Près de 50 soldats maliens ont été tués lors de l’attaque du camp d’In Delimane [MàJ]

Un mois après avoir déploré la mort d’au moins une quarantaine des siens lors des attaques des bases de Mondoro et de Boulikessi, revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], les Forces armées maliennes [FAMa] ont de nouveau subi de lourdes pertes au cours d’un assaut livré contre la camp militaire d’In Delimane, situé non loin de la frontière avec le Niger, dans la région de Menaka.

En effet, le 1er novembre au soir, les autorités maliennes ont indiqué que 53 soldats et un civil avaient été tués lors de cette attaque, qui n’a pas encore été revendiquée. Le bilan fait également état de « dix rescapés » et de « dégâts matériels importants ». Selon une source militaire malienne sollicitée par l’AFP, il y aurait également plusieurs soldats portés disparus.

D’après des informations de RFI, des tirs d’obus auraient visé, dans un premier temps, le camp d’In Delimane. Puis, les assaillants, dont certains à motos, auraient convergé vers l’emprise militaire par petits groupes.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement malien a assuré que des renforts ont été envoyés sur place « pour sécuriser la zone et traquer les assaillants. »

La région de Menaka fit l’objet de toute l’attention de la force Barkhane jusqu’en 2018. Non sans succès d’ailleurs étant donné que plusieurs coups durs furent portés aux groupes jihadistes qui y étaient présents, dont, notamment, l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS].

« Lorsque je suis arrivé, voilà plus de huit mois, la zone Ansango-Menaka était à feu et à sang. On enregistrait une attaque par jour, la RN20 était interdite aux camionneurs et chaque convoi de la Minusma [Mission des Nations unies, ndlr] ou des FAMa était pris pour cible. Depuis que Barkhane est intervenu, d’abord seule, puis en coordination locale avec des groupes d’autodéfense, la situation a profondément changé, même si elle demeure fragile. Le secteur de Menaka constitue d’ailleurs une sorte de laboratoire transposable ailleurs : on y voit patrouiller ensemble les FAMa, le MSA et la CMA [Coordination des mouvements de l’Azawad, formation rebelle, ndlr] », avait expliqué le général Bruno Guibert, alors commandant de la force Barkhane, lors d’un entretien donné à l’Express, en avril 2018.

Cette année, considérant la situation s’était améliorée dans cette région du Liptako, Barkhane a orienté ses efforts vers la région du Gourma malien, avec la construction d’une base à Gossi. Pour autant, elle continue de s’intéresser au secteur de Menaka. Selon le dernier compte-rendu des opérations de l’État-major des armées [EMA], le groupement tactique « Walsh » y a conduit plusieurs actions de reconnaissance, de contrôle de zone et de fouille entre le 14 et le 25 octobre. Et cela, en coopération avec les FAMa.

Ces dernières, « appuyés d’une partie du groupement tactique [français] ont reconnu plusieurs villages au sud-ouest de Ménaka, autour des villes d’In Delimane, Tin Hama et Léléhoy, afin de maintenir la pression sur les groupes armés terroristes présents dans le secteur. À In Delimane, afin de renforcer le partenariat militaire opérationnel avec les FAMa, une patrouille conjointe des FAMa et de la force Barkhane a été organisée dans les rues et autour de la ville afin de rassurer la population », relate l’EMA dans son compte-rendu.

Et d’ajouter : « Les manœuvres réalisées par les FAMa et le groupement tactique désert ‘Walsh’ ont perturbé les liaisons des groupes armés terroristes implantés dans la zone. Cette opération a abouti à la saisie d’armement et de matériel de communication, démontrant la capacité et la volonté de la force Barkhane d’opérer dans des secteurs éloignés de ses bases. »

S’agissant des attaques contre les camps de Boulikessi et de Mondoro, il avait été avancé que les jihadistes ont bénéficié d’un effet de suprise. « Les soldats maliens ne s’attendaient pas à une attaque aussi tôt le matin. Les jihadistes ont aussi probablement bénéficié du manque de confiance entre les forces de défense et les populations », a ainsi expliqué Boukari Sangaré, chercheur à l’Institut d’études pour la sécurité [ISS], à France24.

Aussi, étant donné que la région avait été quadrillée quelques jours plus tôt, il est probable que les assaillants du camp d’In Delimane soient venus du Niger voisin.

En attendant, ces nouvelles pertes subies par l’armée malienne [les plus importantes depuis la bataille d’Aguel’hoc en janvier 2012, ndlr] vont mettre de nouveau le gouvernement malien en grande difficulté, déjà qu’il avait été fortement critiqué après les attaques de Boulikessi et de Mondoro.

MàJ -1 : Ce 2 novembre, les Forces armées maliennes ont donné un nouveau bilan de l’attaque, via un communiqué.  »

« Les FAMa enregistrent 49 morts, trois blessés et des dégâts matériels. Une vingtaine de rescapés ont été récupérés », a affirmé l’état-major malien. « La situation est sous contrôle des FAMa à Indelimane. Le ratissage est toujours en cours en vue des évaluations », a-t-il ajouté.

Photo : ECPAD

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