L’armée de Terre a un besoin « impérieux » de sous-officiers qualifiés

L’armée de Terre « a gagné la bataille des effectifs », se félicitait le général Jean-Pierre Bosser, son ancien chef d’état-major [CEMAT], en août 2017. Et pour cause : alors qu’il avait été décidé de porter le format de la Force opérationnelle terrestre [FOT] de 66.000 à 77.000 soldats, 46.000 recrues avaient rejoint ses rangs entre 2015 et 2017. Et de souligner que les « flux annuels de recrutement de militaires du rang [avaient] ainsi augmenté de près de 80 % par rapport à 2014. »

Seulement, la bataille du recrutement est permanente… Et d’autres défis s’imposent, comme ceux, notamment, de la fidélisation et des compétences.

Quoi qu’il en soit, souligne le député Thomas Gassiloud, rapporteur pour avis sur les crédits des forces terrestres pour le prochain exercice budgétaire, « l’année 2019 s’est caractérisée par une stabilisation des effectifs de l’armée de Terre, avec une légère hausse de 131 personnels militaires [transferts compris], au prix d’une intense manœuvre de recrutement et de formation. » Et d’ajouter : « Le volume de recrutement se maintient ainsi à un haut niveau en 2019 – 14 600 recrutements externes – en hausse de 4 % par rapport à 2018. »

Cela étant, selon le député, l’armée de Terre n’a pas encore « complétement digéré » sa remontée en puissance, marquée par la hausse de ses effectifs et sa modernisation dans le cadre du programme SCORPION, laquelle suppose de gagner aussi la « bataille des compétences ».

« L’armée de Terre combine une grande maturité, qui se manifeste notamment dans ses succès opérationnels et sa capacité à fonctionner en coalition, avec une extrême jeunesse, celle de nombre de ses soldats », avance M. Gassilloud. Cependant, l’encadrement présente des « fragilités ».

« Cette extrême jeunesse, combinée avec des fragilités dans l’encadrement […] impose un modèle de commandement adapté, appuyé sur la conscience de ces fragilités », souligne le rapporteur.

Aussi, avance-t-il, « la reconstitution d’un socle de caporaux et de sergents expérimentés et bien formés est un objectif prioritaire pour l’armée de Terre, plus particulièrement dans la période actuelle ».

Par ailleurs, l’armée de Terre a un « besoin impérieux de sous-officiers qualifiés », souligne le député, qui relève qu’entre « 50 et 60% des sous-officiers n’ont pas le brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre, ou BSTAT. »

Et cela d’autant plus que, malgré la fin des déflations d’effectifs, les « départs de sous-officiers se sont poursuivis. » En 2018, le général Bosser estimait en effet qu’il manquait « environ 3.000 sous-officiers supérieurs » et « 1.000 officiers ».

Dans le même temps, « l’attrition », c’est à dire la dénonciation d’un contrat durant les premières semaines de service, reste un « sujet de préoccupation », notamment à l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent.

« La dénonciation des sous-officiers, sur l’ensemble du 1er quadrimestre de 2019, est légèrement inférieure à celle de 2018 [19% à deux mois de la consolidation des chiffres], ce qui est encourageant. L’objectif en 2019 est inchangé et consiste à maintenir à 15 % la dénonciation des engagés volontaires sous-officiers à l’ENSOA », avance M. Gassilloud.

En outre, la « bataille des compétences » [ou des « qualifications »] est cruciale pour accompagner le programme SCORPION, qui exige des soldats capables « de mettre en œuvre des matériels sophistiqués dans des conditions dégradées. »

Or, souligne M. Gassilloud, cette « bataille » sera « coûteuse, compte tenu de l’effort de formation requis ». Et elle s’annonce compliquée dans la mesure où elle « s’inscrit […] dans un contexte marqué par une reprise économique, un fort engagement opérationnel et des attentes individuelles et familiales nombreuses. »

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