L’US Air Force a envoyé des chasseurs F-22 et des bombardiers B-1 Lancer en Arabie Saoudite

Si elles ont été occultées, durent ces dernière semaines, par l’intervention militaire turque dans le nord-est de la Syrie, les tensions entre les États-Unis et l’Iran restent vives. Et, il y a deux semaines, le Pentagone a annoncé qu’il allait envoyer 3.000 militaires supplémentaires en Arabie Saoudite.

Cette décision a été prise après l’attaque de deux installations majeurs du secteur pétrolier saoudien. Si cette dernière a été revendiquée par la rébellion Houthis, que Téhéran soutient au Yémen, elle a été attribuée à l’Iran par les Occidentaux.

« Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible. Je vous le dis très franchement, je ne crois pas à la thèse de l’attaque houthie. Et ce pour deux raisons principales : d’abord, la précision et la portée des frappes ; ensuite, le nombre de drones et de missiles de croisière employés. Dans l’état actuel des choses, je maintiens cette affirmation », a ainsi affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une audition à l’Assemblée nationale [le 2 octobre, ndlr].

Quoi qu’il en soit, le renforcement de la posture militaire américaine, en particulier en Arabie Saoudite, est un « message » à l’adresse des Iraniens. « ‘Ne frappez pas un autre État souverain, ne menacez pas les intérêts américains et les forces américaines ou nous répondrons » et « ne confondez pas notre retenue avec la faiblesse car sinon, vous le regretterez », avait déclaré Mark Esper, le chef du Pentagone, le 18 octobre dernier.

Si le déploiement de batteries de défense aérienne Patriot PAC-3 et d’un système antimissile THAAD avait été précisé, il restait à connaître la nature des moyens aériens que le Pentagone envisageait d’envoyer sur la base aérienne Prince Sultan, près de Riyad.

La réponse a justement été donnée à l’occasion d’un déplacement, cette semaine, de Mark Esper en Arabie Saoudite. Dans une vidéo diffusée via les réseaux sociaux, l’US Centcom, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie Centrale, on a pu voir un avion F-22 « Raptor » survoler à basse altitude la base Prince Sultan.

« La capacité de ces avions de combat d’opérer depuis des endroits comme PSAB [Prince Sultan Air Base, ndlr] témoigne de l’engagement de l’AFCENT et du CENTCOM de fournir une posture de défense crédible et dynamique au Moyen-Orient », a-t-il été expliqué.

Puis, les photographies prises à l’occasion de la visite de Mark Esper à la base Prince Sultan ont montré la présence d’au moins deux F-22 Raptor, près de structures apparemment temporaires, mises en place pour soutenir leur déploiement.

La présence en Arabie Saoudite de ces avions de 5e génération, conçus pour la supériorité aérienne, est une surprise étant donné que le déploiement d’un escadron de F-15E était attendu. Mais, selon l’US Air Force, c’est aux Émirats arabes unis que des appareils de ce type ont été envoyés, depuis la base de Lakenheath [Royaume-Uni].

Cela étant, le fait que des F-22 aient été déployés en Arabie Saoudite ne change pas la posture américaine : a priori, ceux qui ont été vus sur la base Prince Sultan devaient provenir d’al-Udeid [Qatar], où ce type d’avion a été envoyé pour la première fois en juillet dernier.

Pour rappel, disposant de capacités de frappes au sol même si sa mission principale est la supériorité aérienne, le F-22 Raptor est en mesure, grâce à sa furtivité, d’abattre simultanément plusieurs cibles au-delà de la portée visuelle [Beyond Visual Range] sans être par les radars adverses. Mais ses performances sont confidentielles.

En outre, l’US CENTCOM a annoncé l’arrivée, le 25 octobre, de bombardiers B-1 Lancer, vidéo à l’appui.

Sans préciser le nombre d’avions concernés, il a indiqué que les B-1 en question avaient directement rejoint la base Prince Sultan depuis celle d’Ellsworth, aux États-Unis. Cela étant, une autre vidéo, diffusée par le Global Strike Command, a montré le décollage de quatre bombardiers.

« Le B-1B est un bombardier stratégique à long rayon d’action capable de frapper n’importe quel adversaire n’importe où sur le globe. Cela démontre la capacité de PSAB à mener des opérations de combat », a fait valoir l’US CENTCOM.

Les B-1B Lancer avaient quitté le Moyen-Orient en mars dernier, pour être remplacés par des B-52H Stratofortress. L’intense utilisaton dont ils ont fait l’objet au cours de ces dernières a largement entamé leur potentiel, au point que, en août, seulement 6 appareils [sur 62] étaient en mesure de mener pleinement des missions opérationnelles.

Outre les frappes conventionnelles contre des cibles terrestres, le B-1B Lancer est également en mesure de mener des actions anti-navire, grâce au Long Range Anti-Ship Missile [LRASM], dont les premiers exemplaires ont été livrés par Lockheed-Martin à l’Us Air Force en décembre 2018.

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