Le drone français « Condor » pourrait faciliter l’infiltration et la logistique des forces spéciales

Pour opérer en territoire hostile, les forces spéciales ont recours à la technique dite d’infiltration sous voile. Elle consiste à effectuer, généralement de nuit, un saut en parachute à haute altitude et à dériver sous voile, selon la force du vent et les courants ascendants, sur une dizaine de kilomètres, voire davantage. Autant dire qu’il ne s’agit pas d’un sport de masse puisque le chuteur doit composer avec des températures très basses [de l’ordre de -20°c] tout en portant son équipement, qui peut atteindre les 60 kg.

Pour augmenter la distance entre la position du largage et le point d’infiltration tout en faisant fi des conditions météorologiques, un ancien parachutiste d’essai et commando Marine, Thierry Demonfort, fondateur de la PME Demonfort Airborne Engineering [DAE] a imaginé un nouveau concept, reposant sur un drone largué par un avion de transport C-130 Hercules.

Ainsi, en 2015, à l’occasion du SOFINS, le salon dédié aux forces spéciales et organisé tous les deux ans au camp de Souge [33], DAE avait présenté le drone aérolargable « Condor« , destiné à « améliorer le rayon d’action des forces spéciales dans le domaine de l’infiltration d’espace aérien ».

Affichant 3 mètres de long pour 3 mètres de large, cet appareil, muni d’ailes en V et de winglets, emporterait un parachutiste avec son équipement. Dans le détail, le Condor serait largué depuis la soute d’un avion cargo, à une centaine de kilomètres du point d’infiltration. Une fois arrivé sur la position, le chuteur, allongé sur le ventre, quitterait le drone après le retournement de ce dernier, pour ensuite atteindre le lieu visé en parachute.

Une fois sa mission terminée, le Condor rejoindrait un point de récupération en zone amie, couperait ses moteurs avant d’ouvrir un parachute et retomber doucement sur la terre ferme.

Il y a quatre ans, ce drone aérolargable devait voler à la vitesse de 350 km/h environ, pendant une trentaine de minutes. Et cela, grâce à deux micro-réacteurs de 120 kg de poussée unitaire. Si le Condor doit être en mesure de suivre une route prédéfinie, le parachutiste qui prendrait place à son bord aurait toutefois la possibilité d’en avoir le contrôle, afin d’effectuer, si nécessaire, des manoeuvres d’évitement.

Il y a quatre ans, il avait été dit que la Direction générale de l’armement [DGA] s’intéressait de près à ce projet. Et que des essais en soufflerie et la mise au point d’un prototype allaient être réalisés. Puis, plus rien… jusqu’à un article sur le Condor publié au début du mois par l’édition basque du quotidien Sud Ouest, illustré avec une vidéo.

Visiblement, ce projet a évolué puisque Thierry Demanfort a précisé au journal que le Condor serait un « drone complètement préprogrammé qui pourra opérer à des vitesses allant jusqu’à 600 km/h sur des distances inédites de 170 km aller et 150 km retour, en transportant soit un homme soit une charge utile de 300 kilos. »

Évidemment, la capacité d’emport de cet appareil est intéressante… Comme le dit l’adage de la FORFUSCO [Forces des fusiliers marins et commandos, ndlr], « c’est en faisant comme on n’a jamais fait qu’on obtient des résultats comme on n’a jamais eu », le Condor pourrait trouver d’autres applications. Le secours en mer en serait une, selon M. Demanfort. Comme l’envoi de matériels et de vivres dans des zones difficiles d’accès.

Ce dernier a par ailleurs donné quelques détails supplémentaires à BFMTV. « J’ai voulu concevoir un vecteur qui soit un véritable avion de chasse ‘ravitailleur’. Même si le côté furtif est pris en compte, ma priorité a toujours été la célérité d’intervention avec un décollage ‘courte distance’ en privilégiant la capacité d’emport et la fiabilité », a-t-il expliqué.

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