Sahel : M. Macron va « repréciser le rôle » de la force Barkhane

Même si les forces armées maliennes, nigériennes et burkinabè ont récemment subi de lourds revers face aux groupes armés terroristes [GAT] qui sévissent dans le Sahel, le commandant de la force française Barkhane, le général Pascal Facon, n’a pas remis en cause la stratégie suivie jusqu’alors, dans un entretien diffusé par l’AFP, le 8 novembre.

« L’influence djihadiste n’est pas massive, mais il y a des vides qui sont liés au fait que ce sont des pays en guerre, avec des crises, des situations qui préexistaient, il ne faut jamais l’oublier. Les pays du Sahel doivent simultanément traiter des questions structurelles sur lesquelles se greffe une situation terroriste conjoncturelle. C’est une maladie opportuniste », a d’abord souligné le général Facon.

Et, selon lui, les terroristes ne sont pas « forcément plus puissants » qu’avant. Cependant, ils ont une « capacité de reconfiguration » et profitent des lacunes des États. En outre, si les « terroristes n’ont pas grandi en nombre », en revanche, « ce qui peut avoir augmenté est le nombre de gens qui profitent d’une situation détériorée pour s’adonner à des actes de banditisme, quitte à endosser l’habit du terroriste. »

Pour rappel, la stratégie actuelle vise à affaiblir les groupes jihadistes afin de les mettre à la portée des forces armées locales [notamment maliennes] et, dans le même temps, à faire monter en puissance des dernières. La Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], forte de 5.000 hommes déployés selon trois fuseaux [Ouest – Centre – Ouest] en est l’une des clés. Seulement, les fonds promis pour assurer son fonctionnement tardent toujours à être débloqués.

« La stratégie militaire n’est pas en cause. On peut essayer de chercher des responsabilités, ok, et après? Quelles sont les stratégies alternatives? Il faut avoir de la patience stratégique, de la persévérance, c’est fondamental. Mais on comprend aisément que cela puisse être questionné, c’est normal », a affirmé le général Facon.

Cela étant, la France est à la manoeuvre pour déployer l’unité « Takuba » [« Sabre » en tamachek], qui réunira des forces spéciales européennes pour accompagner les armée locales, y compris au combat. « Ce sera le sabre qui armera les forces armées maliennes sur le chemin de l’autonomie et de la résilience », a déclaré, la semaine passée, Florence Parly, la ministre française des Armées, lors d’une tournée au Sahel.

Cette unité de forces spéciales européennes viendra en complément de la force Barkhane d’ici le second semestre 2020. Mais elle ne constituera pas la seule évolution du dispositif actuellement déployé au Sahel. Recevant, le 12 novembre, ses homologues Idriss Déby Itno [Tchad], Mahamadou Issoufou [Niger] et Ibrahim Boubacar Keita [Mali], le président Macron a en effet indiqué que des décisions seraient prochainement prises dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes dont l’emprise, en Afrique de l’Ouest, « continue de croître », selon un récent rapport des Nations unies.

« Nous avons avancé sur la situation sécuritaire » et sur « les décisions » qui seront annoncées « dans les prochaines semaines pour reconcentrer la force conjointe » [du G5 Sahel] « sur le fuseau central », a en effet déclaré M. Macron. Et il a également indiqué qu’il aura bientôt à « repréciser le rôle de Barkhane » et à « confirmer et conforter l’engagement » de la France dans la région.

Par ailleurs, le président français a assuré qu’il rappelerait « à l’ordre » les pays partenaires qui « s’étaient engagés dans l’Alliance pour le Sahel et qui tardent parfois à livrer leur aide. » Et de préciser que des livraisons d’équipements militaires aux forces locales sont attendues « en fin d’année et au début de l’année prochaines. »

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