Le chef d’état-major britannique met en garde contre les actions « imprudentes » de la Russie, de la Chine et de l’Iran

Si l’histoire donne parfois l’impression de se répéter [ce qui n’est pas le cas si on la considère comme étant singulière], c’est sans doute parce que l’on n’en tire pas les enseignements que l’on devrait et que, par conséquent, on est appelé à commettre les mêmes erreurs. C’est, du moins, ce que pense le général Nick Carter, le chef d’état-major de la Défense britannique, quand il souligne, dans les colonnes du Sunday Telegraph, l’importance du devoir du mémoire.

« La crise de juillet 1914 provoquée par l’assassinat de l’archiduc Ferdinand a dégénéré en conflit généralisé à la suite d’un réseau complexe d’alliances et d’une série de calculs erronés de la part de dirigeants qui pensaient pouvoir contrôler les hostilités. D’où l’importance de l’histoire », a ainsi fait valoir le général Carter.

Évidemment, la situation actuelle n’a rien à voir avec celle qui prévalait il y a plus d’un siècle. Pourtant, pour le chef d’état-major britannique, le monde n’est pas à l’abri d’une « erreur de calcul » aux conséquences potentiellement dévastatrices.

« Des États ambitieux comme la Russie, la Chine et l’Iran s’affirment d’une manière qui constitue un défi pour notre sécurité, stabilité et prospérité. Et cela est aggravé par la menace d’acteurs non étatiques comme Daesh, qui utilisent le terrorisme pour saper notre mode de vie », a d’abord relevé le général Carter, pour qui le « système multilatéral qui assure notre stabilité depuis 1945 est menacé », ce qui « nécessite une réponse mondiale pour le moderniser et le protéger. »

S’agissant des trois pays qu’il a cités, le général Carter a expliqué qu’ils opéraient « en zone grise », avec de « nouvelles armes alternatives », comme les cyberattaques, la diffusion de fausses informations ou encore en ayant recours à des sociétés militaires privées ». Ils « sapent notre cohésion politique et détruisent insidieusement notre mode de vie », a-t-il accusé, avant de pointer plus particulièrement les actions de Moscou.

« La Russie est bien plus sûre d’elle qu’il y a dix ans. Elle a maintenant de l’assurance quand elle s’affirme comme une puissance mondiale », a relevé le général Carter, en prenant quelques exemples, comme les activités de la société militaire privée « Wagner » en Afrique, les nouvelles tactiques de désinformation dans le cadre d’une récente campagne révélée par Facebook ou encore les menées de la fondation « Russkiy Mir », qui ont récemment fait l’objet d’une enquête du quotidien en ligne sud-africain Daily Maverick.

« Je ne suggère pas que nos opposants veulent entrer en guerre dans la définition traditionnelle du terme, mais un comportement imprudent et le manque de respect du droit international relatif à ces nouvelles armes alternatives risquent de provoquer une escalade qui pourrait facilement conduire à une erreur de calcul par inadvertance », a mis en garde le général Carter, qui n’a visiblement voulu trop charger la barque en omettant de rappeler les affaires de Polonium et de Novitchok…

Quoi qu’il en soit, et dans ce contexte, le chef de la défense britannique a voulu « rappeler que la garantie de sécurité apportée par l’Otan est essentielle au maintien de la liberté des démocraties européennes » étant donné que « l’histoire et la géographie montrent que notre sécurité et notre stabilité ont toujours été et resteront mutuellement dépendantes. »

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