La France va participer à un projet européen de drone anti sous-marin

Prévue par le traité sur l’Union européenne par les articles 42 et 46, la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO] avait été délaissée jusqu’à ce que les atermoiements du président Trump à l’égard de l’Otan finissent par la rendre pertinente aux yeux des États membres [Malte n’y participe cependant pas, tout comme le Danemark, qui bénéficie d’une clause d’exemption en matière de défense, et le Royaume-Uni, à cause du Brexit, ndlr].

Concrètement, la CSP est un cadre politique qui engage, de façon contraignante, les pays qui y souscrivent à augmenter leurs dépenses militaires et à lancer des projets d’équipements opérationnels en coopération. Ceux qui sont retenus peuvent être éligibles à un financement du Programme européen de développement de l’industrie de Défense [PEDID], qui sera remplacé à compter de 2021 par le Fonds européen de défense [FEDef], doté de 13 milliards d’euros pour la période 2021-27.

L’objectif de cette CSP est donc d’encourager l’autonomie stratégique de l’UE tout en renforçant la base industrielle de défense européenne.

Deux séries de projets ont déjà été retenus. Et une troisième – comptant 13 nouveaux projets – a été validée le 12 novembre par les ministres de la Défense des pays membres. Au total, 47 ont été lancés. Et la France est particulièrement engagée dans cette CSP puisqu’elle participe à 60% d’entre-eux.

« Cinq des nouveaux projets sont axés sur la formation et couvrent des domaines tels que la formation en cyber, plongée, tactique, médical ainsi que chimique, biologique, radiologique et nucléaire [CBRND]. D’autres projets se concentrent sur le renforcement des actions de collaboration de l’UE ainsi que sur le développement des capacités dans les domaines maritime, aérien et spatial », a résumé le Conseil de l’UE, via un communiqué.

Parmi ces nouveaux projets, la France est présente dans les domaines de la simulation [Integrated European Joint Training and simulation Centre, EUROSIM], de l’entraînement NRBC [CBRN Defence Training Range, CBRNDTR], de la formation des plongeurs [European Union Network of Diving Centres, EUNDC], de la guerre électronique [Airborne Electronic Attack, AEA], la défense antimissile [Timely Warning and Interception with Space-based Surveillance, TWISTER], des matériaux [MAC-EU], le combat collaboratif [EU Collaborative Warfare Capabilities, ECoWAR] et les drones [European Global RPAS Insertion Architecture System].

Mais la liste ne serait pas complète sans citer les deux projets relatifs aux capacités navales dans lesquelles la France s’est engagée. Le premier, conduit avec l’Italie, vise à développer une nouvelle classe de corvette, appelée EPC [pour European Patrol Corvette]. Ce programme, dirigée par Rome, devrait revenir à Naviris, la co-entreprise appartenant à Naval Group et à Fincantieri. A priori, il s’agit de remplacer, à terme, les frégates de surveillance de type Floréal mises en oeuvre par la Marine nationale outre-Mer et les patrouilleurs de type Comandanti de la Marine militaire.

Le second projet naval auquel la France participe associe l’Espagne, le Portugal et la Suède. Appelé MUSAS [Maritime Unmanned Anti-Submarine], il consistera à développer un drone anti sous-marin devant « tirer parti des technologies de pointe et de l’intelligence artificielle » afin de « contrer les méthodes de déni des adversaires. »

En outre, précise le descriptif, le MUSAS renforcera la protection des infrastructures sous-marines à haute valeur ajoutée ainsi que les systèmes énergétiques installés en mer, en fournissant une réponse rapide avec des niveaux de force appropriés en cas d’intrusion ou de menace pour les lignes de communication maritimes. » Ce programme sera coordonné par le Portugal.

À noter que cette réunion des ministres de la Défense des pays membres a été l’occasion pour Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, de réaffirmer la complémentarité avec de l’UE avec l’Otan.

« La coopération et le partenariat entre l’UE et l’Otan n’ont jamais été aussi forts. Les deux institutions sont pleinement conscientes qu’une UE forte dans le domaine de la défense aide l’Otan à être plus forte et qu’une Otan plus forte est également un élément important pour la sécurité de l’Europe », a-t-elle déclaré.

De son côté, lors de l’ouverture du Forum de Paris sur la Paix, le président Macron a assumé les propos qu’il avait tenus la semaine passés au sujet de l’Otan. Pour rappel, il avait estimé que l’organisation était en état de « mort cérébrale », en raison de l’attitude, notamment, de la Turquie et des États-Unis en Syrie. Et, s’étant interrogé sur la clause de défense collective qui constitue le socle de l’Alliance, il avait plaidé pour un renforcement de l’autonomie stratégique et militaire de l’Europe.

« Le risque est […] de la paresse, de se dire qu’on a des organisations [internationales], on les aime bien, ne les questionnons pas, elles ont parfois perdu leur finalité, plus personne ne comprend où elles vont, cachons ce sein que nous ne saurions voir comme on dit dans Molière, et ça sera mieux », a lancé M. Macron. « Je ne le crois pas du tout, je l’ai montré parfois en heurtant certains dans cette salle il y a quelques jours. On a besoin de vérité. La pudibonderie ou l’hypocrisie ne marchent pas dans les temps qui courent, parce que nos concitoyens le voient. La paresse […] n’est pas non plus une solution », a-t-il asséné.

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