Les hélicoptères de la Gendarmerie vont se concentrer sur la sécurité publique, aux dépens du secours aux populations

Début janvier, des images montrant un « un appui-patin » effectué par un hélicoptère EC-145 de la Gendarmerie nationale lors d’une intervention pour secourir un randonneur dans les Alpes avaient impressionné beaucoup de monde. Et pour cause : on pouvait voir le nez l’appareil quasiment « collé » à la pente enneigée afin de permettre aux sauveteurs de mettre pied à terre.

Lors de son ultime audition à l’Assemblée nationale avant de passer le relai à son successeur, le général Christian Rodriguez, le désormais ex-directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Richard Lizurey, a évoqué une réflexion au sujet de l’évolution des Forces aériennes de la gendarmerie [FAG], lesquelles devraient se concentrer sur leur « coeur de métier ».

Actuellement, ces dernières disposent de 56 hélicoptères, dont 15 EC-145, 15 EC-135 [ces modèles étant biturbines] et 26 AS 350 Écureuil, qui, affichant une moyenne d’âge de 34 ans, font l’objet d’une « revalorisation » pour les faire durer jusqu’en 2028. Contrairement à celles des autres forces armées qui, il est vrai, subissent des contraintes plus rudes en opérations extérieures, les voilures tournantes de la Gendarmerie présentent un taux de disponibilité satisfaisant.

« Pour les 56 hélicos, nous disposons au total de 19.000 heures de vol. Le coût de notre maintien en condition opérationnelle est raisonnable, à 21 millions d’euros, le moins élevé de l’ensemble des flottes », a précisé le général Lizurey.

Cela étant, la DGGN envisage donc de faire évoluer ce dispositif. « Il faudra se reconcentrer davantage sur les missions de sécurité publique, la partie secours me semblant naturellement dévolue à nos camarades sapeurs-pompiers. Aujourd’hui les hélicos de gendarmerie font un peu les deux », a en effet déclaré le général Lizurey.

Ce que confirme la députée Aude Bono-Vandorme, dans son rapport pour avis sur les crédits de la Gendarmerie pour 2020. En effet, d’après le général Lizurey, les moyens des FAG sont « encore trop souvent employés dans le cadre de missions de secours aux populations qui, si elles sont à l’honneur des gendarmes, ne devraient être que du ressort des acteurs de la sécurité civile. » Et d’en conclure que cette queston devra être abordée dans le cadre du Livre blanc de la Sécurité intérieure, qui sera publié en 2020.

Quoi qu’il en soit, l’idée est de « continuer à développer une capacité au profit également des autres services », a expliqué l’ex-DGGN. « La police nationale est abonnée, elle a un droit de tirage de 1100 heures de vol sur nos hélicos pour des opérations de surveillance ou pour intervenir en cas de manifestation publique. L’hélico chargé d’apporter son concours à la préfecture de police est d’ailleurs un hélico de gendarmerie basé à Villacoublay », a-t-il continué. Et d’insister : « La flotte aérienne de la gendarmerie a vocation à être pérennisée tout en s’adaptant aux besoins, le besoin prioritaire étant celui de la sécurité publique générale. »

Par ailleurs, les moyens aériens de la gendarmerie devront évoluer, notamment en prenant en compte ce recentrage sur les missions de sécurité publique. S’il fut un moment envisagé de recourir à des ULM [ultra-légers motorisés], cette piste a été définitivement écartée. En revanche, celle des drones est, comme on peut s’en douter, privilégiée.

« De tels appareils peuvent être employés à la place de moyens héliportés dans certaines situations. C’est notamment le cas pour des opérations de surveillance et de renseignement, en amont ou au cours d’une opération de maintien de l’ordre », souligne Mme Bono-Vandorme.

« Les drones représentent aujourd’hui une capacité intéressante en termes de recherche du renseignement. Ils peuvent supplanter une partie des missions auparavant dévolues aux hélicos, notamment pour repérer une zone ou surveiller tel aspect », a aussi fait valoir le général Lizurey. « Nous avons des mid-drones [mini-drones, ndlr], pas des drones comme ceux des armées. Quand on a besoin de drones du niveau supérieur, nous demandons à nos camarades des armées de nous prêter une partie de leurs capacités », a-t-il ajouté.

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