Les forces russes déploient des hélicoptères à Qamichli, une importante ville kurde dans le nord-est de la Syrie

Finalement, et après la décision de M. Trump de retirer les troupes américaines du secteur où la Turquie avait dit vouloir instaurer une zone de sécurité dans le nord-est de la Syrie en lançant l’opération « Source de paix » contre les milices kurdes syriennes [YPG], partenaires de la coalition anti-jihadistes mais considérées comme terroristes à Ankara, les États-Unis garderont une présence militaire relativement importante dans la région…

En effet, le 13 novembre, le chef du Pentagone, Mark Esper, a indiqué qu’entre « 500 et 600 » soldats américains resteraient dans le nord-est de la Syrie, notamment pour protéger les sites pétroliers et gaziers situés dans la province de Deir ez-Zor. Cette mission a d’ailleurs été confiée 4-118th Infantry Regiment, qui relève de la 30th Armored Brigade Combat Team [ABCT] de l’US Army.

Cependant, ces chiffres ne sont pas gravés dans le marbre. Surtout si, comme l’espère M. Esper, des alliés européens décidaient de « renforcer leurs effectifs » dans le pays. « Les choses changent. Les évènements sur le terrain changent. Nous pourrions par exemple voir des partenaires et alliés européens nous rejoindre », a-t-il en effet affirmé. « S’ils nous rejoignent sur le terrain, ça pourrait nous permettre de redéployer davantage de forces américaines là-bas », a-t-il ajouté.

Seulement, pour les Européens, Français en tête, la priorité est d’empêcher une résurgence de l’État islamique [EI ou Daesh]. Même si son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, a été éliminé par un raid des forces spéciales américaines, il n’en reste pas moins qu’elle est encore active. En témoigne les attentats qui ont visé, le 11 novembre, un quartier chrétien de Qamichli, une importante ville kurde située dans le nord-est de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie.

Par le passé, cette cité a été le théâtre d’affrontements entre les forces de police kurdes [les « Assayech »] et une milice pro-gouvernementale. Désormais, après le retrait américain et l’accord trouvé par le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, pour suspendre l’opération de la Turquie contre les milices kurdes syriennes, les forces aérospatiales russes viennent de s’y établir.

Selon Moscou, et en particulier la chaîne de télévision Zvezda, propriété du ministère russe de la Défense, trois hélicoptères [un Mi-8 de transport et deusx Mi-24/35 d’attaque] ont été redéployés de la base de Hmeimim [province de Lattaquié] vers l’aéroport de Qamichli. Leur protection au sol est assuré par un système antiaérien Pantsir S1 et un détachement de la police militaire russe.

« C’est le premier groupe d’hélicoptères de combat russe dans le nord de la Syrie. Le moment est historique: notre groupe aérien sera désormais constamment présent dans l’aéroport de la ville de Qamichli. Depuis le sol, les hélicoptères sont protégés par le système de défense antiaérienne Pantsir. La zone d’atterrissage est encerclée par les policiers militaires », a indiqué Zvezda, citée par Sputnik, qui précise que le vol entre Hmeimim et le nord de la Syrie « a pris environ cinq heures » et que les trois appareils ont « pratiquement volé en rase-motte, à une altitude inférieure à 50 mètres. »

Selon l’agence TASS, des hélicoptères russes « effectuent quotidiennement des missions de patrouille le long des routes désignées dans le nord-est de la Syrie depuis déjà une semaine » et le territoire couvert par les « patrouilles aériennes est en expansion constante. » Et d’ajouter : « la province d’Hassaké, frontalière de la Turquie et de l’Irak, est désormais sous leur contrôle. »

L’accord conclu par MM. Poutine et Erdogan le 22 octobre dernier, à Sotchi, prévoyait le déploiement d’unités de la police militaire russe et de gardes-frontières syriens dans les secteurs adjacents à la zone de l’opération « Source de paix » ainsi que des patrouilles conjointes russo-turques.

À noter que d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], les forces américaines seraient encore présentes non loin de Qamichli, précisément dans le secteur de Rmeilane, plus à l’est.

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