihad islamique, Akram al-Ajouri, avait été vainement visé par une frappe présumée israélienne dans la banlieue de Damas, en Syrie. Les deux enfants de ce responsable ont été tués lors de ce raid et six autres personnes ont été blessés.

Quoi qu’il en soit,et au-delà de la dispute territoriale concernant le plateau du Golan, la Syrie reste une autre ligne de front pour Israël, dans la mesure où Damas accepte une présence militaire iranienne relativement importante [que ce soit via la force al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, et les milices chiites inféodées à Téhéran, ndlr].

D’où les frappes régulièrement effectuées par la force aérienne israélienne [IAF], soit en réponse à des tirs de missile en direction des territoires israéliens, soit pour viser les capacités militaires iraniennes déployées en Syrie, soit pour empêcher des transferts d’armes au Hezbollah.

En septembre 2018, un responsable militaire israélien avait affirmé que Tsahal avait mené pas moins de 202 frappes en territoire syrien au cours des 18 derniers mois. « Les forces de sécurité israéliennes continueront à mener avec force et détermination des actions contre les tentatives de l’Iran d’implanter ses forces et des systèmes sophistiqués d’armement en Syrie », avait prévenu M. Netanyahu.

Et cela, malgré la présence des forces aérospatiales russes, qui sont en mesure de surveiller l’espace aérien syrien avec leur système S-400 déployé sur la base de Hmeimim [province de Lattaquié] ainsi que le renforcement des capacités de défense aérienne syriennes, avec la livraison de batteries russes S-300.

En janvier, et contrairement à ses habitudes, Tsahal avait indiqué avoir visé quatre sites de l’unité al-Qods en Syrie, en réponse à un tir de missile de facture iranienne vers la station de sports d’hiver du mont Hermon. Le même scénario, d’une toute autre ampleur, s’est reproduit ce 20 novembre.

Ainsi, la veille, la défense antimissile israélienne avait intercepté quatre engins tirés depuis la Syrie, en direction du nord d’Israël. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH] fit alors état de frappes israéliennes de représailles.

Mais quelques heures plus tard, Tsahal a affirmé avoir mené une opération de « grande ampleur », ses « avions de combat » ayant « frappé une dizaine de cibles militaires des forces iraniennes al-Qods et des forces armées syriennes, incluant des missiles sol-air, des quartiers généraux, des entrepôts et des bases militaires. » Au total, six sites ont été visés, notamment près de Damas et dans le sud de la Syrie.

« Lors de notre frappe contre les cibles terroristes syriennes et iraniennes, un missile syrien de défense aérienne a été tiré malgré de claires mises en garde. Ainsi, plusieurs batteries syriennes de défense aérienne ont été détruites », a continué Tsahal. Et d’ajouter : « Nous tenons le régime syrien responsable des actions qui se déroulent sur son territoire et lui déconseillons d’autoriser de nouvelles attaques contre Israël. Nous continuerons à opérer fermement et autant que nécessaire contre l’enracinement de l’Iran en Syrie. »

De son côté, via l’agence officielle Sana, Damas a confirmé l’ampleur des frappes israéliennes.

« A 01H20 [23H20 GMT] des avions militaires israéliens ont lancé un certain nombre de missiles près de Damas. Notre défense anti-aérienne a riposté à cette lourde attaque, a intercepté les missiles hostiles et a été en mesure d’en détruire la plupart », a ainsi assuré Sana, citant une source militaire.

D’après l’OSDH, les raids israéliens ont de nouveau visé la base aérienne de Mazzé, prés de la capitale syrienne. « Des batteries anti-aériennes appartenant à l’armée syrienne ont été détruites », a-t-il indiqué. Des dépôts d’armes de l’unité al-Qodes situés dans le secteur de Kesswé [au sud de Damas, ndlr] et dans celui d’al-Qaidissiya [ouest de Damas] ont également été bombardés.

Toujours selon la même source, les raids israéliens auraient fait au moins 11 tués, dont 7 combattants « étrangers ». « Nous ne pouvons pas confirmer si les sept étrangers sont tous des Iraniens ou des combattants pro-iraniens de différentes nationalités », a dit l’OSDH.

Cela étant, cette opération de Tsahal se veut aussi être un message adressé à Téhéran, comme l’a fait valoir Naftali Bennett, le ministre israélien de la Défense. « Les règles ont changé : quiconque tire sur l’État d’Israël pendant la journée ne dormira pas la nuit. Comme la semaine dernière et cette semaine. Notre message aux dirigeants iraniens est simple : vous n’êtes pas à l’abri. Quelle que soit l’étendue de vos tentacules, nous les détruirons », a-t-il dit, après comparant ainsi Téhéran avec la tête d’une pieuvre.

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