Washington fait grimper ses exigences financières pour maintenir ses forces en Corée du Sud et au Japon

En vertu d’un accord sur les « mesures spéciales » devant expirer en 2021, le Japon verse environ 2 milliards de dollars aux États-Unis pour compenser le coût que représente la présence de 54.000 militaires américains dans l’archipel. Mais, selon la revue Foreign Policy, cette participation financière serait insuffisante pour le président Trump…

En effet, le chef de la Maison Blanche voudrait quadrupler cette contribution financière japonaise en la portant à 8 milliards de dollars par an. Pourtant, cette présence militaire américaine au Japon sert directement les intérêts des États-Unis, qui font de la région Indo-Pacifique une priorité.

En outre, et depuis plusieurs années maintenant, Tokyo augmente régulièrement ses dépenses militaires – ce qui participe au « partage du fardeau » si cher à M. Trump – pour acquérir des équipements américains coûteux, comme l’avion de combat F-35 ou les systèmes anti-missiles. Selon le Congressional Research Service, le Japon achète plus de 90% de ses matériels militaires auprès de sociétés américaines de l’armement.

Qui plus est, rappelle Foreign Policy, Tokyo « assume la majeure partie des coûts liés à trois des plus grands projets de construction de d’emprises militaires internationales depuis la Seconde Guerre mondiale », comme le déplacement de la base de Futenma, située au centre d’une zone urbaine au sud d’Okinawa vers Henoko [12,1 milliards et la base aérienne des Marines d’Iwakuni [94% des 4,8 milliards].

« Si les États-Unis retiraient leurs forces du Japon, cela coûterait cher aux contribuables américains » car ils « devraient alors assumer les coûts actuellement supportés par le Japon, comme les salaires des 24.000 employés civils des bases et les dépenses liées aux services publics pour les familles des militaires », a fait valoir James Zumwalt, un ancien diplomate désormais membre de la Sasakawa Peace Foundation.

Cependant, l’information de Foreign Affairs n’a pas encore fait l’objet de commentaires de la part de l’administration américaine. Et un porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères a dit, à l’agence Reuters, qu’elle était « incorrecte » étant donné qu' »aucune négocation sur un nouvel accord de mesures spéciales n’avait eu lieu. »

Quoi qu’il en soit, il est certain que Washington veut obtenir davantage de la part de Séoul pour maintenir ses 28.500 militaires en Corée du Sud, alors même que les négociations sur le programme nucléaire nord-coréen sont au point mort.

« C’est une alliance très forte que nous avons, mais la Corée du Sud est un pays riche et elle peut et doit payer plus pour aider à compenser le coût de la défense », a en effet déclaré Mark Esper, le chef du Pentagone, lors d’un déplacement à Séoul, le 15 novembre.

L’an passé, et à la faveur des discussions relatives au renouvellement d’un accord de mesures spéciales signé en 2014, l’administration Trump avait engagé un bras de fer avec le gouvernement sud-coréen, exigeant une hausse de 41% de la participation financière de Séoul au maintien du contingent militaire en Corée du Sud.

Il s’agissait, avait-il été expliqué à l’époque, de faire prendre en charge par Séoul les coûts relatifs au « soutien opérationnel » des déploiements américains dits « stratégiques », comme ceux des porte-avions, des sous-marins et des bombardiers, alors que, dans le même temps, les exercices militaires conjoints de grande ampleur, tels que Foal Eagle et Key Resolve, n’étaient plus d’actualité.

Finalement, un accord, valable pour seulement un an, a été trouvé… Et Séoul dut consentir une hausse de 10% de sa participation financière, cette dernière devant alors s’élever à 920 millions de dollars [1.040 milliards de wons].

Visiblement, Washington a donc bien l’intention de revenir à la charge alors que l’accord signé au début de cette année va bientôt expiré. Selon la presse américaine, il serait question que Séoul multiplie par cinq sa contribution financière, ce qui réprésenterait près de 5 milliards de dollars par an.

Ce chiffre n’a cependant pas été confirmé Jeong Kyeong-doo, le ministre sud-coréen de la Défense. Ce dernier s’est contenté de souligner que le partage du fardeau financier avait toujours été, jusqu’à présent, « juste et raisonnable » et qu’il « devrait le rester ».

Quoi qu’il en soit, a epliqué, à CNN, Scott Snyder, un expert de la péninsule coréenne du centre de réflexion « Council on Foreign Relations, cette façon de faire monter les enchère pourrait « servir de prétexte pour retirer les troupes américains de Corée du Sud. » Ce qui, comme pour le Japon, serait un cadeau fait à la Chine, à la Russie et à la Corée du Nord…

« Jusqu’à présent, les pays acceptaient le leadership américain en partie parce qu’ils savaient qu’ils pourraient en tirer des avantages. Mais si Washington se met à jouer contre les intérêts de ses alliés – comme en Ukraine ou en Corée du Sud –, les autres nations vont finir par ne plus laisser les Américains faire ce qu’ils veulent », a de son côté, estimé Gustav Meibauer, spécialiste de la politique étrangère américaine à la London School of Economics, cité par France24.

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