L’armée malienne abandonne ses positions trop isolées et lance une vaste opération dans le centre du pays

En 2016, mise sous pression dans la province méridionale du Helmand, l’Armée nationale afghane [ANA] avait décidé de se retirer des districts Musa Qala et de Nawzad pour mieux se concentrer sur ceux de Sangin, Marjah et Nad Ali ainsi que sur les environs de Lashkar Gah [la capitale provinciale, ndlr] et l’axe Kaboul-Hérat. Une telle décision fut contestée. « Il va être difficile pour le gouvernement de reprendre ces zones et d’y assurer la sécurité », avait en effet estimé un membre du conseil provincial.

Depuis, la situation dans cette province n’a que peu évolué, le mouvement taleb continuant d’y exercer une pression. Ainsi,En mars, il a lancé – sans succès – un assaut contre une l’important camp militaire de Shorabak, abritant des soldats afghans et des Marines américain. Même chose en octobre, cette fois contre près de l’aérodrome de Bost, près de Lashkar Gah.

Puis, en juin dernier, l’état-major afghan décida, sur les conseils des forces américaines, d’abandonner tous les postes isolés, car trop exposés aux attaques des taliban. Et pour cause : 50% des soldats de l’ANA tués au cours des dernières années avaient été affectés dans ces bases. « La tactique des checkpoints a échoué. Nous voulons réduire leur nombre et établir des bases solides dès maintenant », avait expliqué, à l’époque, le général Dadan Lawang.

Pour autant, cette mesure avait aussi été critiquée par les responsables politiques, les gouverneurs et les parlementaires faisant valoir que ces postes, mêmes isolés, constituaient la seule présence ostensible du gouvernement afghan dans ces territoires isolés. Certains estimèrent que cela reviendrait à céder le terrain aux taliban et obligerait les soldats afghans à se retrancher dans les bases importantes. L’ANA « mène davantage d’opérations autonomes et sont plus efficaces lors de ces opérations » offensives, fit au contraire valoir un porte-parole militaire américain.

Et cette même logique va donc désormais s’appliquer au Mali, où, dans un contexte différent, les forces amées maliennes [FAMa] ont perdu près d’une centaine de soldats [sans compter les disparus et les blessés] dans deux attaques distinctes, revendiquées à un mois d’intervalle par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] et l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS].

« Dans un souci de reconsidérer notre posture opérationnelle sur le terrain, les unités isolées vont être regroupées en point d’appui et centres de résistance », a en effet annoncé le général de Abdoulaye Coulibaly, le chef d’état-major malien, via un communiqué publié le 9 novembre. « C’est ainsi que les postes d’Anderaboukane et d’Indelimane se sont repliés sur Ménaka. […] Le poste de Labbezanga se replie sur Ansongo », a-t-il ajouté, avant d’indiquer que d’autres unités « seront également concernées » par ce mouvement.

L’un des bases concernées, celle d’In Delimane a été durement éprouvée par une attaque menée par l’EIGS le 1er novembre dernier. Au moins 49 soldats maliens y ont laissé la vie.

« Cette décision s’inscrit dans l’exécution d’un nouveau concept d’opération qui vise à mieux adapter la stratégie à la menace des terroristes et autres narco trafiquants », a expliqué le général Coulibaly. « Il n’est nullement question d’abandonner les populations », a-t-il aussi assuré.

Par ailleurs, le lendemain, le gouvernement malien a annoncé qu’une vaste opération venait d’être lancée par les FAMa dans le centre du pays.

« Les forces de défense et de sécurité du Mali ont engagé depuis quelques jours une offensive de grande envergure contre les bases terroristes dans certaines localités du centre du pays », a dit le gouvernement malien dans un communiqué. « Le bilan de l’opération, fait état de plusieurs terroristes tués, des véhicules et motos brulés, des cartes d’identité de plusieurs nationalités retrouvées sur les lieux et des effets militaires récupérés », a-t-il continué.

« Cette opération a été conjointement menée, par les hommes de la 6ème Région militaire de Sevaré, appuyés par l’Armée de l’Air du Mali », poursuit le gouvernement malien, qui « félicite les FAMa pour cette nouvelle stratégie d’attaque qui illustre, à suffisance, leur grande détermination à redonner le moral à notre peuple et à faire honneur au serment sacré du Soldat et à la mémoire des frères d’armes tombés sur le champ de l’honneur pour la Patrie. »

Selon l’état-major malien, les FAMA et la force française Barkhane « mutualisent les efforts dans la traque des terroristes » dans le centre du Mali, via les opérations Tiessaba 6 et Bourgou 4. La seconde avait été annoncée la semaine passée par la ministre des Armées, Florence Parly, lors d’une visite au Burkina Faso. Elle effectivement conduite par Barkhane et implique deux compagnies burkinabè dans la zone dite des trois frontières.

Toujours d’après l’état-major malien, ces opérations ont permis, le 10 novembre, de « récupérer 1 véhicule FAMa abandonné à 3 km au sud-est de Boulkessy » et « des caisses de munitions, des gilets pare-balles, 1 Pistolet traditionnel, 1 EEI, des médicaments, une pièce pour appareil de détection IED » ont été saisis lors de fouilles effectuée dans cette localité, dont le camp militaire avait été attaqué par le GSIM le 30 septembre [39 tués].

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