La Marine nationale redoute une hausse du prix de ses carburants

En 2015, l’évolution favorable de certains indices économiques, comme, en particulier, la baisse du prix du pétrole, avait permis de financer en partie la révision de la Loi de programmation militaire 2014-19. Et on parlait beaucoup, à l’époque, de « coûts des facteurs ».

Pour 2020, le ministère des Armées a bâti ses hypothèses budgétaires sur la base d’un prix du baril de brent qui passerait en moyenne de 63 à 59 dollars [*]. Mais les prévisions étant ce qu’elles sont, rien ne dit que les cours du pétrole ne repartiront pas franchement à la hausse l’an prochain, notamment en raison des tensions dans le Golfe arabo-persique [et rien ne dit non plus que le cours ne baissera pas davantage que l’estimation du ministère…].

Lors de l’examen des crédits de la mission Défense, à l’Assemblée nationale, le 30 octobre, deux amendements furent discutés pour anticiper une éventuelle hausse des cours du pétrole.

La pévision « ne tient pas compte de la grande volatilité des cours du baril liés à l’évolution du marché mais aussi aux risques économiques internationaux. En effet les incertitudes géopolitiques pourront avoir un effet haussier sur les prix du pétrole et sont susceptibles d’entraîner une augmentation substantielle des dépenses de carburant de nos forces armées », était-il expliqué dans l’exposé des motifs.

Mais ces deux amendements ont été rejetés, car « les contrats d’approvisionnement passés par le Service des essences des armées sont de nature à atténuer les variations de cours », fit valoir Olivier Gaillard, rapporteur spécial.

Cependant, le prix du baril de pétrole est une chose… Mais celui après son passage en raffinerie en est une autre. D’où l’inquiétude de l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM].

« La marine marchande mondiale a décidé de ramener la norme maximale de taux de soufre applicable à ses carburants à 0,5 %, alors que les marines militaires de l’Otan s’imposent un taux de soufre de 0,1 % depuis 40 ans. […] La nouvelle exigence que s’impose le monde maritime civil aura certainement un impact sur le coût de notre carburant », a en effet affirmé l’amiral Prazuck, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale.

En effet, a ensuite expliqué le CEMM, « dès lors que les carburants de la marine de commerce seront davantage raffinés qu’ils ne le sont aujourd’hui », la Marine nationale [et ses homlogues] va se « retrouver en compétition avec elle sur le marché du raffinage. »

Et l’amiral Prazuck d’ajouter : « Alors qu’auparavant, seules les marines de l’Otan utilisaient exclusivement du diesel léger peu soufré, produit par des usines quasiment dédiées à notre seul usage, il va désormais nous falloir partager cette capacité de production avec la marine de commerce, qui utilise du diesel marine dont le taux de soufre, jusqu’ici toléré jusqu’à 1,5%, va devoir descendre à 0,5% en application d’une norme internationale, ce qui entraînera probablement une augmentation du coût du carburant. »

[*] Prix moyen du baril de brent à 63 dollars en 2019 contre 59 dollars en 2020 selon le rapport économique social et financier

Photo : © Marine nationale

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