L’armée de l’Air songe à louer des hélicoptères lourds de transport pour les forces spéciales

À l’occasion du dernier 14-Juillet, le Commandement des opérations spéciales [COS] avait diffusé un document relatif à l’innovation au sein des Forces spéciales. Et, comme deux hélicoptères de transport lourd britanniques de type CH-47D Chinook devaient prendre par au défilé aérien, il en avait profité pour souligner les apports opérationnels que peuvent apporter de tels appareils.

« Véritable atout majeur dans les opérations modernes, il transporte de nombreux commandos, très loin dans la profondeur, et peut à la fois servir pour des ravitaillements, des infiltrations et des assauts », expliquait alors le COS dans ce document. « L’armée de l’Air étudie actuellement son acquisition pour les forces spéciales françaises. Il compléterait fort utilement la gamme des hélicoptères actuels », avait-il ajouté.

Pour autant, il ne fallait pas s’enflammer, le COS ayant précisé qu’il s’agissait d’une piste de réflexion… Et non une décision ferme. D’autant plus que la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 ne prévoit pas l’acquisition de tels hélicoptères, même s’ils sont réclamés de longue date par les forces spéciales mais aussi par l’armée de Terre. D’ailleurs, son ex-chef d’état-major [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, en fit le reproche aux aviateurs.

Déplorant une « lacune importante » lors d’une audition parlementaire, le général Bosser avait souligné qu’il s’agissait « d’un choix fait lors de la construction de la loi de programmation militaire ». Et d’insister, non sans ironie : « La question doit aussi être posée à l’armée de l’Air qui, au cours de la construction de la LPM, avait envisagé de s’équiper d’hélicoptères lourds, qui sont très coûteux et ne sont pas nécessairement compatibles avec le modèle économique d’un pays tel que la France, alors que certains de nos alliés en disposent. »

Quoi qu’il en soit, les choses semblent bouger. Il y a un an, le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA] avait évoqué une coopération avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, pouvant prendre « la forme d’une capacité à former quelques pilotes ».

Lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le CEMAA a lâché une petite phrase qui ne manque pas d’intérêt.

« Nous constatons tout le bénéfice des hélicoptères de transport lourd [HTL] dans le cadre de l’opération Barkhane, où nos amis britanniques ont prolongé l’engagement de leurs trois hélicoptères jusqu’à l’été 2020 », a commencé par rappeler le général Lavigne. « En liaison avec des partenaires comme l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, nous examinons la possibilité de former des pilotes et réfléchissons en parallèle à la location de ce type de capacité », a-t-il ensuite indiqué.

Qui plus est, disposer d’hélicoptères de transport lourds permettrait de remédier à un problème qui concerne l’A400M « Atlas ». En effet, si cet avion a la capacité de se poser sur les terrains sommaires, sa taille et sa masse ne lui permettent pas de faire la même chose que les Transall C-160. C’est en effet ce qu’a souligné le général Lavigne.

« En revanche, un A400M est capable d’emporter des charges de plusieurs dizaines de tonnes directement depuis la France. Nous sommes en train de développer le largage par air de masses de plus de seize tonnes, que les Britanniques ont également expérimenté. Nous n’avons pas toujours besoin de poser l’appareil grâce à la livraison par air qu’offre l’A400M », a ensuite expliqué le CEMAA.

Une autre piste possible , a-t-il continué, serait d’avoir « recours à l’hélicoptère de transport lourd, comme le démontrent les britanniques en Afrique. » Et « je confirme que cette capacité est très intéressante », a conclu le général Lavigne.

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