Paris va apporter un « soutien militaire » à Kinshasa pour lutter contre les groupes armés

En 1999, via la résolution 1279, le Conseil des sécurité des Nations unies autorisa le déploiement d’une mission de maintien de la paix en République démocratique du Congo [RDC], qui se trouvait alors en état de déliquescence après la fin du règne du président Mobutu, avec un conflit armé dans l’Ituri, une région située dans l’est ce pays de 2 millions de kilomètres-carrés.

Ce conflit, appelé « deuxième guerre du Congo », impliquait pas moins de 9 pays africains et de nombreux groupes armés et autres milices aux intérêts contradictoires et aux alliances incertaines. Il donna lieu à la première opération militaire conduite sous l’égide de l’Union européenne [UE], avec la France pour nation-cadre [opération Artemis, de juin à 6 septembre 2003, ndlr]. Il s’agissait alors de permettre la mise en place de la nouvelle « Brigade Ituri » de la MONUC [devenue, depuis, la MONUSCO].

La formation d’un gouvernement de transition, à Kinshasa, mit un terme à cette guerre. Mais une autre éclata dans la foulée, dans la région du Kivu. Opposant les forces gouvernementales à une myriades de groupes armées, et malgré la présence de la MONUSCO, elle est toujours en cours.

Certes, lors de ces dernières années, des groupes armés ont été contraints de déposer les armes, à l’image du M23. Mais d’autres se forment immédiatement.. Parmi les plus actifs, on trouve l’Armée de résistance du Seigneur [LRA, d’origine ougandaise], les Forces nationales de libération [FNL], le groupe Maï-Maï, le mouvement Bundu Dia Kongo/Bundu Dia Mayalales, la Force de résistance patriotique de l’Ituri [FRPI] ou encore les milices Kamuina Nsapu et Bana Mura ou encore le groupe Nduma défense du Congo – Rénové [NDC-R].

Mais une autre organisation est particulièrement active dans la province du Nord-Kivu Créées en 1995 en Ouganda, les Forces démocratiques alliées [ADF], proche des mouvements islamistes radicaux, entretiennent un climat de terreur dans la région de Beni. En outre, en 2017, un nouveau groupe se réclamant de l’État islamique, le « Madinat Tawhid wa-l-Muwahidin » [MTM – la ville du monothéisme et des monothéistes] a fait son apparition. A priori, il aurait pris l’appellation « Wilayat Wasat Ifriqiyah » [ou « Province d’Afrique centrale »], après avoir revendiqué sa première attaque contre les forces gouvernementales, en avril dernier.

« Les liens présumés entre les ADF et l’EI ont suscité de graves inquiétudes dans la région. Le 18 avril, l’EI a revendiqué une attaque qui aurait été commise deux jours plus tôt par les ADF contre un camp des FARDC à Bovota [Nord-Kivu], dans laquelle deux soldats et un civil ont perdu la vie. Le groupe terroriste a depuis revendiqué d’autres attaques qui ont également été attribuées aux ADF. Lors d’une intervention dans les médias le 29 juin, le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi s’est inquiété de l’adoption par les ADF des tactiques terroristes employées par l’EI », résume le secrétaire général des Nations unies, dans son dernier rapport sur la situation en RDC [.pdf].

Cependant, le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo n’a pas été en mesure de confirmer l’existence de liens directs entre les ADF et l’EI.

Le 30 octobre, les Forces armées de la République démocratique du Congo [FARDC] ont indiqué avoir lancé une offensive de grande envergure dans la région de Beni pour « éradiquer complètement » les ADF et les « groupes armés satellites. »

Quoi qu’il en soit, c’est dans ce contexte que le président Macron a reçu M. Tshisekedi, le 12 novembre. Ce dernier a reçu la promesse d’un engagement accru de la France, avec une aide de 23 millions d’euros pour financer des projets liés à l’éducation. Un appui sera également donné par Paris pour « stabiliser » et « reconstruire » le système de santé congolais. D’autres initiative seront prises dans les domaines de l’agriculture et l’environnement.

Quant aux questions sécuritires, le président Macron a assuré que la France allait soutenir militairement les FARDC dans leur combat contre les groupes armés actifs dans l’est du pays.

« La France est pleinement engagée aux côtés de la RDC pour lutter contre les groupes armés qui déstabilisent le pays » et qui, « pour certains, pactisent avec Daesh », a en effet déclaré M. Macron. Cette coopération aura une « dimension militaire », notamment « en matière de renseignement », a-t-il ajouté, sans donner de détails.

En outre, le président français a appelé « tous les pays de la région », à commencer par le Rwanda et l’Ouganda, à « être engagés aux côtés du président Tshisekedi dans ce combat très important. »

En outre, le président français a appelé « tous les pays de la région », à commencer par le Rwanda et l’Ouganda, à « être engagés aux côtés du président Tshisekedi dans ce combat très important. » Faute de quoi, l’EI pourrait donc bien s’implanter durablement dans le Kivu…

« Il y a 12% de musulmans chez notre voisin immédiat l’Ouganda. Dans les années 2000, ils étaient seulement 7%. Vous avez des pays comme la Tanzanie et le Kenya où la majorité de la population est musulmane. L’objectif effectivement est d’installer un califat. La RDC sert comme une zone de recrutement et de formation au jihad, pour que ces gens formés en RDC puissent occuper toute la région des Grands Lacs. Et ils y tiennent mordicus », avait expliqué, dès janvier 2017, le journaliste Nicaise Kibel’bel, à Franceinfo.

Seulement, « l’union sacrée » risque d’être compliquée à obtenir, le Rwanda et l’Ouganda, dont les relations sont tendues, ayant soutenu [quand ils ne soutiennent pas encore] certains groupes rebelles actifs en RDC.

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