Interrogé sur l’opération turque en Syrie, M. Pompeo dit que M. Trump pourrait lancer une action militaire si nécessaire

Ce 22 octobre, à 22 heures, l’opération « Source de paix », lancée par Ankara dans le nord de la Syrie contre les milices kurdes syriennes [YPG], devrait reprendre, après une trêve de 5 jours acceptée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à l’issue d’un entretien, la semaine passée, avec Mike Pence, le vice-président américain.

Et, durant cette pause dans l’opération turque, les troupes américaines, qui étaient alors déployées dans le nord de Syrie, aux côtés des Forces démocratiques syriennes [FDS, dont les YPG font partie, ndlr] pour combattre l’État islamique [EI ou Daesh], ont pris la direction du Kurdistan irakien.

Cela étant, les États-Unis n’excluent pas de maintenir des détachements dans le nord de la Syrie… En effet, le 21 octobre, le président Trump a évoqué un « petit nombre » de soldats américains présents dans ce pays. Certains sont à At-Tanf… Tandis que d’autres ont la mission de « protéger le pétrole », c’est à dire les champs pétroliers situés dans la province syrienne de Deir ez-Zor, près de la frontière avec l’Irak.

« Nous voulons garder le pétrole, et nous allons trouver un moyen de résoudre le problème pour que les Kurdes aient de l’argent, des liquidités. Peut-être qu’une de nos grosses sociétés pétrolières va le faire correctement », a déclaré le chef de la Maison Blanche.

Justement, s’agissant des Kurdes syriens, M. Trump a assuré que les États-Unis n’étaient pas liés par un quelconque accord pour assurer leur protection. « Nous les avons soutenus pendant trois ou quatre ans. Nous n’avons jamais accepté de les protéger pour le restant de leurs jours », a-t-il dit.

Reste que si la situation dans le nord de la Syrie est ce qu’elle est actuellement, c’est en très grande partie à cause de la décision de M. Trump de retirer les troupes américaines qui étaient alors présentes dans la zone de sécurité que la Turquie souhaitait établir depuis plusieurs mois… Et cela, au risque de ruiner les efforts consentis par de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis contre l’État islamique [EI ou Daesh].

Pourtant, M. Trump a assuré qu’il avait tenté de dissuader son homologue turc de lancer l’opération « Source de paix » dans le nord de la Syrie. Et il a même produit une lettre qu’il a adressée et dans laquelle il lui demande de « ne pas faire l’idiot ». En outre, il a menacé de « dévaster » l’économie turque s’il estimait qu’Ankara allait trop loin.

Pompeo: Trump ‘fully prepared’ to take military action if needed from CNBC.

Justement, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a été interrogé par la chaîne de télévision CNBC à ce sujet, le 21 octobre. Le journaliste Wilfred Frost lui a en effet demandé ce qui pourrait justifier une « intervention militaire » après avoir évoqué l’opération turque. La réponse du responsable américain aura été pour le moins ambigüe.

« Là où nous verrons les intérêts américains en jeu ou s’il apparaît que des normes fondamentales ont besoin d’être appliquées, nous utiliserons tous les pouvoirs que nous avons », a déclaré M. Pompeo. « Nous préférons la paix à la guerre. Mais au cas où une action cinétique ou une action militaire serait nécessaire, sachez que le président Trump est tout à fait prêt à entreprendre cette action », a-t-il ajouté.

« Nous l’avons fait, et le monde devrait savoir que nous continuerons à le faire », a continué le chef de la diplomatie américaine, après avoir évoqué les frappes aériennes contre le programme chimique syrien, en 2017 et en 2018. Cependant, a-t-il continué, l’administration Trump « préferait utiliser des moyens économiques ou diplomatiques ».

Quant à savoir ce qui pourrait motiver une éventuelle action militaire, M. Pompeo a dit qu’il ne souhaitait « pas intervenir dans les décisions de Trump. » Sans plus de précision. Son propos avait-il une portée plus générale ou bien s’adressait-il à la Turquie en particulier? D’après CNBC, le département d’État s’est refusé à tout commentaire.

Si les propos de M. Pompeo concernaient effectivement Ankara, alors la prochaine réunion de l’Otan risque d’être mouvementée, déjà que la Turquie, qui en est membre depuis 1952, s’est attirée l’opprobe de la plupart des Alliés. En outre, ce pays abrite des bombes nucléaires tactique B-61 à Incirlik, ce qui peut poser un sérieux problème.

Quoi qu’il en soit, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’attache à maintenir l’unité de l’Alliance, quitte à passer pour quelqu’un « déconnecté des réalités », comme l’a souligné le sénateur français Christian Cambon, le président de la Commission des Affaires étrangères et des Forces armées au Palais du Luxembourg.

« Nous savons tous et comprenons que la situation dans le nord-est de la Syrie est fragile et difficile. La Turquie est en première ligne et aux avant-postes d’une région très instable. Aucun autre allié n’a subi d’attaques terroristes aussi nombreuses. Elle accueille des millions de réfugiés. La Turquie a des préoccupations légitimes en matière de sécurité », a déclaré M. Stoltenberg, alors qu’il recevait M. Pompeo, la semaine passée. Ce dernier avait répondu en renouvelant son appel à « la retenue » et en demandant que les efforts consentis par les alliées de l’Otan pour combattre Daesh ne fussent pas compromis.

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