Pour trouver les compétences rares dont elles ont besoin, les armées financent la scolarité d’étudiants

Certaines compétences sont particulièrement prisées par le secteur privé… mais aussi par le ministère des Armées. C’est notamment le cas pour les spécialités relatives aux nouvelles technologies et à l’aéronautique. Et, outre le recrutement, la difficulté est de pouvoir garder ces spécialistes, souvent attirés par des rémunérations plus élevés que peut offrir une carrière civile, qui plus est exempte des sujétions propres au statut militaire.

« Je ne peux pas lutter en matière de rémunérations et cela vaut autant pour recruter que pour conserver un personnel hautement qualifié », avait déploré le général André Lanata, l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], lors d’une audition parlementaire, en 2017.

Deux ans plus tard, son successeur, le général Philippe Lavigne, a dit faire face à la même difficulté. « Ma difficulté, aujourd’hui, n’est pas tant de recruter mais de fidéliser les aviateurs » et outre les pilotes, « il y a bien d’autres métiers concernés tant l’attrait du civil constitue une concurrence puissante : spécialistes SIC des réseaux de communication, spécialistes nucléaires, contrôleurs aériens, mécaniciens, etc. Là aussi nous faisons feu de tout bois pour fidéliser. Évidemment, l’outil de travail y contribue. Et de ce point de vue la modernisation des équipements est très positive. Mais toutes les bases ne sont pas concernées, tout de suite », a-t-il récemment expliqué.

Pour atténuer ces difficultés, il est possible d’avoir recours au dispositif dit des « militaires commissionnés« , lequel permet de recruter afin de « satisfaire des besoins immédiats des armées […] aux fins d’occuper des emplois de spécialistes. »

Mais depuis décembre 2017, il est possible d’utiliser un autre moyen : celui des « allocations financières spécifiques de formation au titre d’un recrutement militaire » [AFSF]. En clair, il s’agit de financer la scolarité d’étudiants inscrits dans des filières intéressant les armées en échange d’une promesse d’engagement pendant une durée déterminée. Et l’armée de l’Air y a donc recours, comme elle l’a souligné, le 23 septembre.

Ce dispositif a été institué par le décret n°2017-1663 du 6 décembre 2017, lequel permet donc de « lier au service de l’institution militaire des élèves ou des étudiants bénéficiaires d’une allocation financière spécifique au titre d’une formation déterminée et répondant à des besoins du ministère des Armées ou du ministère de l’Intérieur [*]. »

Le montant de l’allocation versée à l’étudiant ayant pris l’engagement de servir au sein des armées à l’issue de ses études varie en fonction des diplômes déjà obtenus et des compétences qu’il aura à l’issue de sa scolarité. Cela va, au maximum, de 4.000 à 15.000 euros par an.

« L’AFSF, aujourd’hui proposée par l’armée de l’Air, permet de financer les études d’un jeune intéressé pour signer un contrat d’engagement après l’obtention de son diplôme. Les spécialités rares comme la cyberdéfense, l’informatique, le domaine spatial, la construction aéronautique ou la physique nucléaire sont priorisées », explique le Sirpa Air.

Et d’ajouter : « L’AFSF a deux avantages majeurs : permettre aux jeunes qui en bénéficient d’avoir une perspective professionnelle concrète une fois leur diplôme en poche et faire d’eux des ambassadeurs de l’armée de l’Air. »

Cela étant, l’étudiant a une obligation de résultat et il n’est évidemment pas question de signer un chèque en blanc.

« Le bénéficiaire de l’allocation financière spécifique est tenu au remboursement total ou partiel des sommes versées lorsqu’il échoue à la formation […], lorsqu’il ne souscrit pas l’engagement en qualité de militaire dans le délai fixé par la convention, lorsqu’il n’accomplit pas la durée totale du lien au service […] ou encore quand la convention est résiliée en raison du non respect de ses obligations par le bénéficiaire », indique en effet l’article Art. R. 4132-4 du décret n°2017-1663. Et ce dernier de préciser : « Le montant du remboursement est proportionnel au temps de service non accompli. Tout mois commencé est pris en compte. »

Photo : (c) Cyril Amboise / Armée de l’air

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