M. Macron appelle au réveil de l’Europe car « l’Otan est en état de mort cérébrale »

À l’issue du Conseil européen du 18 octobre, et alors que la Turquie venait de lancer une offensive contre les milices kurdes syriennes [YPG] après le recul des troupes américaines déployées dans le nord-est de la Syrie, le président Macron s’était interrogé sur le fonctionnement de l’Otan.

« J’ai compris qu’on était dans l’Otan. J’ai compris aussi que la Turquie et les États-Unis d’Amérique sont dans l’Otan. Et j’ai découvert par tweet que les États-Unis d’Amérique décidaient de retirer leurs troupes et de libérer la zone, comme tout le monde. Et j’ai compris qu’une puissance de l’Otan décidait d’attaquer ceux qui ont été les partenaires de la coalition internationale sur le terrain pour se battre contre Daesh. […] Donc, je considère que ce qu’il s’est passé depuis plusieurs jours est une faute lourde de l’Occident et de l’Otan dans la région », avait en effet déploré le président français.

Mais, quelques jours plus tard, ce dernier est allé encore plus loin, à l’occasion d’un entretien que vient de publier l’hebdomadaire britannique « The Economist ».

« Ce que nous vivons actuellement, c’est la mort cérébrale de l’Otan » a en effet lâché M. Macron. Et à la question de savoir s’il croyait encore à la clause de défense collective que prévoit l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord, il a répondu : « Je ne sais pas. » Et d’ajouter : « Mais que signifiera l’article 5 demain? ».

« Si le régime de Bachar al-Assad décide de répliquer à la Turquie, est-ce que nous allons nous engager ? C’est une vraie question. Nous nous sommes engagés pour lutter contre Daesh. Le paradoxe, c’est que la décision américaine et l’offensive turque dans les deux cas ont un même résultat : le sacrifice de nos partenaires sur le terrain qui se sont battus contre Daesh, les Forces Démocratiques Syriennes », a développé le chef de l’Élysée.

Aussi, pour M. Macron, il est temps que « l’Europe se réveille » car elle se « trouve au bord du précipice. » Aussi, estime-t-il, elle « doit commencer à se penser stratégiquement en tant que puissance géopolitique » car sinon, nous ne « contrôlerons plus notre destin ».

À noter que, en août 2018, le président français avait proposé d’instaurer une « clause de défense collective européenne » en modifiant l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne.

Il faut « clarifier maintenant quelles sont les finalités stratégiques de l’Otan », a aussi affirmé le président Macron, tout en plaidant pour « muscler » l’Europe de la défense.

« Le président Trump […] pose la question de l’Otan comme un projet commercial. Selon lui c’est un projet où les États-Unis assurent une forme d’ombrelle géopolitique, mais en contrepartie, il faut qu’il y ait une exclusivité commerciale, c’est un motif pour acheter américain. La France n’a pas signé pour ça », a encore lancé le président français, qui note que l’Europe fait maintenant face pour la première fois un chef de la Maison Blanche qui « ne partage pas notre idée du projet européen ».

Et cela, à l’heure où le Vieux Continent est confronté « à la montée en puissance de la Chine ainsi qu’au virage autoritaire de la Russie et de la Turquie. » Et sans oublier le Brexit, qui contribue à fragiliser l’Union européenne. Un tel mélange toxique était « impensable il y a cinq ans », a dit M. Macron.

Et cette situatuon rend d’autant plus « essentiel d’une part, l’Europe de la défense – une Europe qui doit se doter d’une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. Et d’autre part, rouvrir un dialogue stratégique, sans naïveté aucune et qui prendra du temps, avec la Russie », a expliqué M. Macron.

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