Pour le chef de la diplomatie américaine, vouloir engranger les « dividendes de la paix » a été une erreur

Le 10 juin 1990, Laurent Fabius, alors président de l’Assemblée nationale, fut sans doute le premier à parler de « dividendes de la paix » pour demander une baisse des budgets militaires, étant alors entendu que l’Armée Rouge ne représentait plus une menace. Cependant, l’expression fut malheureuse… Tout comme celle utilisée par le politologue américain Francis Fukuyama, qui parla de « fin de l’Histoire. » En effet, le Mur de Berlin venait à peine de tomber que se profilaient l’opération « Tempête du Désert » pour libérer le Koweït ainsi que l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, mettant la guerre à seulement deux heures de vol de Paris.

Puis les années 2000 s’ouvrirent sur les attentats du 11 septembre 2001, lesquels furent suivis par les guerres en Afghanistan et en Irak. Sans oublier l’essor des groupes jihadistes au Sahel, les tensions au Moyen-Orient et dans la région Indo-Pacifique, les questions relatives à la prolifération nucléaire, l’émergence de l’État islamique au Levant, la réapparition des menaces dites de la force, etc… Aussi, le général [2S] Pierre de Villiers, l’ancien chef d’état-major des armées [CEMA] n’a-t-il pas manqué de dire que ces fameux « dividendes de la paix » n’étaient qu’une illusion.

Et, finalement, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, pense à peu près la même chose. Du moins, c’est ce que l’on comprend dans les propos qu’il a tenus lors de sa visite en Allemagne pour le 30e anniversaire, justement, de la chute du Mur.

« Les Occidentaux, chacun d’entre nous, nous nous sommes perdus dans l’euphorie de ce moment de fierté », a en effet déclaré M. le chef de la diplomatie américaine, en évoquant les événements de novembre 1989, qui aboutirent à l’implosion de l’Union soviétique, à la réunification de l’Allemagne et à la fin de la Guerre Froide. « Nous pensions que nous pourrions détourner nos ressources des alliances, de nos armées : nous étions dans l’erreur », a-t-il ajouté, lors d’un discours, à Berlin.

« Les nations libres et occidentales ont la responsabilité de dissuader les pays comme la Chine, la Russie et l’Iran de menacer nos peuples », a également affirmé M. Pompeo. « Les États-Unis et leurs alliés doivent « défendre ce qui a été si durement gagné en 1989 » et « prendre conscience que nous sommes dans une compétition de valeurs avec des nations non libres », a-t-il plaidé.

Alors que le président Macron estime que la Russie a tout intérêt à se rapprocher de l’Europe si elle ne veut pas être vassalisé par la Chine, le responsable américain met ces deux pays dans le même sac.

« La Russie est dirigée aujourd’hui par un ancien officier du KGB » et elle « envahit ses voisins et tue ses opposants », a lancé M. Pompeo. Quant à la Chine, elle « élimine des gens avec des méthodes qui auraient semblé horriblement familières aux Allemands de l’Est », a-t-il dit.

S’agissant de l’Otan, décrite par M. Macron comme étant dans un « état de mort cérébrale », le chef de la diplomatie américain a estimé qu’elle doit « se confronter aux réalités et aux défis du présent ».

« Si des nations pensent pouvoir obtenir les bénéfices de la sécurité sans fournir à l’Otan les ressources dont elle a besoin, si elles ne tiennent pas leurs engagements, le risque existe que l’Otan devienne inefficace ou obsolète », a encore souligné M. Pompeo.

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