Avalanche mortelle de Valfréjus : Du sursis a été requis contre 4 cadres du 2e Régiment Étranger de Génie

Le 18 janvier 2016, un détachement d’une cinquantaine de légionnaires appartenant au 2e Régiment Étranger de Génie [REG] a effectué une randonnée à ski dans la combe du petit Argentier, près de Valfréjus, au titre d’une formation adaptation montagne initiale [FAMI]. Malheureusement, une coulée de neige de 400 mètres de large sur 300 mètres de dénivelé emporta 18 militaires, dont six ne survécurent pas à leurs blessures.

« C’est le sens des exercices en conditions réelles, qui préparent nos soldats aux opérations difficiles, avec l’objectif de mieux nous protéger […] L’enquête démontrera si les risques pris ont été appréciés avec les précautions qui s’imposaient », avait déclaré Jean-Yves Le Drian, qui était ministre de la Défense à l’époque.

Conduite, dans un premier temps, sous l’autorité du parquet d’Albertville, l’enquête fut reprise par la juridiction interrégionale de Lyon, compétente en matière militaire, qui ouvrit, en octobre 2017, une information judiciaire pour « homicides et blessures involontaires. »

Et les éléments recuillis lors de l’enquête furent assez probants pour renvoyer en correctionnelle les quatres cadres du 2e REG qui étaient responsables de cette randonnée à ski mortelle, dont le commandant de compagnie [qui ne figurait pas dans le détachement], son adjoint [un capitaine qui a été partiellement enseveli par l’avalanche] et deux sous-officiers. L’affaire a été examinée les 10 et 11 octobre par le tribunal de Lyon.

Lors des débats, ces quatre cadre se sont mutuellement rejetés la responsabilité du drame, causé par une erreur de parcours. L’adjudant-chef qui, la veille du drame, avait reconnu l’itinéraire, a indiqué ne s’être pas posé de question parce qu’il y « avait des gens devant, qualifiés, avec des cartes ». Et l’autre sous-officier qui guidait le détachement a fait valoir que c’était au capitaine, qui se trouvait à l’arrière, de faire stopper la colonne en cas d’erreur d’orientation.

Quoi qu’il en soit, le procureur de la République a estimé que la sortie des légionnaires avait été insuffisante. « Le Bulletin d’estimation des risques spécifiait qu’un seul skieur pouvait déclencher une avalanche, alors imaginez la pression de 52 personnes sur ce roulement à billes », a-t-il souligné, rapporte le quotidien « Le Dauphiné Libéré ».

En effet, les expertises ont démontré que l’avalanche avait été déclenchée par les légionnaires, étant donné qu’ils skiaient sur un manteau « fragile » alors qu’ils étaient lourdement chargés.

En outre, le procureur a également pointé le flou de la mission, le manque d’espacement entre les skieurs [certains légionnaires n’avaient appris à skier que la semaine avant le drame] et le « flottement » dans le commandement. « On avait tout faux dans cette sortie », a-t-il fait valoir.

Aussi, le procureur a requis les peines les plus lourdes pour les deux officiers, soit trois ans de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende. Il est notamment reproché au commandant d’avoir ignoré un message d’alerte émis le matin de l’avalanche par le chef du bureau montagne. Ce qui aurait dû l’inciter « à ordonner à ses hommes par radio de faire demi-tour », a-t-il estimé. Quant aux deux sous-officiers, ils risquent deux ans de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende.

Le jugement a été mis en délibéré. Les quatres militaires seront fixés sur leur sort le 20 décembre prochain.

Photo : archive © armée de Terre

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