Le renseignement militaire devra patienter pour sa future capacité spatiale d’écoutes électromagnétiques

En matière de collecte de renseignements d’origine électro-magnétique [ROEM] depuis l’espace, la France a commencé par mettre sur orbite le microsatellite CERISE [Caractérisation de l’Environnement Radioélectrique par un Instrument Spatial Embarqué] en 1995. Expérimental, cet engin, qui fut le premier de l’histoire à être endommagé par un débris spatial, avait été développé pour étudier l’environnement radio-électrique de la Terre afin de préparer de futurs satellites d’écoute.

Quatre plus tard, le satellite Clémentine fut placé sur une orbite basse par un fusée Ariane IV, avec la même mission que CERISE. Ensuite, la constellation ESSAIM, constituée de quatre démonstrateurs, pris le relai en 2004, avec l’ambition d’étudier « l’interception dans le domaine des communications. »

Puis, ces satellites de 120 kg laissèrent la place à ceux du programme ELISA [Electronic Intelligence Satellite], lancés en 2011, avec une durée de vie initialement fixée à trois ans. Cependant, prévoyante, la Direction générale de l’armement [DGA] avait indiqué que la quantité d’ergols embarquée allait « permettre une utilisation plus longue. » Et c’était donc bien vu puisque ces engins sont actuellement encore en orbite… Et ils devraient y rester jusqu’en 2021.

En effet, les trois satellites d’écoutes électromagnétiques CERES [capacité de renseignement électromagnétique spatiale], qui devaient être lancés en 2020, ne devraient pas l’être avant le début de l’année 2021. Et cela, alors que la Direction du renseignement militaire [DRM] attend ce programme non sans impatience.

« Avec CERES, on nous livre une vraie capacité nouvelle qui a nécessité un important effort financier du ministère. Je vais donc consacrer une partie de ces nouvelles ressources humaines à l’exploitation de CERES », avait en effet expliqué, en mars 2018, le général Jean-François Ferlet, alors directeur du renseignement militaire.

Et pour cause : les satellites de la constellation CERES, conçus dans le cadre d’un marché de 400 millions d’euros confié à Airbus Defence and Space, Thales Systèmes Aéroportés et Thales Alenia Space, permettront à la DRM de recueillir et d’analyser le fonctionnement « des émetteurs électromagnétiques dans les bandes de fréquences d’intérêt radar et télécommunication. »

La raison du retard pris par le programme CERES a été donnée par la ministre des Armées, Florence Parly, lors de son audition par les députés de la commission de la Défense dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2020.

« Pour ce qui est du satellite CERES, nous avons constaté une anomalie sur un boîtier, qui a nécessité une reprise totale du matériel. En conséquence, les trois satellites qui devaient être lancés en 2020 ne le seront que début 2021. Cela ne signifie nullement que nous sommes sans capacité d’ici là, puisque les satellites ELISA resteront en service jusqu’à cette date », a en effet expliqué la ministre.

Par ailleurs, la suite de la constellation de satellites CERES est déjà dans les cartons, avec le programme « CELESTE », les études préparatoires ayant été lancées par Mme Parly en juin dernier.

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