Selon le renseignement intérieur russe, l’État islamique chercherait à s’implanter dans des pays de l’ex-URSS

Le 6 novembre, les autorités tadjiikes ont indiqué que des jihadistes appartenant à la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K ou Wilayah Khorasan] avaient attaqué des gardes-frontières « pour pénétrer illégalement au Tadjikistan depuis la république islamique d’Afghanistan. » Au total, 17 personne ont été tuées, dont 15 assaillants.

Au cours de ces derniers mois, plusieurs incidents ont impliqué des militants de l’EI. En novembre 2018 et en mai dernier, des émeutes dans des prisons, déclenchées par des membres de l’organisation jihadiste, ont fait respectivement 32 et 26 morts. En juillet 2018, quatre cyclo-touristes occidentaux ont été tués par des hommes ayant prêté allégeance à Daesh.

En outre, selon les autorités tadjikes, environ un millier de leurs ressortissants ont rejoint des groupes jihadistes en Syrie et en Irak depuis 2011, dont, et ce n’est pas rien, le colonel Gulmurod Khalimov, le patron de l’Omon, c’est à dire les forces spéciales de la police tadjike.

Mais plus globalement, le Kirghizstan, le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, qui appartiennent ou sont associés à la Communauté des États indépendants [CEI], sont aussi aux prises avec le phénomène jihadiste. Au total, d’après le renseignement russe, entre 2.000 et 4.000 de leurs ressortissants sont allés au Levant, poir combattre au sein de l’EI ou de la branche syrienne d’al-Qaïda. Et cela inquiète Moscou.

« Nous constatons une activité accrue d’unités de l’EI en Afghanistan », a dit Alexandre Bortnikov, le chef du FSB [renseignement intérieur russe], lors d’une réunion des chefs des services de sécurité de la CEI, organisée ce 7 novembre à Tachkent [Ouzbekistan].

« Leur objectif est d’y créer une place forte afin d’organiser une expansion à travers la CEI et dont les acteurs doivent être des combattants originaires des républiques d’Asie centrale ayant déjà une expérience de combat », a ajouté M. Bortnikov, dont les propos ont été rapportés par l’agence TASS.

D’après lui, l’EI-K entretient à cette fin des « liens étroits » avec deux autres formations jihadites, dont Jamaat Ansarullah et le Mouvement islamique du Turkestan oriental.

Selon le dernier rapport de l’équipe de surveillance des Nations unies concernant les organisations jihadistes, l’EI-K n’a pas réussi à élargir son influence en Afghanistan, notamment en raison des revers qu’il a subis contre les forces afghanes et les taliban. Aussi reste-t-il concentré dans les provinces du Nagarhar et du Kounar.

Ayant une « capacité solide de tirer des revenus de l’exploitation des ressources locales en minerais, bois de sciage et talc », ainsi qu’en se livrant au trafic de drogue, l’EI-K compterait, selon le rapport, entre 2.000 et 4.000 combattants, dont 200 seraient originaires d’Asie centrale. Ces derniers sont commandés par un certain Sayvaly Shafiev, un ressortissant tadjik.

S’agissant des jihadistes présents en Syrie, le rapport indique qu' »environ 2.000 nationaux de la Communauté d’États indépendants sont détenus dans le nord-est de la République arabe syrienne » et que, entre janvier et août 2019, « 524 nationaux, presque uniquement des femmes et des enfants, ont été rapatriés par le Kazakhstan, 156 par l’Ouzbékistan et 84 par le Tadjikistan. »

Cela étant, le retour des jihadistes russes partis au Levant est aussi un sujet d’inquiétude pour Moscou. Au moment de l’émergence de l’EI, en 2014, les services de sécurité russes voyaient d’un bon oeil le départ des combattants extrémistes vers le Levant, étant donné que cela était de nature à réduire le terrorisme dans les républiques caucasiennes [Daghestan, Tchétchénie, etc]. Et de fait, le nombre d’attaques avait diminué de 50% en 2015.

Seulement, d’après le directeur du FSB, 2.000 proches de combattants jihadistes pourraient essayer de revenir en Russie, « principalement via des canaux d’immigration clandestine, organisés avec la participation de communautés criminelles transnationales et de responsables locaux corrompus. » Et, a-t-il dit, ces « rapatriés sont considérés par les dirigeants d’organisations terroristes internationales comme des kamikazes potentiels, des propagandistes et des recruteurs. »

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