Le saccage du monument dédié au maréchal Juin est un « acte qui bafoue notre mémoire nationale commune »

Le 16 novembre, à l’occasion du premier anniversaire du mouvement des « gilets jaunes », des individus ont saccagé le monument qui, érigé sur la place d’Italie, à Paris, rend hommage au maréchal Alphonse Juin ainsi que, plus généralement, au Corps expéditionnaire français d’Italie [CFE-I], qui s’illustra au cours de la bataille de Monte Cassino, lors de la percée de la ligne « Gustave », en mai 1944.

Né en 1888 à Bône [Algérie], Alphonse Juin est le dernier général de à avoir été élevé à la dignité de maréchal de France de son vivant. Condisciple du général de Gaulle à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr [promotion de Fès], ce qui fera qu’il sera l’un des rares à tutoyer le chef de la France Libre, il s’est d’abord illustré durant la Première Guerre Mondiale [il sera gravement blessé, perdant l’usage d’un bras] avant d’être brevété de l’École supérieure de guerre et de rejoindre le maréchal Lyautey au Maroc.

Ayant pris part à la guerre du Rif, Alphonse Juin alternera les postes de commandement et les affectations à l’École de Guerre en tant que professeur. Fait prisonnier lors de la Campagne de France de mai-juin 1940 alors qu’il commandait la 15e division d’infanterie motorisée, il sera libéré par les autorités allemandes à la demande du gouvernement de Vichy.

Nommé adjoint au général commandant supérieur des troupes du Maroc, le général Juin reste loyal au maréchal Pétain jusqu’à l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes, consécutive au débarquement allié en Afrique du Nord. Puis il reçoit le commandement des forces françaises engagées en Tunisie, avant d’être nommé à la tête du CEF-I par le général de Gaulle, avec lequel il entretenait des rapports compliqués. Après la guerre, il quittera ses fonctions de chef d’état-major de la Défense pour celles de Résident général au Maroc. Puis il deviendra le commandant en chef du secteur Centre-Europe de l’Otan [1951-56]. En 1952, il recevra son bâton de maréchal et sera élu à l’Académie française.

Politiquement, le maréchal Juin ne s’était jamais privé de faire part de ses désaccords avec la politique suivie par le gouvernement français et/ou inspirée par le général de Gaulle [notammnent sur le cas du maréchal Pétain et l’affaire algérienne].

Pour autant, ceux qui ont saccagé le monument dédié au maréchal Juin [et oeuvre du sculpteur André Greck] étaient sans doute à mille lieues de ces considérations… étant donné que, a priori, ils cherchaient à créer un point de fixation contre les forces de l’ordre au niveau de la place d’Italie.

« Ils ne s’en prennent pas au monument du maréchal Juin, ils fabriquent des armes. Ils cassent les plaques de marbre parce qu’ils ont bien conscience qu’elles sont dangereuses et ils s’en servent comme des projectiles contre nos forces de sécurité », a expliqué Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. « Ce sont aussi des imbéciles, on peut être à la fois imbécile, brute et voyou », a-t-il jugé.

« Notre mémoire nationale est le ciment de nos valeurs républicaines. Détruire ce qui nous rassemble traduit un manque criant de sens et de respect », a réagi Florence Parly, la ministre des Armées.

Mais c’est la secrétaire d’État auprès de la ministre, Geneviève Darrieussecq, qui aura eu les mots les plus sévères à l’endroit des vandales… Vandales qui avaient également sévi contre l’Arc de Triomphe, en décembre 2018.

« Écœurée et scandalisée par cette nouvelle dégradation des symboles de notre Mémoire nationale. Le Maréchal Juin et tous ses soldats ont combattu le nazisme et se sont battus pour notre liberté. Aucune cause ne justifie de tels actes, aucune », a d’abord affirmé Mme Darrieussecq via Twitter.

« C’est une nouvelle fois notre mémoire nationale commune qui est saccagée bafouée par des individus casseurs qui sont complètement hors de la République […] Ces actes là sont très condamnables, j’espère que la police pourra retrouver ces individus et qu’ils pourront être jugé de façon très sévère », a ensuite fait valoir la secrétaire d’État sur les ondes d’Europe 1, ce 17 novembre.

Photo : maréchal Juin

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