La première des cinq nouvelles frégates de défense et d’intervention s’appellera « Amiral Ronarc’h »

Ce 24 octobre, la ministre des Armées, Florence Parly, a donné le coup d’envoi de la du programme des Frégates de défense et d’intervention [FDI, ex-FTI, pour Frégates de taille intermédiaire, ndlr] à l’occasion du lancement de la construction du premier des cinq navires de ce type attendus par la Marine nationale.

Le marché relatif à ces frégates avait été notifié à Naval Group en 2017, pour un montant de 4 milliards d’euros [coût de développement inclus].

Le programme des FDI doit permettre à la Marine nationale de disposer d’au moins 15 frégates dites de premier rang, sachant que la cible des FREMM [frégates multimissions], nettement plus imposantes, a été réduite à 8 unités [au lieu de 11].

Au niveau industriel, l’idée était aussi de donner du grain à moudre aux bureaux d’études de Naval Group et de Thales, d’assurer le plan de charge du chantier naval de Lorient et de développer un navire plus facilement exportable. Ce pari est en passe d’être gagné puisque la Grèce a récemment signé une lettre d’intention pour acquérir deux FDI. D’où, d’ailleurs, la présence du vice-amiral Nikolaos Tsounis, le chef d’état-major de la marine grecque, à la cérémonie organisée ce 24 octobre.

Selon Naval Group, les études de conception et de développement ont demandé plus d’un million d’heures de travail. Et c’est ce qu’il faudra aussi pour construire chaque FDI commandée par la Marine nationale. Ce programme « permet en outre le développement économique des fournisseurs et des sous-traitants du bassin d’emplois lorientais, mais aussi d’autres sites de Naval Group qui apportent leurs savoir-faire spécifiques », précise le constructeur naval.

Affichant un déplacement de 4.500 tonnes, pour une longueur de 122 mètres et une largeur de 18 mètres, un FDI sera en mesure de naviguer la vitesse de 27 noeuds. Mise en oeuvre par un équipage de 125 marins, elle pourra accueillir 28 passagers à son bord. Son autonomie sera de 45 jours.

« Ce sont les premières frégates à bénéficier d’une architecture numérique innovante leur permettant de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles, ce qui les rend capables de faire face aux menaces actuelles et futures, et d’assurer le traitement de données de plus en plus nombreuses », explique Naval Group. Et elles seront également les premières à être nativement protégées contre les menaces cyber, grâce notamment à la redondance de leurs systèmes informatiques, via deux Data Centers qui hébergeront l’ensemble de leurs applications [qui représentent plus de 20 millions de lignes de code]. Ce qui fait que, sur chaque FDI, il faudra installer 300 km de câbles.

« La FDI inaugure le concept de système dédié à la lutte contre la menace asymétrique. Situé derrière la passerelle, il dirigera la lutte contre les menaces aériennes et de surface, notamment les minidrones et les embarcations piégées », précise par ailleurs Naval Group.

S’agissant de l’armement, et dotés du nouveau radar Seafire ainsi que d’une suite de gierre électronique développés par Thales, les FDI seront dotées de missiles anti-navires Exocet MM40 B3C, de missiles antiaériens Aster 15 et Aster 30, de torpilles anti-sous-marines MU90 et de systèmes d’artillerie. Elles pourront embarquer simultanément un hélicoptère et un drone aérien et recevoir des forces spéciales, avec deux embarcations pour commandos marine.

Le programme ayant été lancé, il restait à connaître les noms que porteront les cinq FDI de la Marine nationale. Et il a décidé de rendre hommage aux amiraux qui jouèrent un rôle déterminant dans l’histoire de la « Royale » au XXe siècle.

En effet, Mme Parly a annoncé que la première FDI sera baptisée « Amiral Ronarc’h ». Le souci est que deux amiraux ont porté le même nom et le même prénom… Mais il s’agit en réalité de l’amiral Pierre-Alexis Ronarc’h [1865-1940], qui commanda la brigade des fusiliers-marins de Lorient durant la Première Guerre Mondiale. Cette unité s’illustra notamment lors de la bataille de Dixmude [Belgique], au cours de laquelle elle perdit près de la moitié de ses effectifs. En 1919, il devint chef d’état-major général de la marine.

À noter que, si sa construction n’avait pas été abandonnée en 1996, il avait été question de donner le nom de l’amiral Pierre-Alexis Ronarc’h à une sixième frégate de type La Fayette.

L’amiral Bernard Louzeau, qui nous a récemment quittés, donnera son nom à la seconde FDI. Premier commandant du sous-marin nucléaire lanceur d’engins « Le Redoutable », dont il avait suivi la construction à Cherbourg, il fut aussi un ancien chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM].

La troisième FDI portera le nom de l’amiral Raoul Castex. Cet officier fut plus porté sur l’étude que sur l’action. Théoricien reconnu, dont les thèses s’opposaient à celles du stratège naval américain Alfred Mahan, il ne fut pas toujours en odeur de sainteté avec sa hiérarchie. Commandant des force maritimes du Nord en 1939, il « adressa à l’état-major des rapports prophétiques sur les dangers présentés par la faiblesse des défenses de cette place par terre. Ces prévisions pessimistes, pleinement confirmées en mai-juin 1940, provoquèrent son passage au cadre de réserve », lit-on dans la notice biographique qui lui est consacrée dans le « Dictionnaire des marins français ».

Enfin les quatrième et cinquième FDI porteront les noms d’anciens CEMM, à savoir ceux de l’amiral Henri Nomy [1953-60], à qui la Marine doit le renouveau des capacités aéronavales à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, et l’amiral Georges Cabanier [1960-68], fait Compagnon de la Libération après avoir rejoint les Forces navales françaises libres [FNFL] avec le sous-marin Rubis, qu’il commandait à l’époque.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]