Le monument dédié aux militaires morts en OPEX va enfin être inauguré, 8 ans après son lancement

Dans son livre « Le Cygne noir : La puissance de l’imprévisible« , l’essayiste Nassim Nicholas Taleb illustre le concept de « hasard scalable » en prenant l’exemple des délais que très rarement tenus quand il s’agit de mener un projet. « Plus on attend, et plus on attend à ce que vous attendiez! […] [Cela] vaut pour la date d’achèvement de votre prochaine salle d’opéra. S’il devait être de deux ans et que trois ans plus tard, vous vous posez encore des questions sur ce délai, ne vous attendez pas à ce que le projet soit réglé rapidement », écrit-il.

Et c’est exactement ce qui s’est passé pour le monument dédié aux militaires français morts lors d’une opération extérieure [OPEX]. L’idée de le construire fut retenue en octobre 2011, après la publication d’un rapport du général [2S] Bernard Thorette, ancien chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] et fondateur de l’association Terre Fraternité.

On pensait alors que ce monument ne tarderait pas à voir le jour, d’autant plus qu’il bénéficait d’un large consensus. Seulement, alors qu’il devait être construit sur la place Vauban, à deux pas de l’Hôtel des Invalides, dans le VIIe arrondissement de Paris, certains riverains s’y opposèrent, avançant des raisons tenant à « l’esthétique ».

Il fut alors décidé de l’ériger dans le parc André-Citroën, près de l’Hexagone-Balard, le siège des états-majors et des directions du ministère des Armées. Mais de nouvelles complications apparurent étant donné qu’il fallut obtenir le consentement des architectes et des paysagistes dudit parc au titre de la propriété intellectuelle. Ce qui prit deux ans.

En 2017, la voie semblait dégagée. Et le président Hollande posa symboliquement la première pierre de ce mémorial en mars, lors d’une cérémonie qui, au passage, avait dû être reportée pour une histoire d’agenda. Et l’inauguration du monument était espérée ppur le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Las… D’autres obstacles vinrent entraver la bonne marche du projet, obligeant la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, à monter au créneau.

Ainsi, un problème apparut au noveau des 20.000 m2 du jardin « Eugénie-Malika Djendi » [nom d’une « Merlinette », c’est à dire une radio du Corps Féminin des Transmissions durant la Seconde Guerre Mondiale, ndlr], étant donné que des travaux de rénovation y avaient été programmés. Puis, la Mairie de Paris, qui prit l’engagement de financer la moitié des fonds nécessaires à la construction du monument [soit un million d’euros, ndlr], se rétracta.

Cela étant, une éclaircit vient en juillet 2018, quand le Conseil de Paris autorisa la signature d’une convention d’occupation du domaine public en vue de la construction du monument, ce qui permit à l’État de « déposer les demandes d’autorisations administratives nécessaires à la réalisation des travaux. » Et cela, malgré l’opposition de quelques élus écologistes.

« La Ville de Paris a récemment accepté de conclure une convention d’occupation du domaine public pour ce projet. L’État en sera le maître d’ouvrage, et donc ce projet sera financé par le ministère des Armées : c’est-là la seule solution que nous ayons trouvée, et nous ferons cet effort », expliqua Mme Darrieussecq, en octobre 2018.

« Le feuilleton du monument aux morts en OPEX va connaître une fin heureuse dans quelques semaines », dira la secrétaire d’État, lors d’un audition à l’Assemblée nationale, un an plus tard.

« Je me réjouis d’avoir proposé la forme juridique, à défaut de laquelle nous serions encore en discussion, et, surtout, d’avoir décidé que le financement serait essentiellement assumé par notre ministère. En effet, une articulation de financements était prévue entre la mairie de Paris – et notre ministère. C’était très complexe. J’ai proposé qu’on nous octroie une autorisation d’occupation du domaine public, comme cela se fait couramment dans les collectivités – mon expérience de maire m’a servi – et que nous financions le monument », a rappelé Mme Darrieussecq, qui, au passage, a jugé sévèrement quelques comportements dans cette affaire. « Ces atermoiements m’apparaissaient en effet scandaleux au regard de l’enjeu », a-t-elle en effet souligné.

Mais la date de l’inauguration de ce monument était encore incertaine… Finalement, elle aura lieu ce 11 novembre, en présence du président Macron.

Selon la description qui en a été faite par le ministère des Armées, ce monument compte deux parties : « sculpture représentant six militaires – une femme, cinq hommes – portant un cercueil non visible et dont les visages expriment la douleur, le recueillement, la détermination » et un « mur portant les noms des Morts pour la France en OPEX. À la date de l’inauguration, 549 noms sont inscrits, par théâtre d’opération [au nombre de 17] puis par date du décès. »

S’agissant de la sculpture, « six militaires ont servi de modèles », précise-t-on de même source. « Le monument a été pensé de façon à ce que l’ensemble des militaires puissent s’identifier et que les Français puissent aussi reconnaître la diversité des forces armées. Les différentes coiffes en usage dans les forces armées sont représentées : casquette, calot, képi, béret, bâchi, tricorne », ajoute-t-on.

Le monument a été réalisé par l’agence Pièces Montées et le sculpteur Stéphane Vigny, lesquels avaient été sélectionnés par un jury en 2017.

Par ailleurs, également ce 11 novembre, Mme Darrieussecq va inaugurer une plaque en hommage aux combattants des opérations extérieures à l’Arc de Triomphe, qui, l’an passé, avait subi les outrages d’une poignée de vandales.

Cette plaque « viendra s’inscrire à côté de celles déjà présentes sous l’Arc de Triomphe. Trois commémorent des événements importants de l’histoire de France [proclamation de la République le 4 septembre 1870, retour de l’Alsace et de la Lorraine le 11 novembre 1918, appel du 18 juin 1940]. Cinq évoquent le souvenir des combattants et résistants de la Seconde Guerre mondiale et rendent hommage aux combattants des autres conflits majeurs du 20e siècle dans lesquels la France a été engagée », rappelle le ministère des Armées.

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